par Jean et Jacques Cardonnel | [débat] |
NOUS sommes sidérés devant la similitude des ascensions du national-socialisme hitlérien dans les années 30 et du Front national en 1997 : l'une et l'autre par la voie légale et électorale. L'une et l'autre également « résistibles ».
Dans les deux cas, l'édulcoration de l'exigence d'humanité par ses champions traditionnels (Eglises, démocrates et forces de gauche) devient coupable d'une montée politique de l'inhumain. Elle fait la courte échelle à la « bête immonde » qui crie : « J'ai le don de simplifier les problèmes » (Adolf Hitler).
En effet, face au chômage, à l'insécurité, la même clameur retentit : c'est la faute à l'étranger, au juif, au métèque, à l'affameur des bons autochtones, des bons Allemands, des « Français de souche ».
Tous ceux qui se réclament de la superbe devise de la République, « Liberté, égalité, fraternité », ont ainsi plus peur d'être taxés de naïveté, d'utopie, que de ne plus rien attendre de l'homme, tant la mondialisation par les lois économiques traduit l'idée perverse d'une nature humaine foncièrement égoïste ; la formule traditionnelle « l'homme est capable de tout » n'étant entendue qu'au sens restreint « tout homme est capable du pire » !
A trois ans du deuxième millénaire après Jésus Christ, deux cents ans après la Déclaration des droits de l'homme, qu'a-t-il bien pu se passer pour que, à la faveur des lois Pasqua et Debré, les législateurs de la Vè République, veuillent - ô stupeur ! nous ramener légalement à la barbarie des temps où l'étranger était le bouc émissaire responsable de tous les maux ?
Faut-il que nous ayons régressé de deux mille six cents ans au point que les autorités religieuses judéo-chrétiennes elle-mêmes ne proclament pas ce qui est contenu dans le livre le plus ritualiste de la Bible, le Lévitique : « L'étranger qui réside avec vous sera comme l'autochtone, ton compatriote parmi vous. Aime-le comme toi-même » (Lévitique, 19, 33-34).
Quand donc l'Eglise, d'accord avec l'humanité, aura-t-elle la lucidité et le courage d'opposer le démenti au contresens monstrueux de Jean-Marie Le Pen : « Le Christ nous demande d'aimer notre prochain, mais pas notre lointain ».