Lois Pasqua, lois de la dernière chance

par Jean-Claude Barreau [débat]


lemonde du vendredi 28 avril 1995 (Horizon-débats).

LES candidats de la majorité ont eu tort de ne pas parler du travail considérable accompli par cette majorité pour la maîtrise de l'immigration.

Les associations de défense des immigrés ont tort de vouer les lois Pasqua aux gémonies.

Ces lois sont des lois raisonnables qui ont mis à jour l'ordonnance de 1945 sur l'entrée et le séjour des immigrés. Ces lois n'ont pas pour but de mettre fin à l'immigration paisible et régulière (asile, regroupement familial, vrais étudiants, visiteurs, etc.). Au contraire, alors que les gouvernements de gauche avaient maintenu contre toute vraisemblance le mythe de l'immigration zéro (mythe destructeur : quand on dit aux gens que personne ne rentre et qu'ils voient des gens rentrer, ils perdent confiance dans les dirigeants), les lois Pasqua y ont mis fin et le ministre parle maintenant d'immigration irrégulière zéro.

L'immigration irrégulière est en effet le vrai problème. Tout le monde y est en principe hostile, mais les lois Pasqua seules essayent d'y mettre fin en luttant contre les détournements de procédure (visas indéfiniment prolongés, mariages blancs, travail au noir) et en organisant une expulsion rapide des contrevenants. Il faudrait d'ailleurs que la diplomatie de la France prenne en compte les problèmes de l'immigration. La principale cause d'échec des expulsions consiste en l'attitude des consulats étrangers, qui refusent de reprendre leurs ressortissants.

La France a les moyens de rappeler les Etats étangers au respect de nos lois. L'Allemagne et l'Angleterre le font.

Les associations de défense des immigrés feraient mieux d'aider les pouvoirs publics à discerner parmi les irréguliers les vrais cas humanitaires (de nombreux Algériens persécutés ont été accueillis, contrairement à ce qu'on dit) plutôt que de déclarer que « l'immigré a toujours raison », au risque de renforcer le vote Le Pen. Lionel Jospin, dans son premier meeting, reconnaissait du mérite aux lois Pasqua. Maintenant, poussé par le lobby «i mmigrationniste », il veut les abroger.

N'oublions pas que c'est précisément cette attitude irresponsable qui a permis à la gauche de faire passer le vote Le Pen de 1 à 15% en quatorze ans !

Enfin, les immigrés réguliers ont des droits mais aussi des devoirs, ce que les associations ne leur disent jamais : le devoir de respecter les lois de la République, de ne pas heurter les coutumes des premiers occupants, de s'intégrer.

Immigrer, c'est changer d'histoire. Venir dans un pays nouveau : l'histoire de ce pays sera celle des enfants de l'immigration. Le passé de l'immigré né en France, c'est Henri IV et Valmy, non plus celui de ses parents.

Quand on vient dans un pays en voulant y garder son histoire et ses lois, cela s'appelle la colonisation. Les Grecs qui s'établissaient à Marseille dans l'Antiquité n'étaient pas des immigrés mais des colons.

La tradition de la République française est au contraire celle de l'assimilation des nouveaux arrivants.

Maintien d'une immigration régulière raisonnable, arrêt de l'immigration irrégulière, assimilation républicaine, les lois Pasqua ont bien du mérite. Elles sont la dernière chance de poursuivre la tradtion française d'immigration paisible. Si les dames patronnesses de gauche leur faisaient obstacle, la prochaine loi, c'est Jean-Marie Le Pen qui la ferait.


Jean-Claude Barreau, est conseiller de Charles Pasqua, ministre de l'intérieur, pour les questions d'immigration.