Communiqué de presse de l'AVFT
28 juin 1996 10h30


Ce 28 juin 1996, Monsieur Jacques Toubon, Ministre de la Justice, a reçu une demande de libération conditionnelle de Véronique Akobé, signée par Maître Gallot Lavallée, son avocate. En effet, au terme de sa période de sûreté, Véronique Akobé peut, en application des règles de la procédure pénale, en bénéficier.

L'AVFT regrette que la décision de grâce présidentielle et de libération immédiate n'ait pas été prise avant cette date. C'eût été une reconnaissance symbolique forte de l'injustice faite à Véronique Akobé. En outre, c'est sur ce mot d'ordre qu'ont signé plus de 70.000 personnes en France et en Côte d'Ivoire, ainsi que plus de 150 associations, partis et syndicats en France et à l'étranger 1.

Par ailleurs, l'AVFT se félicite de l'aboutissement de sa revendication quant au droit de Véronique Akobé à résider en France. En effet, le 24 mai 1996, le Préfet d'Ille-et-Vilaine indiquait que: "Mlle Akobé ne fait pas l'objet d'une mesure d'interdiction du territoire français ni d'une mesure administrative d'expulsion" et que "par ailleurs, il lui incombera de régulariser sa situation administrative à sa libération en ce qui concerne son séjour sur le territoire français". L'AVFT a reçu hier copie de cette notification.

L'AVFT maintient sa mobilisation sur le mot d'ordre de grâce et de libération immédiate. Elle ne peut pas croire que le Président de la République restera insensible à la situation humaine actuelle de Véronique Akobé, qui attend depuis plus d'un mois notification de la grâce qui lui a été promise par une personnalité officielle le 21 mai 1996, au lendemain de la rencontre entre le Président de la République et Henri Konan Bédié, Président de Côte d'Ivoire.

Monsieur Edmond Hervé, maire de Rennes, attend l'autorisation de Monsieur le Procureur de la République pour procéder au mariage de Véronique Akobé et de Jean-Jacques Le Dévéhat.


La mobilisation internationale pour la grâce de Véronique Akobé s'élargit
Communiqué de Presse de l'AVFT
20 juin 1996

Plus de 150 associations, syndicats, partis et organes de presse à travers le monde soutiennent aujourd'hui la campagne pour la grâce de Véronique Akobé.

En France, plus de 44 000 signatures ont été recueillies par l'Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail qui a lancé la campagne le 30 octobre 1995.

L'internationalisation de la campagne se traduit à ce jour par:

Afrique: Afrique du Sud, Bénin, Kenya, Mozambique, Namibie, Sénégal, Somalie, Soudan

Amérique: Argentine, Brésil, Cuba, Jamaïque, Martinique, Etats Unis d'Amérique

Asie: Corée, Inde, Japon, Pakistan

Europe: Angleterre, Belgique, Bulgarie, Espagne, France, Russie, Yougoslavie

Moyen Orient: Algérie, Egypte, Libye, Maroc, Palestine, Tunisie

- le soutien des associations et collectifs d'associations suivants:

EUROPE

Allemagne: Mondsicheln (Freiburg) qui a lancé la pétition en Allemagne le 1er mai 1996

Belgique: FEANTSA

Danemark: BAWA (Black African Women Association), KULU-Women and Development

Grande-Bretagne: Kalayan (Justice for Overseas Domestic Workers), Change, Justice for Women, Hammersmith Women's Aid, Women's Health Matters (revue internationale)

Italie: DW Press (agence de presse féministe) qui a diffusé la pétition sur Internet, Commission pour l'Egalité des Chances de la Ville de Pise, Associazione di Donne (Modugho), Centre de Femmes anti-violence (Messine)

Pays Bas: Vrouwen voor Vrede (Amsterdam), NOVIB (Nederlandse Organisitie voor Internationale Ontwikkelingssamenwerking)

AMERIQUE

Argentine: Biblioteca Popular "Jose Ingeniros" (Buenos Aires)

AFRIQUE

Bénin: Groupe d'Etudes et de Recherches sur la Démocratie et le Développement Economique et Social (GERDES)

Cameroun: WILDAF (Women in Law and Development in Africa), Association de Lutte contre les Violences faites aux Femmes

Sénégal: Réseau Africain pour le Développement Intégré

ASIE

Hong Kong: Association for the Advancement of Feminism

Sri Lanka: Lawyers for Human Rights and Development, Centre for Society and Religion


FEDERATION SYNDICALE DES PTT
23, rue de la mare
75020 Paris
Téléphone: (1) 44 6212 00
Télécopie: (1) 44 6212 34
Audiphone: (1) 46 36 18 18

Paris le 20 juin 1996

A Mr Jacques Chirac,
Président de la République Française,

Mr Le Président de la République,

La Communauté AGR, (Antillais, Guyanais, Réunionnais) regroupée au sein de la Fédération SUD a déjà eu l'occasion de s'adresser à vous à plusieurs reprises sur la reconnaissance du génocide opéré contre le peuple noir durant la période esclavagiste.

Le Cahier de Doléances, que nous vous avons remis lors d'une délégation symbolique à l'Elysée le 22 mai 1995 contient des revendications qui sont l'expression de la persistance de séquelles coloniales dont souffrent' en particulier, les originaires des DOM et en général, les hommes et les femmes du peuple noir.

Mr Le Président, si notre communauté se permet de faire solennellement appel à vous c'est parce tutelle se sent particulièrement émue, humiliée, indignée, révoltée par ce que la justice française a fait subir à un être humain qui cumule "les défauts": femme, noire et sans papiers...

Cette jeune femme, Véronique Akobé, a été violée par ses employeurs français qui ont répété les actes de violence, d'humiliation et de barbarie perpétrés dans les anciennes colonies par les esclavagistes européens durant des siècles.

Seulement cette fois-ci nous étions au 20è siècle, dans le sud de la France et dans une famille bourgeoise!

