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Date: Thu, 22 Aug 1996 01:21:20 +0200
From: Philippe Vigouroux <pilpo@worldnet.fr>
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Subject: Tract distribue sur Aubagne(13)

Voici le texte d'un tract distribue ces jours sur Aubagne par
l'association Ballon Rouge pour sensibiliser la population.

En esperant de bonnes negociations, et que ces hommes et ces femmes,
enfants puissent rester sur le sol francais.

LE BRAS DE FER CONTRE LES BRAS DE CHAIR

Avec une loi rétroactive, les lois Debré-Pasqua ne visent pas à stopper
l’immigration puisque c’est fait, mais à renvoyer ceux qui pourraient
prétendre légalement à leur régularisation.

L’immigration en France, a été stoppée depuis belle lurette. Les
contrôles aux frontières se sont révélés extrêmement efficaces ces
dernières années. Et si quelques uns passent encore à travers les
mailles du filet, dire que l’immigration ne fait que s’accroître n’est
que pur mensonge. Hier, les charters d’Edith Cresson oeuvraient parce
que nous ne pouvions accueillir toute la misère du monde. Aujourd’hui,
nous assistons au glissement de la droite vers son extrême qui avalise
les propos du front national en appliquant ce que ce dernier préconise
à propos des immigrés. Malheureusement, depuis deux décennies, la
population française a été éduquée par l’agitation de cette boîte aux
pandores, oubliant par là même, et la participation des bataillons
africains à la libération de la Provence en 1944, et les principes
fondamentaux de la république : liberté, égalité, et fraternité.
L’attitude répressive et brutale du gouvernement vis à vis des africains
sans-papiers ressemble étrangement à celle de nos nombreux maires ( de
gauche et de droite) qui virent manu-militari les SDF des centres
villes. Encore une fois, ce n’est plus la misère qui est combattue, ce
sont les miséreux.
Dimanche 18 août, Eric Raoult, ministre délégué à la ville déclarait «
on ne peut surcharger le bateau de plus en plus » faisant peut-être
allusion à une galère ou à l’arche de Noé. Si l’on changeait le terme
bateau par gâteau que nous partagerions, cela irait beaucoup mieux. Or,
nous vivons dans une logique d’exclusion qui lamine la population en
commençant par le plus vulnérable. Le problème est que la vulnérabilité
s’étend. Où enverra-t-on Monsieur Dupont quand viendra son tour ? Ne
soyons pas dupes : pour ceux qui tirent les ficelles, nous sommes tous
des africains. Depuis le début de cette soi-disant crise économique, des
fortunes aux chiffres vertigineux se sont accumulées, la bourse ne s’est
jamais si bien portée. L’écart entre le riche et les pauvres n’a jamais
été aussi grand. Aussi est-il plus facile, pour le gouvernement avec son
arsenal médiatique, d’accuser sur le crève misère que de regarder dans
ses propres affaires politico-financières.
Le courant de sympathie qui accompagne les sans-papiers de l’église St
Bernard n’est pas le fait d’une poignée d’ « irresponsables » comme
voudrait le faire croire notre ministre de l’intérieur, mais le cri ô
combien respectable de personnes indignées par ce comportement
nauséabond à l’encontre de l’être humain. Alors, pour ceux qui risquent
leur vie par leur ultime combat sans s’alimenter, pour ceux qui les
soutiennent et pour nous même, demandons au gouvernement d’ouvrir la
table des négociations et que soient pris en compte tous ces appels de
détresse avant l’irréparable.

Luc Le Roux.