Atelier Coopération internationale
Problématique en vue de l¹atelier Coopération internationale.
La « crise » française de l¹immigration est accompagnée de trois idées reçues qui sont mises en étroite corrélation entre elles :
- il y aurait un excès d¹immigrés réguliers ou clandestins dans le pays et un potentiel considérable de candidats à l¹immigration dont il faudrait trouver les moyens de se garder ;
- ces candidats viendraient de pays pauvres et même très pauvres et leur misère serait la cause unique des flux migratoires ;
- pour réduire cette misère et en « prendre sa part », la France devrait revoir le contenu et les modalités de sa coopération internationale.
Le but de cet atelier est de revoir ces points et l¹articulation entre eux avec l¹aide de personnes ayant une compétence et une expérience particulières, de manière à en vérifier et éventuellement confirmer ou infirmer le bien fondé. Y-a-t-il vraiment des flux d¹immigration, déjà réalisés ou sur le point de se réaliser, qui seraient insupportables pour la société française et la menaceraient dans son équilibre ? N¹y-a-t-il pas lieu de se pencher avec soin sur les chiffres et de s¹interroger sur la stabilité et l¹importance de l¹immigration en France avant de traiter ce phénomène en termes de danger ? Ne faut-il pas rappeler que rien ne serait pire pour la société française elle-même et pour l¹avenir de ses relations internationales qu¹un tarissement des flux migratoires, notamment en provenance des pays anciennement colonisés. Ne doit-on pas distinguer selon les zones géographiques d¹origine ? Ne faut-il pas examiner les événements récents qui concernent essentiellement des Africains d¹Afrique noire et l¹ampleur prise par ces événements en relation avec la faible proportion d¹immigrés en provenance de ces pays (200.000 à 400.000 personnes selon les estimations sur plus de 4 millions d¹étrangers) ? Il convient de s¹interroger sur les causes de l¹immigration et de tenter de donner un écho dans l¹opinion publique aux travaux très sérieux déjà faits dans ce domaine. La distinction doit être tentée entre les flux provenant réellement de l¹inégalité économique, ceux qui ont pour cause des troubles politiques et ceux qui tiennent à des traditions d¹immigration dans certaines sociétés où il est établi que les hommes jeunes doivent passer un certain temps hors du pays, cas dans lequel il serait sans doute regrettable que la France ne soit plus choisie comme pays de destination. Cette analyse, indispensable, laissera sans doute apparaître l¹importance des causes économiques même si elles ne sont pas les seules.
Dès lors, une révision des modalités de la coopération économique doit être examinée à la lumière de trois séries d¹interrogations ;
- des actions de coopération, si bien ciblées et vertueuses soient-elles, ne sont-elles pas inéluctablement entravées dans leur efficacité si le contexte économique mondial reste ce qu¹il est en matière de règles relatives aux investissements internationaux, à la gestion de la dette, à l¹équilibre des monnaies entre elles, aux prix des matières premières et aux modalités du commerce mondial ?
- le problème identifié de longue date, des conséquences de nos structures politiques et administratives de coopération sur la gestion des relations avec les pays concernés, ne doit-il pas enfin faire l¹objet de propositions constructives ?
- mais surtout, la substance de la coopération devra être remise en cause et évaluée en termes d¹effets sociaux. N¹est-il pas temps en effet d¹établir des liens directs entre communautés villageoises ou urbaines du Sud, associations d¹immigrants en France et organisations non gouvernementales spécialisées dans le développement en prenant en compte leurs expériences et leurs réflexions dans ce domaine ? Et de dégager la coopération des ornières des relations politiques où elle s¹est trop souvent enlisée ? Ne faudrait-il pas aussi se pencher sur les objectifs et les montants de la coopération militaire et les évaluer en comparaison avec ceux de la coopération économique ?