Bien que la plus petite des Républiques de l'ancienne Yougoslavie et hors des feux de l'actualité durant le conflit, le Monténégro mérite néanmoins l'attention. Comme tous leurs " ex-concitoyens ", les Monténégrins furent confrontés à la destruction de leur univers social et politique et personnellement à des difficultés extrêmes même si leur situation ne peut être comparée à la barbarie de ce qui s'est passé en Bosnie ou en Croatie.

Aujourd'hui, beaucoup de Monténégrins ne peuvent, ni s'identifier aux stéréotypes qui ont nourri le conflit , ni imaginer leur avenir dans un statu-quo qui ne garantit aucun des droits fondamentaux et ne profite en réalité qu'à ceux qui ont mené la guerre.

Grâce à cette conscience d'une partie de la population, le Monténégro a pu échapper jusqu'à présent aux conflits ethniques et conserver, au-delà d'un attachement certain à l'idée yougoslave, le principe d'une citoyenneté monténégrine.

Les dernières élections présidentielles et la victoire (même courte) du candidat réformateur, témoigne de cette volonté de changement et du rejet de la politique criminelle qui est pratiquée depuis 10 ans par le régime de Belgrade.

Cette première défaite politique de Slobodan Milosevic représente pour les démocrates serbes et monténégrins non seulement l'espoir d'un changement, mais aussi un contrepoids à la montée du mouvement fasciste de Voijslav Sesel en Serbie.

C'est dans cette perspective d'ouverture démocratique et de réforme que l'association souhaite créer en Europe un courant de solidarité avec le Monténégro.

C'est aussi avec la conviction que le Monténégro peut et doit jouer un rôle positif pour la stabilité et la démocratie en Yougoslavie et dans les Balkans, que l'association collaborera avec les différents réseaux citoyens dans les nouveaux états post-yougoslaves et plus largement en Europe.

Au-delà de cet enjeu immédiat, l'association entend regrouper des hommes et des femmes de toutes opinions politiques, philosophiques ou religieuses qui souhaitent œuvrer à mieux faire connaître le Monténégro et à resserrer les liens entre le Monténégro , la France et l'Europe, aussi bien dans les domaines culturels et politiques, qu'économiques et sportifs.

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Chers compatriotes,

Je tiens simplement à vous transmettre mon amitié et ma solidarité dans les nouvelles difficultés et les tourments que vous vivez aujourd'hui. En quelques jours, tous les malheurs semblent s'abattre sur vous et notre cher Monténégro. De tous côtés, vous êtes injustement assaillis tant par la folie destructrice d'un régime qui s'acharne depuis 10 ans sur le pays que nous aimions malgré ses défauts, que par l'arrogance d'une communauté internationale pour qui les peuples des Balkans ne méritent pas plus de considérations, semble-t-il, que des troupeaux de fourmis. Et maintenant, un désastre humanitaire auquel le Monténégro ne peut ni moralement fermer ses portes, ni matériellement faire face.

Avec beaucoup de Français autour de moi, nous savons que vous n?avez pas mérité cette aggression et que vous payez pour quelque chose que la majorité d'entre vous n'avez pas commandé. Les frappes dont vous êtes victimes s'attaquent plus sûrement aux réformes démocratiques en cours au Monténégro et aux espoirs de la jeunesse yougoslave nés dans les rues de Belgrade il y a deux ans, qu?à une dictature que chaque nouvelle bombe renforce. De l'autre côté, il est évident que les opérations de nettoyage ethnique et de représailles contre des populations civiles détruisent plus sûrement la Yougoslavie que toutes ces bombes des derniers jours qui ont fait, on ne peut en douter, d'innocentes victimes. Dans cette situation, j'imagine qu'il faut beaucoup de courage et de sang-froid pour ne pas céder aux passions qui ne peuvent que nous entraîner les uns et les autres dans une nouvelle nuit. Mes amis, le destin du Monténégro est entre vos mains : depuis 10 ans, j'ai pu mesurer combien vous y êtes attachés, quelle fierté est la vôtre en face de ces montagnes et à la mémoire des générations qui les ont gardées. Doit-on sacrifier cette partie de nous-mêmes aux jeux morbides auxquels se livrent depuis déjà 10 ans un politicien sans scrupules et une communauté internationale sans conscience ?

