CIRCULAIRE DU 11 OCTOBRE 1999

Réponse du CSP 59 (Lille) à l'argumentaire de Quinqueton

Novembre 1999 [bok.net/pajol]


Comité de Défense des Droits des Sans-Papiers
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Commentaire de l'argumentaire de Monsieur Patrick Quinqueton pour expliquer la circulaire du 11 octobre 1999


N'en déplaise aux « bien pensants », le rôle d'un ministre est de faire appliquer la loi. Voilà ce que nous rappelle en substance le porte-parole du ministre de la police. C'est donc en toute légalité que le porte-parole du ministre de la police peut affirmer: "La politique en matière d'immigration est désormais équilibrée. La loi de 1998 a ouvert de nouveaux droits aux étrangers, elle facilite le séjour des personnes qui ont, à titre divers, des liens avec notre pays. Elle a pour corollaire le refus d'installation de ceux qui, venus irrégulièrement, ne peuvent revendiquer de tels liens."

Rappelons que le ministre de la police avait déjà exprimé sa conception de l'équilibre lorsqu'il expliquait, en décembre 1997, alors que les dossiers de demande de régularisation n'avaient pas encore été étudiés, qu'il y aurait environ 50% de régularisés. Il faut alors rappeler que même ces 50% l'ont été grâce au mouvement des Sans-Papiers.

Aujourd'hui le ministre de la police, et le gouvernement derrière lui, veut en finir avec ce mouvement qui salit sa belle image de gauche. On veut bien chasser le métèque, mais quand on est "de gauche", il ne faut pas que cela se voie. Alors que les métèques se taisent et le gouvernement pourra retrouver son aura "de gauche".

Quant au sbire du nùnistre de la police chargé de blanchir l'image de son chef, Il s'efforce de nous faire croire combien les expulsions sont bonnes pour les expulsés puisque la procédure d'expulsion «est prévue pour éviter aux irréguliers une condamnation pénale". Faut-il dire merci à notre généreux ministre? d'autant que ces expulsions se font "aux frais de la République française ».

Et le sbire de service de rappeler que « refuser la reconduite des irréguliers signifierait cautionner, apporter un appui aux filières de travail clandestin ». On évite ainsi que les irréguliers deviennent « l'armée de réserve du capital ». Supprimer les exploités, Il n'y aura plus d'exploiteurs, Il fallait y penser et le ministre de la police peut ainsi mettre en avant son attachement aux valeurs républicaines. Triste temps lorsque le ministre de la police d'un gouvernement « de gauche » peut faire passer une politique xénophobe pour la défense des valeurs républicaines, mais triste temps aussi lorsque ses collègues ministres « de gauche », tenus par ce qui relève moins d'une solidarité ministérielle que du corporatisme des gens de pouvoir, se taisent devant ses agissements, que ce soit par conviction ou que ce soit par lâchetés.

Combien de temps faudrait pour que la gauche se réveille de la léthargie dans laquelle l'a plongée un gouvernement qui déclare son impuissance devant les nouvelles forces financières et qui se rattrape contre ceux qu'il veut considérer comme des parias pour mieux s'en débarrasser?

Combien de temps, faudra-t-il pour que la gauche chasse de ses rangs les charlatans qui, en son nom, mettent en place systématiquement xénophobie d'état et chasse aux métèques.

Combien de temps, faudra-t-il pour que la gauche retrouve les valeurs de solidarité sur lesquelles elle s'est construite?

Comité de Défense des Droits des Sans Papiers 59