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MANIFESTATION NATIONALE
LE SAMEDI 21 AOÛT 1999 À 15 HEURES DE COURONNES À SAINT BERNARD
Trois ans après les coups de hache de la gendarmerie française sur l'Eglise Saint Bernard, Bogdan Wszebydil se suicide à Toulouse pour les papiers, Yaguine Koïta et Fodé Tounkara s'offrent en sacrifice pour que les jeunes et les enfants d'Afrique comptent dans ce monde. Ces morts pèsent peu pour les gouvernements européens dont la politique a pour horizon d'expulser par milliers les étrangers de leurs pays et de fermer leurs frontières pour se protéger d'une hypothétique "invasion de leurs territoires par les pauvres".
Il y a trois ans, le gouvernement français, incapable de répondre politiquement aux sans-papiers de Saint Bernard, refusait de les régulariser et envoyait des centaines de gendarmes et policiers lourdement armés sur l'Eglise Saint Bernard. Ils marchèrent sur les centaines de personnes massées autour de l'église en soutien aux sans-papiers, en fracassèrent les portes à coups de hache pour expulser les étrangers sans-papiers qui s'y étaient réfugiés.
Depuis cet événement emblématique de la politique européenne sur les étrangers, peu de semaines se sont passées depuis trois ans sans un cortège de scandales rappelant l'hostilité de l'Europe aux populations des pays pauvres contraints à l'exil. Qu'il s'agisse de tentatives périlleuses d'accès à l'Europe, qu'il s'agisse de conditions inhumaines faites aux étrangers dans les centres de rétention ou dans les prisons où ils sont aujourd'hui plus de trois mille n'ayant commis aucun autre délit que d'être sans-papiers. Qu'il s'agisse de Sémira Adamu étouffée par la police belge jusqu'à la mort, de Marcus Omafuma étouffé par un sparadrap en Autriche ou de Aamiir Aageeb sous un casque Allemand la tête vers le bas, Moshen Sliti laissé mort sans soin par la police française à Marseille ou l'une des autres 1365 personnes mortes entre les mains des polices européennes ou pour les fuir entre 1994 et 1998.
Et pourtant, c'est au grand jour que sur des chantiers de bâtiment, dans les cuisines et les arrière-salle des grands restaurants, sur les scènes des grands festivals, dans les ateliers de confection du grand prêt à porter, des sans-papiers sont employés pour leur savoir-faire sous évalué au mépris de la législation du travail.
Et depuis trois ans, face à des gouvernements, de droite puis de gauche nous poursuivons la même lutte pour les mêmes revendications nous heurtant aux mêmes obstacles des préfectures dressées comme des barricades à couvrir l'irresponsabilité des politiques.
Trois ans après Saint Bernard et pour la première fois un responsable national de notre lutte : ROMAIN BINAZON est arrêté en pleine préfecture de police après qu'un traquenard lui ait été tendu par la police. Cela est inacceptable et tous, nous réclamons sa mise en liberté immédiate. Nous dénonçons de tels procédés indignes d'une démocratie.
Trois ans après les coups de hache des gendarmes sur l'Eglise Saint Bernard, nous sommes toujours là, et notre lutte s'est étendue. Elle s'est étendue à l'Europe où nous comptons d'autres alliés, elle s'est étendue en resserrant les liens avec le mouvement social réel en France.
Trois ans après, plusieurs de nos camarades restent encore sans-papiers, confrontés à l'irresponsabilité du gouvernement et à l'arbitraire des préfectures. Trois ans après, ceux d'entre nous qui ont obtenu une première vignette précaire d'un an arrachée de haute lutte sont confrontés à de sérieuses difficultés de renouvellement, soumis aux mêmes tracasseries. Nous avons observé qu'à chaque fois que notre vigilance a baissé, ces renouvellements sont refusés pour les motifs les plus fantaisistes ; et quand nous les contournons, ils n'ouvrent à nouveau que sur une vignetted'un an ne permettant aucune vie stable (bail, compte bancaire, contrat durable de travail). Nous continuons de réclamer une véritable régularisation par une carte de résident.
Trois ans après, si la mort de Bogdan d'origine polonaise rappelle les conditions insupportables faites aux sans-papiers en France quelque soit leur origine, la mort de Fodé et Yaguine interpelle avec l'originalité cruelle que possèdent les enfants privés d'enfance, l'injustice qui marque les relations entre l'Afrique et l'Europe. La lettre que ces adolescents ont faite à l'Europe ne s'adresse pas qu'aux institutions ; elle interpelle les forces vives. Elle n'est pas qu'un appel pour les enfants d'Afrique, elle est aussi une plaidoirie pour ceux qui ont décidé de partir.
Trois ans après l'Eglise St Bernard, nous sommes toujours là et nous appelons avec les organisations qui nous soutiennent à manifester
Premiers signataires : COORDINATION NATIONALE DES SANS-PAPIERS, AC!, ATMF(Maroc), C.E.S ALGERIENS, CFDT-CHEMINOTS, CGT, COLLECTIF FEMINISTE RUPTURES, COMITE DES SANS-LOGIS,DROITS DEVANT!!, FTCR (Tunisie), JRE, LCR, LES ALTERNATIFS, LES VERTS, LUTTE OUVRIERE, PORTGAIS DE France ACTIFS ET SOLIDAIRES, SUD CRC-SANTE SOCIAUX, SUD CULTURE, SUD -PTT, SUD RAIL
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