par exiles10 | publié le 1er novembre 2003 |
Depuis plus d’un an, le quartier du square Alban Satragne dans le 10è arrondissement de Paris est devenu un rendez-vous pour tous les exilés, principalement d’origine afghane, irakienne, iranienne, kurde et parfois indienne et angolaise.
Ce quartier est traditionnellement un lieu de passage, parce que les gares du Nord et de l’Est sont toutes proches. Les habitants sont donc habitués à côtoyer des populations immigrées. Mais le durcissement de la politique d’asile, la fermeture du camp de Sangatte et des frontières ont créé une nouvelle situation et depuis un an, le square est devenu un lieu de vie, plus qu’un lieu de passage.
Lorsqu’ils arrivent en France, ces exilés du 10è passent les premiers jours dans les rues et la grande majorité y restent pendant des mois Ce sont des gens totalement perdus et démunis. Ils ne parlent pas le Français et n’ont aucune idée de ce qu’ils peuvent attendre de la France.
La plupart passe alors beaucoup de temps dans le square et aux environs de la gare de l’Est, pour rester en contact avec leur communauté d’origine et parfois dans l’espoir de passer la frontière, vers l’Angleterre, ou les pays nordiques.
Abandonnés à leur sort, les exilés n’ont aucune perspective et tous les dangers les guettent.
Laissées pour compte par les services sociaux, ces personnes suscitent une incompréhension qui leur est préjudiciable.
Le Collectif de Soutien aux exilés du 10è arrondissement de Paris, fort de son expérience depuis sa création en mars 2003, a élaboré un projet de kiosque d’orientation au profit des exilés du 10è arrondissement de Paris, partant de plusieurs constats :
CONSTATS
– les exilés vivent dans une très grande précarité. Cette situation doit guider le diagnostic, lequel permettra d’élaborer des solutions concrètes. Par précarité, on peut entendre :
– aucun moyen financier : les personnes arrivent en France sans un sou en poche et ne peuvent donc pas se déplacer à Paris ;
– détresse sociale et psychologique :les exilés arrivent à Paris souvent exténués, ils n’ont plus la force de prendre eux-mêmes des initiatives et d’élaborer de véritables projets. C’est donc aux services sociaux d’aller vers eux, et non l’inverse ;
– désinformation ou/et absence d’information totale sur le droit en vigueur et les conditions d’accueil ;
- l’information sur les droits des étrangers en France, sur les conventions européennes, sur les notions d’asile, sur la prise en charge par les services sociaux spécialisés, en particulier pour les mineurs, n’existe pas, et c’est une des causes de la situation précaire qu’ils connaissent dans les rues du 10è.
BESOINS
L’information de ces personnes est la première pièce manquante d’un dispositif d’accueil des étrangers à Paris, de surcroît plus que lacunaire.
L’information doit avoir pour fondement la proximité et l’accessibilité, puisque ces personnes ne peuvent pas se déplacer et ne parlent pas le français.
L’information ne suffit pas à des personnes vivant dans une extrême précarité depuis parfois plus d’un an. C’est à partir du moment où les exilés ont eu accès à un logement, à un endroit propre et calme qu’ils envisagent leur avenir plus sereinement. Comment en effet des personnes que la France laisse vivre dans les rues peuvent-elles imaginer que ce même Etat serait en mesure de les accueillir, en tant que demandeur d’asile notamment. Par conséquent, le projet de kiosque devra être en mesure de permettre aux exilés de trouver un lieu d’hébergement, un lieu d’accueil, d’écoute, un lieu pour se nourrir, se laver, une structure pour commencer des démarches administratives etc.. Ce projet doit donc être relié à l’ouverture de centres d’accueil spécialisés pour demandeurs d’asile et d’un centre d’accueil pour exilés qui n’ont pas encore effectué de démarches administratives, d’asile ou autre.
S’agissant des mineurs isolés, l’information est plus que jamais nécessaire. Le projet de kiosque devra également avoir les moyens de trouver systématiquement un lieu d’hébergement adapté pour chaque mineur se présentant au square, il devra pouvoir être en lien avec les associations spécialisées dans l’accueil des mineurs étrangers isolés et les services d’urgence de l’aide sociale à l’enfance.
OBJECTIFS
Permettre aux étrangers arrivant tout juste à Paris de :
– connaître, les lieux leur offrant un hébergement dès leur arrivée, pour éviter de dormir dans les rues, et aussi des lieux susceptibles de leur offrir de la nourriture, la possibilité de prendre une douche, de laver leur linge, de se faire soigner ;
– pouvoir discuter, dans leur langue, avec des personnes à même de les informer sur leurs droits (mineurs isolés, étrangers, demandeurs d’asile…) ;
– connaître les lieux utiles à l’accomplissement des démarches juridiques, administratives et sociales à disposition des étrangers ;
– rétablir le lien social avec ces personnes nécessitant aide et protection, pour elles-mêmes mais aussi pour éviter l’incompréhension des habitants du quartier ;
– éviter aux mineurs isolés de courir le risque de dormir et vivre dans les rues.
MOYENS
Le Collectif de soutien estime que sa capacité humaine et financière est largement insuffisante pour assumer ce projet. Par ailleurs, ce projet fait partie des services que la société dans son ensemble, représentée par l’Etat et les collectivités territoriales et locales, doit assumer.
Les moyens à mettre en oeuvre pour réaliser ce projet sont à la fois matériels et humains.
Matériels :
Installation d’un kiosque avec chauffage, photocopieuse, téléphone, fax, et le stock des documents nécessaires.
Humains :
Le Kiosque devra être ouvert aux heures les plus judicieuses, tous les jours sauf le dimanche.
Une association spécifique aura la charge de tenir ces permanences dont la durée pourra être déterminée de façon collective, avec les parties prenantes au projet. Le Collectif estime que l’ouverture de ce kiosque 6 jours sur 7, plusieurs heures par jour, est un minimum.
Les personnes qui tiendront le kiosque devront parler plusieurs langues, dont le kurde, le persan, l’arabe, l’anglais et elles devront organiser et afficher les jours de présence correspondant aux langues parlées par les personnes tenant le kiosque.