Maraudes du Collectif de soutien aux exilés
| publié le 21 septembre 2007 |
Compte rendu Juillet - Août 2007
L’accueil des exilés : version parisienne
Le 11 juin une première rafle avait eu lieu quai de Jemmapes, le long du canal St Martin.
Le 10 juillet la police est revenue suivie de très près par les bennes des services municipaux. Huit exilés ont été mis en rétention, les affaires personnelles, les tentes, les duvets... restant après le passage de la police ont été détruits.
Malgré l’intervention très rapide de ses services la Mairie de Paris n’était pas au courant et n’y est pour rien comme elle le rappelle si bien dans un communiqué :
« 10/07/2007
Evacuation du 185 quai de Valmy La Mairie de Paris rappelle que le droit à un hébergement d’urgence concerne toutes les personnes sans abri, quelle que soit leur situation. C’est pourquoi elle avait souhaité que des solutions soient proposées aux personnes sans abri installées à la hauteur du 185 quai de Valmy, préalablement à toute évacuation. La Mairie déplore donc les conditions dans lesquelles elles ont été évacuées ce matin. Cette opération a été réalisée par la police sur réquisition du Parquet. »
Après cette deuxième opération, une grande partie des exilés a dû dormir dehors car ce n’est qu’après l’évacuation du dernier campement près de l’écluse St Martin, soit vers le 20 juillet qu’un troisième bus Atlas a été mis en place et que 50 places supplémentaires ont été ouvertes au centre d’hébergement d’urgence de la Boulangerie.
L’hébergement des demandeurs d’asile pose d’autres problèmes. De plus en plus d’exilés se retrouvent dans la situation d’une demande d’asile en procédure prioritaire, notamment suite aux rafles de juillet. Pour ceux-là, ni hébergement, ni allocation, et d’énormes difficultés pour trouver des traducteurs, condition exigée par le 8ème Bureau pour traiter leur dossier. Comment faire lorsque l’on n’a pas d’argent pour payer un traducteur officiel et que l’on ne connaît personne à Paris ?
Pour les sept familles rencontrées en août, avec des enfants très jeunes, l’accueil et l’hébergement sont toujours compliqués.
Les faire prendre en charge par le « 115 » le soir est compliqué : le temps d’attente est long, la prise en charge ne s’effectue souvent qu’après un long interrogatoire digne de l’OFPRA (d’où vous venez, pourquoi êtes-vous partis...) et ils doivent se débrouiller pour trouver le foyer, souvent à l’autre bout de Paris bien qu’un minibus passe tous les soirs près de la gare de l’Est. Mais il n’est pas destiné aux familles !
S’ils souhaitent rester, ils devront se débrouiller le lendemain pour trouver la CAFDA.
Et toujours l’errance selon Dublin
« _ Je deviens fou » nous disait un soir un afghan, qui après des passages dans différents pays ne voyait pas d’autre solution que de repartir avec l’aide de l’ANAEM en Afghanistan, pays où il n’avait presque jamais vécu.
D’autres vont certainement le devenir, comme cet afghan dont la copine est en Suède et qui souhaiterait la retrouver pour pouvoir se marier. Mais encore faut-il réussir à y aller sans être renvoyé vers la Grèce, l’Italie ou la France.
Et comment résoudre le problème de cet autre afghan qui vit depuis 3 ans avec une anglaise mais qui ne peut se marier avec elle en Angleterre. L’unique solution préconisée par les autorités britanniques est de se marier à l’étranger et de demander un visa après le mariage.
Déception également de ce jeune ayant une autorisation provisoire de séjour en Belgique dans l’attente du traitement de sa demande d’asile et qui espérait pouvoir se marier, avoir des papiers français et vivre en France avec sa copine belge d’origine pakistanaise. La famille de sa copine refusant cette relation, il se sent en danger en Belgique.
Et pour ceux qui ont eu leurs empreintes prises en Grèce, il y a l’éternelle angoisse de la « feuille Dublin » et des rendez vous qui se succèdent jusqu’à l’expulsion vers la Grèce si ce pays accepte leur réadmission. Cela a d’ailleurs été le cas le 13 juillet pour cet afghan déjà expulsé de plusieurs pays et qui a été finalement renvoyé en Grèce malgré les requêtes faites auprès du Tribunal Administratif, de la Cour Européenne des Droits de l’Homme et malgré la situation déplorable en Grèce dénoncé par de nombreux rapports. (HCR, Commission Européenne entre autres).
Un autre, particulièrement malchanceux, a eu ses empreintes prises en Grèce, Italie, Hollande, Allemagne, Suède, Norvège et ne sait plus quoi faire. Il a finalement décidé de tenter sa chance en Angleterre.
Dans certains cas il serait possible d’intervenir, si l’on disposait des documents prouvant les refus de séjour des différents pays où ils sont passés. Mais il est très rare qu’ils aient gardé ces papiers lors de leur voyage.
Les exilés sont à la recherche d’informations précises sur ce qu’ils doivent faire. Par exemple, savoir si, compte tenu de leur histoire ils ont une chance d’obtenir l’asile ici, ou bien, quand ils ont de la famille dans un autre pays s’il est préférable de demander l’asile là-bas, ou encore si les éléments dont ils disposent leur permettront de faire une nouvelle demande après avoir été expulsés et être revenus de leur pays d’origine...
Malheureusement lors des maraudes il est difficile de répondre à toutes leurs interrogations, parfois complexes.
Ils se plaignent souvent de l’accueil actuel de FTDA qui ne leur permet plus de rencontrer un intervenant et de discuter de leur situation avant de déposer leur demande d’asile : ils sont uniquement domiciliés et renvoyés vers la préfecture sans plus d’informations.
Le filtrage à l’accueil ne leur permet pas non plus d’obtenir des explications et une aide en cas de problèmes.
Dans le doute, certains préfèrent repartir. La Suisse, signataire de la convention de Dublin mais qui apparemment n’a pas encore commencé à l’appliquer, tente encore nombre d’entre eux, comme les pays nordiques jugés plus accueillants.
Et les mineurs continuent d’arriver
En juillet, 19 nouveaux mineurs sont arrivés, 27 en août, soit environ 450 depuis décembre dernier. Ils arrivent souvent en fin de semaine, moment où aucune maraude de FTDA mineur n’a lieu.
Ceux qui ne sont pas acceptés dans les bus Atlas car jugés, au faciès, trop jeunes, doivent donc alors passer deux ou trois nuits dehors.
Heureusement certains ont de la chance et, seront pris en charge avant le lundi suivant, si des places sont disponibles et si nous arrivons à contacter un intervenant.
Le parcours de ces jeunes est toujours compliqué et ils se perdent un peu entre FTDA mineur, l’ASE et l’OFPRA : Qui fait quoi ? Qui décide de leur avenir ?
Et ceci ne facilite pas leur prise de décision : rester ou partir vers une autre ville ou un autre pays où ils pourront être pris en charge sans passer par cet examen osseux aberrant qui dans 90% des cas leur sera défavorable.