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Tout le monde sait qu'il est de plus en plus facile pour l'argent, les marchandises, et le capital de traverser les frontières des États-nations et de leurs territoires, que la diffusion de l'information ne peut plus être limitée, que les conflits politiques, sociaux, économiques ne peuvent plus être réduits à une échelle nationale.
Il a toujours été vrai qu'il est difficile d'empêcher les gens de traverser les frontières. Pour certains, c'est la chose la plus naturelle de se dépacer, d'aller et venir d'une région à une autre. Toutes ces raisons, mêmes vagues ou pratiques, sont légitimes.
Mais pour la plupart des gens aujourd'hui, il est plus difficile que jamais de traverser les frontières. Les frontières territoriales pour certains États-nations sont remplacées par une nouvelle sorte de frontière, qui n'est plus seulement une ligne de démarcation entre la prospérité et la pauvreté. Les nouvelles frontières avec leur nouvelle logique, créent de nouvelles conditions dans lesquelles la minorité a le privilège de la liberté de mouvement tandis que la majorité est obligée de rester en place. Et ces nouvelles données amènent de nouvelles relations de dépendance et d'exploitation.
Le régime des frontières n'est plus affaire de fortifications. Les frontières délimitent des régions entières où de nouvelles technologies de surveilance et de contrôle sont testées. Les frontières se déplacent et redéfinissent des zones de transit, le long des autoroutes ou autres voies de communication. Des pays entiers sont aujourd'hui des zones de frontières, où tout le monde peut être contrôlé, même en l'absence d'infraction, le contrôle au faciès y devient la routine.
Pour établir ces nouvelles frontières, les hommes politiques encouragent ou créent un climat d'incertitude, de méfiance. De cette manière, ils espèrent créer un consensus autour de leur politique et de leurs critères d'exclusion. Aujoud'hui, les frontières ne signifient pas suelement des patrouilles para-militaires avec des technologies sophistiquées, réprimant sévèrement les franchissements iillégaux. Cela signifie également mener des campagnes de dénoncitation, de bouc-émissairisation, pour développer un sentiment de rejet et de suspicion, sans tenir compte d'événements spécifiques. "Propagande" n'est pas le mot juste. Il s'agit plutôt d'un véritable "lavage de cerveau".
Ceux qui aident les réfugiés, qui étaient jadis des figures héroïques, ont maintenant une nouvelle image, celle de l'Ennemi Public n° 1, les exploitants, les esclavagistes, les "coyottes", les "traficants de migrants".
Le campement 99 est le prochains effort pour s'opposer à ces campagnes de dénonciation, et soutenir *tous* les gens qui veulent ou doivent résister à cette machination. Notre méthode et nos buts sont l'éducation, pure et simple - mais nous recourrerons à des expérimentations tactiques, des divertissements, et des actions subversives. Notre but est de mettre en place des contre-mesures qui non seulement démasquent la barbarie de ce nouveau régime des frontières, et mais également le stopent là et quand c'est possible.
La lutte contre les frontières est une lutte contre les caméras infra-rouges, et le contrôle diffus et décentralisé le long des frontières. C'est aussi une lutte contre le rejet et la haine racistes. Nious savons que cette lutte n'est pas sans espoir : beaucoup trop de gens, l'immense majorité, a un intérêt vital à pouvoir choisir là où elle s'installe. Et personne ne peut dire que cela revient à ouvrir les frontières : où et comment les gens veulent vivre, si on les laissent libre de choisir, cela ne fait que traduire la situation politique et sociale.
Mais ce campement de 98 était seulement un début. Du 7 au 15 août 1999, les tentes seront installées près de Zittau à la frontière germano-tchequo-polonaise. Nous prévoyons, entre autres, pour ce campement de montrer plus de diversité : avec les groupes anti-fascistes et anti-racistes, des activistes politiques et médias, des pirates vidéo et radio, des musiciens, des artistes, et des gens de toutes les parties de l'Europe prendront part à l'organisation du campement. Les groupes anti-racistes appellent tous les gens à organiser des actions aux frontières extérieures de l'espace Schengen.
Les frontières sont chargées de signification symbolique - c'est pourquoi des actions aux frontières ont une forte charge symbolique. Il y a un grand éventail de possibilités d'intervention - des actions de "guérilla de communication" aux traditionnelles campagnes d'information. Conformément à la propagande gouvernementale, la protection des frontières est rendue possible largement grâce à la collaboration des populations pour dénoncer les "personnes suspectes". Saboter le régime des frontières signifie entre autres, s'attaquer à cette collaboration.
Le principe le plus important de la structure organisant le campement est le respect mutuel et la confluence de différentes activités et perspectives politiques. Nous voulons discuter sur les désaccords, ceux concernant la relation entre les "nouveaux" et les "anciens" médias, les perspectives politiques, et les catégories analytiques. Et nous voulons le faire d'une manière productive avant et pendant le campement, pour établir les bases du respect et de la coopération après le campement. Ces différences ne seront pas évacuées du programme. Au contraire, nous prévoyons des actions et des concerts aussi bien que des ateliers et des rencontres pour que les activistes discutent ces aspects politiques qui nous échappent dans la vie de tous les jours (la plupart d'entre nous n'ont tout simplement pas le temps). Nous discuterons de nouveaux points du militantisme anti-raciste et mettrons en place de nouvelles actions pour l'automne et l'hiver. Avec des participants d'Europe de l'est, nous discuterons du déplacement des zones de contrôle frontalier vers les pays voisins de l'Europe à l'est, et nous développerons des manières d'aborder la répression contre les réfugiés et migrants illégaux que l'Europe encourage dans ces zones.