En tant que femmes et hommes noirs nous nous sentons plus particulièrement touchés par cette situation car nous ne pouvons pas nous empêcher de penser ce qui se serait passé si cette femme avait été blanche et les deux violeurs noirs...

Nous ne pouvons pas admettre que dans un pays démocratique, le pays des droits de l'homme, la France, une femme victime d'un tel crime et en état de légitime défense soit condamnée à croupir 20 ans en prison tandis qu'un de ses criminels violeurs est en liberté!

Qu'un avocat d'extrême-droite, membre du Front National ait pu être nommé d'office pour assurer la défense de Véronique Akobé nous semble représenter un inqualifiable manquement au respect des droits les plus élémentaires de la personne humaine!

Dans cette affaire tout a été tronqué: l'enquête de police, I'instruction judiciaire et le procès!

C'est trop, beaucoup trop !

Les Antillais, Guyanais, Réunionnais que nous sommes ne peuvent supporter pareille infamie et demandent au premier magistrat de France d'intervenir.

La Communauté AGR, sensibilisée par l'excellent travail d'information et de sensibilisation réalisé par les femmes de l'AVFT (Association Européenne Contre Les Violences Faites Aux Femmes Au Travail), se joint aux milliers de voix qui se sont élevées en France pour demander justice et réparation pour Véronique!

Nous croyons sincèrement que les valeurs universelles autour des droits de l'homme méritent un investissement plus grand, et de tous, au moment où tant d'êtres humains subissent les conséquences des discours haineux et inégalitaires tenus par certains courants extrémistes, racistes et sexistes qui se nourrissent des difficultés conséquentes à la crise économique et sociale actuelle.

Garant des libertés individuelles et collectives, nous pensons que le Président de la République l'est aussi davantage lorsque le droit des femmes est bafoué. Aujourd'hui nous sollicitons donc de votre part un geste fort pour Véronique Akobé.

Dans l'attente, veuillez agréer, Monsieur Le Président, nos respectueuses salutations.

Pour la Fédération SUD

Joss Rovélas.


Communiqué de presse de l'AVFT
le 20 juin 1996

La situation actuelle de Véronique AKOBE à la prison :

Depuis le 2 juin 1996, Véronique AKOBE est privée de toute visite, exceptée celle de son avocate, et ce pour tout le mois, jusqu'au 1er juillet. Cela au nom d'un règlement interne, propre au Centre Pénitentiaire pour Femmes de Rennes, de "quota horaire" limitant les visites à 2 heures hebdomadaires à répartir dans le trimestre.

C'est au moment où l'espoir se fait certitude et où sa vie est bouleversée par sa prochaine grâce, dont elle a été personnellement informée ; c'est au moment où elle vient de recevoir les derniers papiers pour se marier dans moins d'un mois, et que son futur époux, Jean-Jacques Le Dévéhat, coopérant au service national au Caire, actuellement en permission en France, ne peut la voir, que Véronique AKOBE est totalement coupée du monde extérieur au nom d'un règlement moyenâgeux.

Monsieur Edmond HERVE, Maire de Rennes, a adressé en ce même sens des lettre aux Ministres de la Justice, M.Toubon et de l'Intérieur M. Debré, ainsi qu'à Madame la Directrice du Centre pénitentiaire de Rennes, où il se "permet d'intervenir au bénéfice de Mademoiselle Véronique AKOBE,(...) condamnée injustement", et "souhaite, qu'eu égard à la situation particulière", les visites puissent reprendre.

Devant ces sollicitations, la direction de la prison persiste dans son refus, alors que le Directeur adjoint a convoqué Véronique AKOBE pour lui signifier, selon elle-même, que si les manifestations réclamant ces visites se poursuivaient, le permis de visite de son futur mari serait définitivement supprimé. Véronique AKOBE, déjà "extrêmement angoissée" selon son éducatrice, seule, supporte mal ce qu'elle nomme justement un "chantage".


Lettre à Jacques Toubon
le 12 juin 1996


Paris, le 12 juin 1996
Monsieur le Ministre de la Justice
Place Vendôme
Paris 75001

Monsieur le Ministre,

Nous nous permettons d'attirer votre attention sur la situation scandaleuse que vit actuellement Véronique Akobé, incarcérée depuis bientôt neuf années à la prison de Rennes.

Nous avons eu des informations de sources bien informées sur l'imminence de la grâce qui serait accordée à Véronique Akobé. Cette dernière en a été personnellement informée. Or, à ce jour, alors que cette nouvelle ne lui a pas été notifiée, Véronique Akobé est aujourd'hui totalement coupée du monde extérieur, sans possibilité de rencontrer quiconque à l'exception de son avocate.

Son futur mari qui est coopérant au service national en Egypte et ne se trouve en France que pour quelques jours encore, se trouve privé de tout moyen d'entrer en contact avec elle, ayant épuisé le "quota" de deux heures de visites hebdomadaires accordées par la direction de la prison. C'est une situation qui confine à la torture psychologique.

En effet, c'est au moment où l'espoir se fait certitude et où sa vie est bouleversée par la proximité de sa libération; c'est au moment où elle vient d'obtenir les dernières pièces officielles qui lui permettent de se marier dans moins d'un mois; c'est au moment même où elle a le plus besoin de parler, d'être confortée par les gens qui l'aiment, -tutelle aime et en qui elle a confiance; c'est au moment même où elle doit aborder des problèmes extrêmement graves et urgents et prendre des décisions qui engagent sa vie future; qu'il lui est interdit de rencontrer quiconque au nom d'un règlement moyenâgeux et que son futur mari n'a plus de nouvelles d'elle depuis le 1er Juin.

Nous vous demandons que les visites accordées à Véronique Akobé puissent reprendre immédiatement jusqu'à la "race qui lui a été annoncée.

Dans l'attente, veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l'assurance de notre considération.

Copie à la presse.

Comité de soutien pour la grâce de Véronique Akobé avec autorisation de séjour sur le territoire français.

Jean Jacques Le Dévéhat.