C'est pourquoi j'appelle tous les citoyens du Monténégro à rester unis et solidaires dans l'épreuve. Malgré vos craintes et vos ressentiments légitimes, ne cédez pas aux pressions et aux forces qui veulent vous entraîner dans des conflits qui ne sont pas les vôtres, ni au Kosovo, ni a fortiori à l'intérieur du Monténégro. Le plus grand désastre serait en effet de voir des Monténégrins s'affronter entre eux.

C'est en restant unis que nous défendrons le mieux notre pays et nos institutions mais aussi notre dignité et les valeurs qui ont fait du Monténégro dans le passé la lueur d'espoir et de liberté pour nos frères serbes et pour tous les Slaves du sud.

Je dois vous transmettre les témoignages de sympathie et de solidarité de la part de nombreux amis du Monténégro en France. Ici, l'opinion est très partagée sur l'opportunité de ces bombardements mais tous s'accordent à saluer la position modérée du Monténégro et comprennent l'injustice des sanctions qu'il subit et la nécessité de lui apporter une aide humanitaire.

Malgré la distance, je me sens proche de vous et je garde l'espoir que vous saurez préserver ce pays qui nous est cher, ainsi que les liens de fraternité et d'amitié qui nous lient avec nos concitoyens dans cette Yougoslavie qui semble faire naufrage aujourd'hui.

Délégation française au Monténégro

Avril 1999

L'association Solidarité Europe Monténégro, représentée par Nicolas Petrovic-Njegosh, France Petrovic-Njegosh, Odile Dupont-Roche, Vasco Freire de Andrade ; l'ONG Agir ensemble pour les droits de l'homme, des membres d'Handicap International, de la Cimade et du Crarda se sont rendues au Monténégro du 08 au 12 Avril 1999.

Quelques journalistes de la presse et de la radio françaises s'étaient joints à la délégation.

Les objectifs étant de :

• soutenir le processus de démocratie au Monténégro,
• apporter une aide aux réfugiés,
• témoigner en France de la situation du Monténégro.

Dans les camps improvisés à Rozaje (l'usine Crystal et la papeterie Décors réquisitionnées), les membres de l'association ont pu constater les conditions d'accueil rudimentaires des quelques 3.000 réfugiés (principalement des femmes, des enfants, des vieillards).

Ils souffrent principalement de la faim n'ayant pour toute nourriture que du pain, produit localement par les trois boulangeries de Rozaje dont les capacités sont à saturation.

Ils ne disposent pas de produits d'hygiène ni de médicaments en nombre suffisant. Les risques sanitaires sont importants, d'autant plus qu'il y a des installations sanitaires en nombre très limité.

Par ailleurs, la présence de rares produits livrés par les organismes humanitaires a été constatée sans grande surprise sur le marché noir (farine, médicaments). Dans ce contexte il s'est agi de focaliser notre action sur la distribution fiable des produits alimentaires et des quelques médicaments dont nous disposions. France Petrovic-Njegosh a acheté environ 4 tonnes de marchandises locales pour un budget de 54.960 dinars, dont 53.850 dinars ont été dépensés sur place, le reste constituant un fonds de roulement pour les camps (alloué aux frais de déplacement pour faciliter le rassemblement des familles dispersées).

Les marchandises comprenant 1.200 litres de lait, des boîtes de sardines, des pots de nourriture pour les bébés et du chocolat pour les enfants (soit une barre de chocolat pour chaque enfant).

L'acheminement et la distribution ont été organisés par l'association SEM de telle sorte que les réfugiés bénéficient intégralement de l'aide, avec la présence permanente de France Petrovic-Njegosh.

Cependant les médicaments ont été confiés au dispensaire local Ambulance Monténégrine, où les soins semblent être prodigués gratuitement et bénéficier à l'ensemble de la population (réfugiée et locale). Le dépôt de ces médicaments a été entouré de précautions administratives de telle sorte que les signataires s'engagent à leur bon usage.

Un camion alimentaire par semaine

Autres constats

• Nécessité de fournir des cuisinières afin que la nourriture puisse être chauffée au bois, elle sera ainsi plus équilibrée et moins coûteuse.
• Nécessité d'acheminer des unités sanitaires, le directeur d'une des deux usines nous ayant déclaré qu'en cas d'épidémie il devrait procéder à l'expulsion immédiate des réfugiés.
• Nécessité de fournir à la Croix Rouge Monténégrine fax, imprimante, ordinateur, photocopieuse pour lui permettre le recensement des populations déplacées, qui se fait aujourd'hui sans les outils adéquats

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