Nous ne voulons pas d'une Europe xénophobe et liberticide. Hier, l'Europe colonisait, asservissait, réduisait en esclavage, déportait et assassinait. Aujourd'hui, elle s'entoure de barbelés, elle érige de véritables camps d'internement, elle fiche et dénonce, elle expulse... Tout cela pour réprimer une population dont la seule faute est d'avoir une autre nationalité.
Car être réfugié ou étranger est un crime aux yeux des autorités européennes. Dix ans après la chute du mur de Berlin, la police allemande n'hésite pas à ouvrir le feu pour empêcher les réfugiés de franchir la frontière avec la Pologne. Des centaines de migrants meurent de noyade en tentant de traverser le détroit de Gibraltar. A Trieste en Italie et dans l'Adriatique, ceux et celles qui fuient la guerre et son cortège de massacres et de misère sont refoulés pars les carabiniers italiens. En France et en Belgique, des prisons spéciales appelées « zones d'attente », « centres de rétention » ou « centres fermés » privent des milliers de personnes d'une liberté fondamentale : celle de circuler et de s'installer.
Nous ne voulons pas de cette Europe forteresse qui se construit. Une Europe, véritable citadelle assiégée dans un monde ou 20% de la population résidant dans les pays les plus riches se partage 86% des richesses mondiales. Nous ne voulons plus de ce monde où un milliard d'êtres humains se trouvent dans l'incapacité de satisfaire leurs besoins essentiels : s'alimenter, se loger, se soigner, apprendre, se faire plaisir...
Plusieurs États européens continuent d'expulser des malades du sida, ou atteints d'autres pathologies graves, vers des pays sans système de santé. Ces mêmes États refusent des visas d'entrée à ceux et celles qui souhaiteraient avoir accès aux traitements disponibles uniquement dans les pays du nord. Ceux-ci confortent l'inégalité des droits entre nationaux et étrangers en interdisant l'octroi de minima sociaux et l'accès à une véritable protection sociale aux sans-papiers.
Accepter l'Europe telle que les États et les gouvernements européens - de droite comme de gauche - la conçoivent, c'est accepter la vision d'un monde où inégalités et misère régneraient tandis qu'une minorité monopolisant l'ensemble des richesses mondiales se protégerait par tous les moyens. Et ce, avec la complicité des entreprises de transport transformées en sociétés de contrôle et de sécurité immobilisant les victimes du chômage et de la précarité dans leurs quartiers ou villages d'origine. Tolérer cette situation revient à accepter un apartheid mondial.
Ce qui est valable pour la planète l'est aussi pour cette Europe où l'apartheid social s'installe : ghettoïsation de centaines de quartiers quadrillés par les forces de l'ordre, contrôle social oppressant, encadrement par le chantage à l'insertion, massification de la précarité... Car les travailleurs, chômeurs, précaires en lutte avec ou sans papiers sont bien placés pour le savoir : la misère, l'exploitation et la répression, elles, n'ont pas de frontières. .
Nous nous associons aux acteurs et actrices de la campagne européenne contre les camps de rétention pour que la liberté de circulation et d'installation ainsi que la réappropriation et le partage des richesses deviennent une réalité et ne se limitent pas à de simples positions de principe.
Exigeons :
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Signatures au 17/3/99
Collectif régional des sans-papiers d'Ile-de-France, Collectifs
anti-expulsion (Ile-de France, Lille, Nantes, Reims), Collectif contre les expulsions
(Bruxelles, Gent), Autonome Vluchtelingensteungroep, AC !,
Act Up-Paris, Confédération
nationale du travail (CNT), Migrants
contre le Sida, Organisation communiste libertaire (OCL),
Réseau No Pasaran,
Scalp-Reflex...