Dépêche envoyée à l'A.F.P.
le 13 Juin 1996, 14 heures 30

L'Association Européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail récuse l'interprétation donnée dans un organe de presse selon laquelle elle aurait affirmé que "le Président de la République semble prêt à signer un décret [concernant la grâce de Véronique Akobé] à la fin du mois".

L'AVFT confirme l'information qu'elle avait transmise, dans sa Lettre Ouverte en date du 12 juin 1996 adressée à Jacques Toubon, Ministre de la Justice, selon laquelle, depuis plus de trois semaines,"Véronique Akobé a été personnellement informée de l'imminence de cette grâce" .

L'AVFT n'a jamais contesté que l'Elysée soit seul habilité à décider du moment pour annoncer la grâce de Véronique Akobé.

L'AVFT renouvelle sa demande concernant la reprise des visites à Véronique Akobé suspendues depuis le 1er juin 1996, notamment pour Jean-Jacques Le Devéhat, son futur mari.

L'AVFT attend que la décision de la grâce se concrétise le plus rapidement possible.

La Présidence de la République n'ayant pas démenti cette décision, l'AVFT suspend son projet de délégation à l'Elysée.


Communiqué de presse de l'AVFT
7 juin 1996 11h00


L'AVFT, au 25 ème jour de grève, dénonce les promesses non tenues, les mesures dilatoires, les fauxfuyants du gouvernement

Le 7 mai, I'AVFT, après s'être inquiétée pendant cinq mois, auprès du Service des droits des femmes, du blocage de son dossier de subvention, alertait la Ministre chargée des droits des femmes, Mme Couderc, de son état de cessation de paiement et des procédures de licenciement économique collectif engagées Elle exigeait de toute urgence son intervention: malgré la promesse d'une subvention de 700.000 F, I'AVFT n'avait toujours pas reçu Ie visa du contrôleur financier, sans engagement de l'État permettant de solliciter un prêt bancaire.

De fait, 1'AVFT ne pouvait plus fonctionner. Son travail, subventionné depuis onze années par tous les gouvernements, était de fait saboté, notamment le traitement des 185 dossiers et des 43 procédures judiciaires en cours qui ne pouvaient plus être suivis.

Le 13 mai, les salariées déclenchaient une grève illimitée.

Face à cette situation dramatique, le gouvernement a:


L'AVFT dénonce les contradictions du gouvernement entre sa politique et ses engagements internationaux et européens en matière de droits des femmes, comme de ses engagements nationaux concernant la nécessité d'une politique de soutien aux associations "indispensables(s) au retour à la cohésion sociale" (Jacques Chirac, 29 septembre 1995).

Aujourd'hui, à 14 h 00, I'AVFT se rendra en délégation au cabinet du Ministre du Travail et des Affaires sociales, M. Jacques garrot, pour exiger un règlement sans délai de sa situation. II s'agit que concrètement le visa du contrôleur financier soit immédiatement accordé à la subvention pour l'année 1996 et qu'une provision soit immédiatement débloquée .

Les salariées en grève de l'AVFT seront accompagnées de bénévoles, du conseil d'administration, de femmes victimes de discriminations et de violences au travail, ainsi que de représentant-es des syndicats, partis, associations solidaires. La grève des salariées de l'AVFT est notamment soutenue par des parlementaires, des inspections du travail, des avocat-es, la CGT, la CFDT, FO, le Mouvement pour la gauche progressiste, les Verts, le Parti Socialiste, le Parti Communiste, I'UFF, I'Alliance des femmes pour la Démocratie, la Ligue des droits de l'homme, le Collectif féministe contre le viol, le Mouvement français pour le planning familial...

L'AVFT appelle à la solidarité toutes Ics forces sociales, politiques et associatives, conscientes des régressions actuelles des droits des femmes en France.


Dépêche de l'AFP
Vendredi Mai 31 12:34

TITRE Femmes-justice

Rassemblement à Rennes pour la grâce de Véronique Akobé

RENNES, 30 mai (AFP)
- Environ 200 personnes ont signé en une heure jeudi à Rennes la pétition pour soutenir la demande de grâce présidentielle de Véronique Akobé, lors d'un rassemblement organisé jeudi soir devant la mairie de Rennes, a-t-on constaté.

Cette pétition en faveur de la jeune Ivoirienne incarcérée à la prison des femmes de Rennes a déjà recueil! i plus de 44.000 signatures.

Le comité de soutien à la jeune femme, condamnée en 1990 à ZO ans de réclusion criminelle pour avoir tué le fils de son employeur et grièvement blessé son patron qu'elle accusait tous deux de viol, a également distribué des tracts affirmant: "Véronique Akobé violée, condamnée, oubliée". Des badges demandant "grâce pour véronique" ont également été distribués.

Une demande de grâce présidentielle a été déposée en décembre dernier mais aucune suite n'y a été donnée jusqu'à présent

Incarcérée depuis 1987, Véronique, rappelle le comité, a été condamnée par la même cour d'assises qui a jugé Omar Raddad, pour lequel le Président de le République vient de prendre une mesure de grâce partielle La cour était également présidée dans les deux cas par le même magistrat, souligne le comité.

mcl/chb AFP 302137 MAI 96
Dépêche de l'AFP
Vendredi Mai 31 12:34

TITRE Femmes-Justice

Rassemblement à Paris pour la grâce de Yéronique Akobé

PARIS, 30 mai (AFP)
- Une centaine de personnes se sont rassemblées, Jeudi, en fin d'après-midi, sur le parvis des Droits de ['Homme, à Paris, afin de soutenir la demande de recours en grâce de la jeune Ivoirienne, Véronique Akobé, dont le cas est assimilé à celui de Sarah Balabagan, a constaté l'AFP.

"Aujourd'hui nous exigeons la grâce immédiate sans condition avec maintien sur le territoire français de Yéronique Akobé, avec excuses du plus haut magistrat de France, Jacques Chirac", a déclaré le fiancé de la jeune Ivoirienne, Jean-Jacques Devehat .

