Immigration et souveraineté nationale

par Monique Chemillier-Gendreau (*) [débat]


ouestfrance du mercredi 26 février 1997 (Débat).

[Le Gouvernement a oublié que les dérives fascisantes commencent toujours par des mesures contre les étrangers. Le résultat de Vitrolles l'a opportunément rappelé.] Avec le projet de loi contre lequel s'insurge une partie importante du peuple, des droits et libertés supérieurs à toute loi et internationalement reconnus sont entamés : pour les Français celui de recevoir qui l'on veut sans contrôle ou celui d'épouser quelqu'un d'une autre nationalité et pour les étrangers le droit de vivre en famille, de recevoir l'asile lorsqu'on est persécuté, de recevoir des soins, de poursuivre des études. Abusant de la souveraineté nationale qui lui a été confiée, le pouvoir se justifie d'un mot : il faut maîtriser l'immigration. Le pays anesthésié par la « crise » a vu là longtemps une évidence et en se réveillant pose enfin les questions capitales.

Ainsi il n'y a pas de fondement rationnel à ce qui se prépare. Le Gouvernement et sa majorité abusent de la souveraineté nationale pour masquer leur incompétence à résoudre la crise et immigrés et exclus sont victimes ensemble d'une politique de concentration des richesses.]


(*) Membre du Collège des médiateurs pour les Africains sans-papiers.