Véronique Akobe, 32 ans, a été condamnée en 1990 à vingt années de réclusion criminelle pour avoir tué le fils de son employeur et grièvement blessé son patron qu'elle accusait tous deux de viol Ses défenseurs comparent souvent son cas à celui de Sarah Balabagan, la jeune Philippine meurtrière de son patron qui l'avait violée aux Emirats Arabes Unis.

"Aujourd'hui nous ne comprenons pas le silence persistant de Jacques Chirac sur notre demande de grâce déposée le 27 décembre dernier" a estimé M. Devehat, tremblant d'émotion. "Véronique est emprisonnée depuis neuf ans pour avoir exercé sa légitime défense, Son seul tort est d'être une femme noire et pauvret', a-t-il poursuivi. ''Reconnaissons-lui son statut de victime de crime de viol" a ajouté M. Devehat.

En présence notamment de représentants du MRAP, du GISTI, de SOS-Racisme, de la FSU, de Lutte Ouvrière, du Planning familial, du Parti socialiste et de la CFDT, Marie-Victoire Louis, présidente de l'association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT), a déclaré que "Véronique Akobe peut légalement dans moins d'un mois, le 27 juin 1996, demander sa liberté conditionnelle. Mais si elle n'est pas grâciée le 27 juin nous aurons échoué dans notre mobilisation".

De nombreux représentants ivoiriens étaient également présents sur le parvis du Trocadéro Selon l'AVFT, qui mène le comité de soutien, une pétition de plus de quarante mille signatures a déjà été envoyée au Président de la République.
Dépêche envoyée à l'AFP le 29 mai 1996. 17 heures

L'A.V.F.T. (Association Européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail) organise un rassemblement pour la grâce de Véronique Akobé avec autorisation de séjour en France le jeudi 30 mai 1996 à 18 heures sur le Parvis des droits de l'homme du Trocadéro à Paris.

Véronique Akobé, jeune ivoirienne employée de maison, violée à plusieurs reprises par le fils de son employeur et son employeur, a été condamnée à 20 ans d'emprisonnement par la Cour d'assises des Alpes Maritimes le 30 janvier 1990 pour l'assassinat et la tentative d'assassinat perpétrées sur la personne de ses violeurs. Les crimes de viols n'ont pas été reconnus.

Elle est emprisonnée depuis bientôt 9 ans.

Plus de 35.000 personnes en France et Europe, ainsi que plus d'une centaine d'associations; 4. 000 personnes en Côte d'Ivoire ont déjà signé la pétition pour le recours en grâce.

Prendront notamment la parole Me Gallot-Lavallée, avocate de Véronique Akobé, Jean-Jacques le Devéhat, futur mari de Véronique Akobé, Paul Arnaud, Président du Comité Ivoirien de Soutien à Véronique Akobé, l'Association Camerounaise de Lutte contre les Violences faites aux Femmes, la CFDT, le MRAP, le GISTI, l'Union des Femmes Françaises, le Mouvement Français du Planning Familial, SOS Racisme, la FSU, la Fédération Anarchiste, Lutte Ouvrière, le Parti Socialiste, Monique Benguiga, Sénatrice représentant les français à l'étranger, Benoite Groult.


Communiqué de presse
du comité ivoirien de soutien à Véronique Akobé


Abidjan, le 06 Mai 1996

Le Comité Ivoirien de Soutien à Véronique AKOBE (CIS-YA) porte à la connaissance de la communauté nationale qu'il a participé en collaboration des groupes de soutien en France (AVFT, NAFIF etc ...) à la préparation de la conférence de presse du vendredi 3 Mai 1996 qui s'est tenue dans les locaux du "Mouvement Français pour le planning Familial" dans le 11e arrondissement de Paris sur le thème

VERONIQUE AKOBE : LES PREUVES D'UNE INJUSTICE

La date de la tenue de cette conférence, ainsi que le thème choisi pour son déroulement, saisissent une grande opportunité à notre sens chargé de symboles, qu 'offre ensemble le déroulement des choses de la vie et le cheminement du calendrier. En effet, le 7 Mai 1996, le Président de la République Française, Jacques CHIRAC, fêtera dans l'allegresse, en communion avec le peuple français le premier anniversaire de son accession au pouvoir suprême dans son pays.

La constitution française donne tous pouvoirs ( le droit de grâce est un droit dit REGALIEN du président ) au Président de la République pour signer sans jamais encourir aucune responsabilité, un droit de grâce dans les moments jugés les plus favorables et symboliquement les plus fécondants pour l'exercice du mandat en cours. C'est de cette manière que s'exprime l'art de gouverner et le savoir faire qui l'accompagne.

Y-a-t-il date et moment plus chargé de symboles que ce premier anniversaire pour réparer toutes les injustices faites depuis près de neuf ans (9) à notre compatriote Véronique AKOBE, notre fille, notre soeur d'une part' et d'autre part féconder positivement et spirituellement le mandat du président Jacques CHIRAC ?

A une telle intérrogation, notre comité répond que le moment est excellent et très favorable pour la réalisation d'une telle action de correction des injustices passées et réhabilitation.

Nous l'aurons dit à haute voix nous-même à Paris, si les moyens de notre comité, ainsi que les bonnes volontés sollicitées avaient permis dégager les ressources nécéssaires pour financer cette mission. Malgré ce handicap, les technologies performantes des temps actuels nous ont

permis "grâce au fax de corriger notre déficit de présence et d' image. Ainsi notre message a pu être lu par les animateurs de la conférence RFI a par la suite réalisé une interview téléphonique du président qui sera diffusée sur les antennes dans la matinée du 7 Mai 1996.

Une belle heure peut sonner pour Véronique AKOBE notre fille, notre soeur.,.

Unissons-nous tous et toutes dans une grande chaine d'amitié, de fraternité et de solidarité. Par la pensée positive, par la prière, par la méditation demandons ensemble à Dieu le père créateur, le secours de sa miséricorde et de sa clémence pour sa fille Véronique dont la jeunesse s'évanouit dans les profondeurs de la prison à Rennes en France. Et que le Président Français signe dans un esprit de clémence partagé la "race de notre compatriote.

Fait à Abidjan le 6 Mai 1996
Dépêche envoyée à l'AFP le 18 mai 1996, 10h45.

L'Association Européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail (AVFT) - qui, depuis décembre 1995, se mobilisation pour l'obtention de la grâce de Véronique Akobé avec autorisation de séjour en France - a sollicité un rendez-vous avec Monsieur le Président de la Côte d'Ivoire, reçu, ce jour, par Monsieur le Président de la République Française.

L'AVFT rappelle que près de 35.000 personnes en France comme à l'étranger ont dores et déjà signé la pétition pour l'obtention de cette grâce et qu'une pétition nationale est lancé en Côte d'Ivoire pour la "Sarah Balabagan" de Côte d'Ivoire.

L'AVFT rappelle que le Président de la République Française a pris la décision de grâcier partiellement Omar Raddad. Pourtant on ne peut que constater des similitudes dans le traitement judiciaire de ces deux affaires: instructions lacunaires et orientées, procès mal menés et partiaux, lourdeurs extrêmes des peines (20 ans pour Véronique Akobé et 18 ans pour Omar Raddad), prononcées par la même Cour d'assises (celle des Alpes Maritimes) présidée par le même Président. Dans les deux cas il s'agit d'étrangers (en situation régulière pour Omar Raddad, irrégulière pour Véronique Akobé) dont la parole n'a pas été entendue : Véronique Akobé n'a cessé de clamer qu'elle avait été violée, Omar Raddad n'a cessé de clamer son innocence.

L'AVFT ne peut pas croire que le Président sera moins sensible à la pression des femmes et des hommes qui se battent au nom des Principes universels des droits de la personne humaine, qu'à celle d'Hassan II.

L'AVFT demande donc que le Président de la République gracie Véronique Akobé avant le 27 juin 1996, date à laquelle elle est fondée à demander une libération conditionnelle. Le Président cautionnerait par son abstention une justice qui fut, en ce qui concerne Véronique Akobé empreinte de sexisme et de racisme. Seule une décision politique de grâce présidentielle constituerait une reconnaissance de l'injustice faite à Véronique Akobé.


Comité de soutien pour la grâce de Véronique Akobé avec autorisation de séjour en France

Le 31 janvier 1990, Véronique AKOBE, jeune ivoirienne de 23 ans, employée de maison sans titre de séjour, a été condamnée à 20 ans de prison par la Cour d'assises de Nice, dont les deux tiers incompressibles. A peine engagée, elle fut, à plusieurs reprises violée par son patron et le fils de celuici. Le 3 août 1987, elle a tué le fils et blessé le père. Les viols, alors que des éléments du dossier les démontraient, n'ont été retenus ni par les avocats commis d'office, ni par la Cour. Un comité de soutien s'est créé après le procès mais n'a pas été entendu. Elle est en prison depuis bientôt neuf ans.

En raison des conditions iniques dans lesquelles se sont déroulés l'instruction et le procès, de la sévérité scandaleuse de sa peine, Véronique Akobé doit être graciée et ne doit pas être expulsée. Par son abstention, le Président cautionnerait un jugement qui fut empreint de sexisme et de racisme. Seule la grâce présidentielle serait une reconnaissance des injustices qu'elle a subies.

La mobilisation française et internationale en faveur de Sarah BALABAGAN condamnée, elle-aussi, de manière inique pour un même crime, lui a sauvé la vie. Une même solidarité doit s'exprimer pour Véronique AKOBE.

Le procès et la condamnation de Véronique AKOBE sont inacceptables. Elle doit être libérée immédiatement et graciée. Elle ne doit pas être expulsée.
Dépêche de l'AFP
15 mai 1996

TITRE Femmes-Justice

Recours en grâce pour Véronique Akobé

PARIS, 3 mai (AFP) - L'association AVFT vient d'adresser au président Jacques Chirac un complément de recours en grâce en faveur de Véronique Akobé, jeune Ivoirienne dont le cas est assimilé à celui de Sarah Balabagan, la Philippine meurtrière de son patron qui la violait aux Emirats Arabes Unis, a indiqué l'AVFT vendredi

Lors d'une conférence de presse à Paris, l'association européenne contre les violences faites aux femmes au travail, a expliqué que "ce complément de recours en grâce est motivé par une nouvelle lecture du dossier pénal" de Véronique Akobé.

La jeune femme, 32 ans a été condamnée en 1990 à 20 ans de reclusion criminelle pour avoir tué le fils de son employeur et grièvement blessé son patron. Elle accusait les deux hommes de l'avoir violée.

Une pétition de 30.000 signatures en soutien à la détenue a également été envoyée au président de la République à la veille du premier anniversaire de l'investiture de M. Chirac à l'Elysée, a ajouta MarieVictoire louis, présidente de l'AVFT.

Le 27 décembre 1995, l'AVFT avait introduit un recours demandant "la grâce sans expulsion du territoire français et libération immédiate" de la jeune Ivoirienne en situation irrégulière, incarcérée depuis huit ans à Rennes a indiqué Mme Louis.

L'AVFT, qui estime que la cour d'assises "n'a pas pris en considération les viols que Véronique Akobé a subie'', soumet au président "de nouveaux éléments'' du dossier pénal ''révélant la partialité et les lacunes de l'instruction et les conditions d'un procès inique", a indique l'association.
Dépêche envoyée à l'AFP le 15 mai 1996, 10h45

L'Association Européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail (AVFT) - qui, depuis décembre 1995, organise la mobilisation pour l'obtention de la grâce de Véronique Akobé - prend acte de la décision, en date du 10 mai, du Président de la République de gracier partiellement Omar Raddad. Elle constate que cette décision a été prise suite à une négociation entre deux chefs d'État. Elle regrette qu'à ce jour, il n'ait pas tenu compte de la mobilisation française et internationale pour le recours en grâce de Véronique Akobé, appuyé par plus de 30 000 personnes.
Pourtant on ne peut que constater des similitudes dans le traitement judiciaire de ces deux affaires: instructions lacunaires et orientées, procès mal menés et partiaux, lourdeurs extrêmes des peines (20 ans pour Véronique Akobé et 18 ans pour Omar Raddad), prononcées par la même Cour d'assises (celle des Alpes Maritimes) présidée par le même Président. Dans les deux cas il s'agit d'étrangers (en situation régulière pour Omar Raddad, irrégulière pour Véronique Akobé) dont la parole n'a pas été entendue : Véronique Akobé n'a cessé de clamer qu'elle avait été violée, Omar Raddad n'a cessé de clamer son innocence.

L'AVFT ne peut pas croire que le Président sera moins sensible à la pression des femmes et des hommes qui se battent au nom des Principes universels des droits de la personne humaine, qu'à celle d'Hassan II.

L'AVFT demande donc que le Président de la République gracie Véronique Akobé avant le 27 juin 1996 , date à laquelle elle est fondée à demander une libération conditionnelle. Le Président cautionnerait par son abstention une justice qui fut, en ce qui concerne Véronique Akobé empreinte de sexisme et de racisme. Seule une décision politique de grâce présidentielle constituerait une reconnaissance de l'injustice faite à Véronique Akobé.


Conférence de presse

L'Association européenne contre les Violences faites aux Femmes au Travail (AVFT)

vous invite le 3 mai 1996 à 11 heures à

UNE CONFÉRENCE DE PRESSE:
VERONIQUE AKOBE LES PREUVES D'UNE INJUSTICE"


en présence de Maître Gallot-Lavallée Avocate de Véronique Akobé

Le 3 mai 1996, à la veille du premier anniversaire de l'investiture de Jacques Chirac, un complément de recours en grâce sera envoyé au Président de la République en faveur de Véronique Akobé qui depuis huit ans purge une peine de prison pour assassinat et tentative d'assassinat sur la personne de ses violeurs. La Cour d'assises des Alpes Maritimes, qui l'a condamnée le 31 janvier 1990 à 20 ans de réclusion criminelle, n'a pas pris en considération les viols -tutelle a subis. Ce complément de recours en grâce est motivé par une nouvelle lecture du dossier pénal, révélant la partialité et les lacunes de l'instruction et les conditions d'un procès inique. Ce sont ces nouveaux éléments que nous voulons porter à votre connaissance. Déjà 30 000 signatures en faveur de la grâce sans expulsion du territoire français ont été adressées à la Présidence.

Adresse: Mouvement Français pour le Planning Familial 4 square Saint Irénée, Paris 75011 (métro Saint Ambroise)

Tél. du MFPF: 16 (1) 48 07 29 10


Texte du recours en grâce de Véronique Akobé
Envoyé le 2 mai 1996 au Président de la République

par Me Gallot-Lavallée

Monsieur le Président de la République,

Par lettre en date du 27 décembre 1995, Madame Véronique Akobé, condamnée à 20 ans de réclusion criminelle, dont les deux tiers incompressibles, par la Cour d'Assises des Alpes Maritimes, pour les crimes "d'assassinat et de tentative d'assassinat", a sollicité votre bienveillance dans l'examen de son recours en grâce.

L'Association Européenne contre les violences faites aux femmes au travail (A.V.F.T.) vous a, depuis lors, à sept reprises, adressé les pétitions qui lui étaient parvenues, pour appuyer sa demande de grâce sans expulsion du territoire français et sa libération immédiate.

Le dernier envoi, qui vous est adressé ce jour, atteint le chiffre de 30.000 personnes, femmes et hommes, Français et Étrangers vivant en France ou hors de nos frontières, de tous âges, de toutes origines sociales. Partis, syndicats, associations provenant de tous courants idéologiques et/ou religieux se sont joints à cette mobilisation. Des personnalités vous ont en outre personnellement demandé la grâce de Véronique Akobé. Jean-Jacques Le Dévéhat, futur époux de Véronique Akobé - ainsi que son père, Roger Le Dévéhat - vous ont, eux aussi, demandé la grâce de Véronique Akobé.

Or, à ce jour, aucune réponse ne lui est parvenue. Nombreux et nombreuses sont ceux et celles qui ne comprennent pas le silence face à cette demande de recours en grâce, fondée tant sur l'extrême sévérité de la peine, que sur le fait que Véronique Akobé n'a pas bénéficié d'un procès équitable.

Si je me permets de réitérer cette demande de grâce présidentielle, c'est que j'ai pu, depuis ma première requête, rencontrer longuement Véronique Akobé en prison et avoir ainsi une nouvelle lecture du dossier.

Il est incontestable que la parole de Véronique Akobé n'a pas été entendue.

Pourtant, dès son interpellation, sans avoir consulté le moindre conseil, alors qu'aux yeux de tous elle n'est qu'une voleuse criminelle, elle dénonce les viols.

Elle décrit avec précision les rôles, gestes et paroles de chacun au cours des "séances" qu'elle a subies pendant les trois fins de semaines de séjour du fils au domicile de ses parents.

Dans le procès-verbal du 11 août 1987, à minuit trente, au sujet des viols imposés par M. Georges Scharr, son employeur, et par Thierry Scharr, le fils, elle déclare :"M. Scharr accompagné de son fils Thierry est entré dans la chambre, ils m'ont déshabillée, le fils me tenait les jambes, son père s'est couché sur moi et il m'a pénétrée dans mon sexe. Ensuite Thierry m'a retournée puis M. Scharr a mis son sexe dans l'anus (...) Pour m'empêcher de crier M. Scharr m'avait mis une main sur la bouche, je ne pouvais pas beaucoup bouger car il est gros. Après ça, le fils à son tour m'a pénétrée devant et derrière. Ensuite il a exigé que je prenne son sexe dans la bouche. En partant ils ont dit que j'avais intérêt à ne pas parler".

Ces scènes se sont répétées à Andon et à Cannes où ils lui "faisaient faire des choses comme dans les films pornos. Ils voulaient me pénétrer à deux en même temps dans mon

vagin ou l'un devant et l'autre par derrière. J'ai tenté de m'opposer ils m'ont menacée".

La dernière séance de viol s'est déroulée du dimanche 2 au lundi 3 août: "Cette nuit là, en plus de ce qu'ils me faisaient habituellement, ils ont parlé en même temps et en disant que je n'étais rien, même pas un animal, qu'un chien était plus que moi, ils m'ont traitée de sale négresse en même temps qu'ils abusaient ensemble de moi".

Tout au long de l'instruction, comme lors du procès, elle a maintenu ses dépositions, affirmant ainsi son statut de victime, sans être entendue, : "J'ai tué pour laver mon honneur".

Outre que les déclarations de Véronique Akobé quant aux viols ont été immédiates, précises et constantes, les expertises médicales de Véronique Akobé ont, tout au long de l'instruction, reconnu la possibilité de leur authenticité.

Le lendemain de son interpellation, le 11 août 1987, dans les locaux du commissariat de police, un médecin des Urgences Médico-Judiciaires de l'Hôtel-Dieu de Paris, A. Finkelstein, conclut ainsi son expertise:

"Ces constatations ne permettent pas d'exclure l'hypothèse de rapports sexuels récents notamment par sodomie".

Sept mois plus tard, le 5 mars 1988, l'expert désigné par le juge d'instruction, le docteur Jacques Leblanc "observe qu'elle est toujours atteinte de troubles fonctionnels anaux et de lésions anales qui peuvent correspondre à des séquelles d'une sodomisation". Il ajoute: " Les troubles que décrit l'inculpée, de façon claire et précise, à la suite des trois viols anaux allégués, correspondent à ceux qui peuvent effectivement succéder à ce type d'agression. Les troubles fonctionnels (...) peuvent également être la conséquence de celui-ci, d'autant que mademoiselle Akobé réaffirme qu'elle n'a jamais eu antérieurement aucun trouble anal."

Ces constatations des atteintes physiques et physiologiques sont corroborées par les observations de l'experte psychologue, Madame Magaud-Vouland:

"La situation telle que (Véronique Akobé) l'a décrite où elle nous dit s'être retrouvée 'l'objet' d'un commerce sexuel particulièrement dépréciatif, vexatoire et humiliant, peuvent en effet (si leur déroulement devait être retenu comme tel) avoir suscité une réaction majeure, immodérée, à la mesure du sentiment intime de la souillure voire de l'effraction de la personne tout entière, telle qu'elle explique l'avoir subie et ressentie.

Sur ce fond de sensibilité et d'extrême vulnérabilité, la tension engendrée par l'exaspération, le désespoir, ont pu déclencher la décompensation ponctuelle qui s'est traduite, résumée dans le passage à l'acte où la destruction de l'autre peut avoir symboliquement permis la réhabilitation de soi et gommé la souillure symbolique.

La motivation de son geste telle qu'elle la suppose, en même temps qu'elle la reconnaît insuffisante et nullement apte à être justifiée, peuvent s'ils sont reconnus comme tels, permettre de resituer le geste dans le contexte d'un sentiment d'altération, voire d'une véritable effraction mortifère et destructurante de l'image de soi.

La démesure du geste homicide pouvant alors faire écho au sentiment démesuré d'avoir été atteinte dans sa dignité, son orgueil, voire véritablement détruite."

Or, les crimes de viols aggravés - passibles de 20 ans de prison - n'ont pas été poursuivis, ni même pris en considération comme éléments justificatifs du meurtre. Il n'y a eu aucune instruction spécifique sur les viols; M. Scharr n'a pas été, à l'époque, inculpé.

S'agissant de M. Scharr il n'y a pas eu d'enquête spécifique : le juge d'instruction s'est limité à demander "une enquête complète de la famille Scharr en usant des conditions propres à sauvegarder l'honorabilité de la famille et en usant de la discrétion indispensable à vérifier la possibilité de tels faits" (viols par les Scharr).

Dès lors, il est logique que le rapport de l'Inspecteur divisionnaire Roland Segear, du service régional de la Police Judiciaire de Marseille (Antenne de Nice) commence ainsi : "Compte-tenu des précautions demandées par le Magistrat instructeur, pour l'exécution de ladite déclaration, en vue de sauvegarder l'honorabilité de la famille Scharr, il est à mentionné que les investigations effectuées tant à Paris que sur la région n'ont pas été faciles pour assurer totalement la discrétion exigée".

Malgré les limites imposées à cette enquête, le même policier rapporte : "M. Scharr, dans le milieu des "ferrailleurs" passe pour avoir été une relation intime de Joanovici, le fameux "Monsieur Jo",,"le passé judiciaire de celui qui est aujourd'hui "une victime" n'apparaît pas sans tâche". (...) "Au cours d'investigations entreprises dans la capitale, il a pu être appris que M. Scharr Georges aurait pu fréquenter des discothèques à caractère "échangiste ou voyeur". notamment 'chez Adam' rue Vavin Paris 14ème et à l'ancien 'Club 106' rue du Faubourg St Honoré. Les vérifications entreprises par la brigade des stupéfiants et du proxénétisme de la préfecture de police à Paris n'ont pas pu confirmer ou infirmer ce renseignement, bien que le nom et le visage de M. Scharr ne soient pas inconnus dans ces lieux".

Dès le début de l'instruction et jusqu'à sa clôture, toutes les recherches ont été orientées en fait pour accréditer la thèse de la partie civile, selon laquelle il s'agissait d'un "crime crapuleux" (Déclaration de Me Jean-Paul Guyonnet, avocat de la partie civile à l'AFP, le 18 aout 1987) : le vol aurait été le mobile de l'assassinat. Il a fallu attendre la clôture de l'instruction et l'arrêt de renvoi de la chambre d'accusation du 10 mai 1989 pour lire et entendre que ce mobile devait être écarté :"Pas plus que l'enquête sur le fond, les renseignements recueillis sur la personnalité de Véronique Akobé n'ont permis à l'enquête judiciaire d'établir une hypothèse solide sur les mobiles expliquant son crime".

Les viols non pris en considération, le mobile du vol écarté, Véronique Akobé a été condamnée à vingt ans de prison. Comment peut-on concevoir de condamner à une peine aussi lourde sans avancer une explication à un acte aussi grave ?

D'autant que concernant le meurtre, le dossier révèle de graves insuffisances.

D'une part, il subsiste des doutes sur l'heure du meurtre, la position du corps de Thierry Scharr, les blessures et les cicatrices de Georges Scharr, les armes utilisées.

D'autre part, on constate un manque de rigueur dans le recollement des éléments de preuves, une manipulation des scellés, ainsi que la destruction, quelques heures après le meurtre sur décision de Mme Scharr de faire appel à l'entreprise de nettoyage de M. Galgani, d'éventuelles pièces à conviction; celui-ci a déclaré

" Il était 21 heures (...) Mme Scharr était présente (...) (on m'a) demandé de procéder au nettoiement, et, notamment, de débarrasser toutes les affaires appartenant à la bonne, ses vêtements et la literie qu'elle avait utilisée (...) Elle m'a, alors, demandé de tout bruler Ensuite, cette dame m'a conduit dans la salle d'eau de la chambre de la bonne et m'a demandé de tout jeter (...) Le monsieur qui a fait appel à mes services m'a ensuite demandé de nettoyer toutes les taches de sang qui se trouvaient dans l'appartement. En même temps, mes employés nettoyaient la chambre des époux Scharr ainsi que celle de leur fils tué dans laquelle j'ai remarqué deux traces de mains ensanglantées qui tachaient le tissu mural. Ils ont arraché toute la moquette souillée de sang ainsi que la tapisserie murale atteinte par le sang (...) J'ai amené les divers objets que l'on m'avait demandé de détruire à la décharge municipale de Vence, le lendemain. (...) Je précise que j'ai brûlé la literie de la bonne (...) Mme Scharr a même dit que je pouvais tout passer à l'incinérateur."

Cette nouvelle lecture du dossier constitue l'élément nouveau justifiant la grâce avec autorisation de séjour sur le territoire français.

Aujourd'hui, Véronique Akobé demande au plus haut magistrat du pays de reconnaître, en la grâciant, qu'elle a été violée et qu'elle est devenue elle-même criminelle parce qu'elle a été victime de ces crimes de viol.

Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l'expression de mes sentiments dévoués.

Françoise Gallot-Lavallée,
Avocate de Véronique Akobé.


Justice pour Sarah Balabagan, justice pour Véronique Akobé!
Déclaration de l'AVFT

Envoyée à l'AFP le 30 Octobre 1995.

Aujourd'hui Sarah Balabagan, violée à 15 ans par son employeur, a été condamnée .... années de prison.

L'AVFT condamne ce jugement inique et se joint à toutes les initiatives menées pour la faire libérer.

L'Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail appelle toutes les personnes qui se sont mobilisées en faveur de Sarah Balagan à demander la libération de Véronique Akobé condamnée, le 1er février 1990, par le tribunal de Nice, à 20 ans de prison, dont deux tiers incompressibles, pour le même crime.

Cette jeune ivoirienne de 23 ans, en situation irrégulière, avait elle aussi été violée à trois reprises par son employeur, Georges Scharr, 63 ans, industriel richissime, et son fils, 22 ans. "L'un me tenait, l'autre me violait et me sodomisait" a-t-elle déclaré lors de son procès. Véronique Akobé, catholique pratiquante, décrite comme "un petit bout de femme toute douce, gentille, réservée, toute menue" a tué le fils et blessé le père. "Ils ont tué quelque chose en moi, quelque chose de ma vraie personnalité" a-t-elle déclaré.

Une psychologue a récusé l'existance de tendances affabulatoires chez Véronique Akobé; elle a précisé en outre que les tests et les entretiens correspondaient à ceux recueillis habituellement aurprès des femmes violées. Un rapport médical établi sept mois après le crime a indiqué que les troubles fonctionnels qu'elle décrit avec précision résulterait d'un viol; l'examen clinique permettait de voir des séquelles d'un viol anal.

Même l'avocat général lui même avait écarté le mobile du vol, thèse défendue par la partie civile. "Pour voler ce serait-elle livré à ce massacre ? Non ce n'est pas sérieux". Il a pourtant demandé 15 ans d'emprisonnement.

C'est au nom d"un complexe de persécution nourri par la condition démigrée clandstine, crime d'une femme perdue, crime de l'inadaptation et de la solitude morale"que Véronique Akobe, sur des préjugés de classe, de sexe, de race a été condamnée. Ses paroles :"pourquoi ne me croyez-vous pas" "J'ai tué pour laver mon honneur" n'ont pesé d'aucun poids face à la convergence des interêts.

Véronique Akobe avait été défendu notamment par maître Peyrat, représentant à l'époque du Front National à Nice qui n'a pas plaidé la légitime défense et n'a pas retenu l'hypothèse duviol. "Nous sommes dans les domaines inconnus du psychisme" a-t-il déclaré.

; OU BINE n'avait pas été non plus convaincu de la réalité des viols. et pourtant véronique aTous les arguments avancés pour expliquer les meurtres: fantasme, vol se sont avérés incapables d'expliquer ce double murtre.

Véronique a été condamnée sur ces préjugés de race, de classe et de sexe.

Elle est actuellement en prison à Rennes et a obtenu une réduction de peine de 6 ans. Un pourvoi en cassation a été rejeté le 24 janvier 1991. Elle est libérable en 2001.

Crime: 2 aout 1987. émigrée sans papier Tous les experts ont conclu qu'elle avait subi des violences sexuelles. mais son employeur le nie.

Aucune autre explication que le viol n'était plausible.


Extraits des messages de solidarité reçu par l'AVFT

Solidarité

Sexisme, racisme et violences faites aux femmes

Sarah Balabagan et Véronique Akobé

Justice


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