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Coordination nationale
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L'AGRESSION CONTRE NOTRE CAMARADE AMINATA DIANE:
Un acte politique qui marque un tournant dans notre lutte

Edition Spéciale de la Lettre Hebdomadaire du Secrétariat
Numéro 5, 8 Février 1999

CONTRIBUTION DU SECRETARIAT NATIONAL: Faire échec à la provocation, avancer ensemble, gagner la régularisation globale.

ANNEXES :

  1. Extraits du Compte-rendu de l'AG du 7 Décembre 1997 à Lille
  2. Extrait du Rapport Général issu de l'AG du 29 mars 1998 à Evry
  3. Extrait de la note d'information du Secrétariat National du 17 Avril 1998
  4. compte-rendu de la Réunion Extraordinaire du 14 Juin 1998 au Havre
  5. Communiqué du Secrétariat National sur l'occupation au 94, rue JP Timbaud
  6. Note d'information du Secrétariat National à propos de l'AG du 03 Décembre convoquée par le "Collectif Ile de France"
  7. Courrier reçu de Valence

Camarades sans-papiers, amis de la lutte des sans-papiers,
Une agression d'une extrême gravité s'est produite le vendredi 22 janvier 1999 au siège de la coordination nationale des sans-papiers. Il y a eu agression physique, vol de matériel et de données; plus grave que tout cela, il y a eu tentative de viol sur notre camarade Aminata qui tenait seule ce jour là la permanence. Nous vous en avons informé par un communiqué le 24 janvier. Plainte a été déposée. Le Secrétariat national et Aminata elle-même ont reçu de nombreux témoignages de sympathie et réactions dont nous avons constitué un dossier que nous joignons à ce document .
Par les circonstances internes que croise ce grave événement, par son caractère, le choix même de la cible et la personnalité des auteurs de cette lâche attaque, cet acte est politique. En refusant cet acte en tant que modalité de règlement des divergences en notre sein, nous le traiterons dans tous ses aspects comme tel: un acte politique.
Depuis novembre 1997, il y a plus d'un an maintenant, le secrétariat de la Coordination Nationale des sans-papiers est animé par une équipe dans laquelle Aminata joue un rôle central. Cette équipe mise en place par l'Assemblée Générale des collectifs de sans-papiers s'est constituée dans la lutte; elle est constituée d'hommes et de femmes qui se sont forgés les qualités de dirigeants en apprenant à situer, résoudre les problèmes d'une lutte dure dans le respect des principes dictés, adoptés par vote par l'Assemblée Générale : la démocratie, l'esprit et le travail collégial, la régularité et l'efficacité dans la méthode, le respect dans le style, la fermeté au combat face à l'adversaire, la souplesse avec nos amis qui n'ont plus à prouver qu'ils nous soutiennent. Ces façons de faire ont chassé la suspicion paranoïaque et instauré une clarté dans le fonctionnement et la transparence dans la prise de décision
Il est vrai que le travail du secrétariat, son foctionnement même, ont souffert d'insuffisances importances, avec lesquelles aucune complaisance n'est tolérable. Nous nous attachons à les corriger, parce que nous avons conscience de la responsabilité qui pèse sur nos épaules.
Depuis plus d'un an, cette équipe subit quotidiennement les foudres d'un groupe constitué autour de Mme Madjiguène Cissé. Sous la forme d'attaques verbales, de tentatives multiples de contournement des structures qu'elle a elle-même beaucoup contribué à mettre en place, de dénigrements et d'agressions physiques, de sabotages des réunions, manifestations et initiatives sans lesquelles notre lutte ne pourrait vaincre ; ce groupe n'a rien négligé pour saper l'unité du mouvement sous des prétextes fantaisistes, en freiner l'allure quand il n'en a pas le contrôle formel ou qu'une parution de presse risque de lui échapper.
Comment cette personnalité symbolique et charismatique de notre lutte en est elle arrivée à la prendre pour cible obsessionnelle constante de ses actes et prises de position ? C'est l'une des questions auxquelles nous répondrons dans ce texte. Pourquoi, n'ayant jamais répondu sur la place publique aux attaques hystériques, nombreuses et cruelles que nous avons subies, que nous subissons de l'intérieur, nous résolvons-nous à écrire ici contre des gens qui formellement sont membres de notre mouvement ? Pourquoi rompre aujourd'hui avec cette ligne de conduite que nous nous sommes délibérément fixée dès les premières attaques verbales puis physiques ?
Pourquoi ce texte qui ne pourra s'abstenir d'être polémique malgré notre volonté assise sur la responsabilité de la légitimité tout en s'efforçant autant qu'il sera possible de rester serein ? Par blessure, par autodéfense, pour lever la confusion chez les nombreux amis dans et hors du mouvement qui s'interrogent ? Parce que ce groupe a franchi le rubicond et de bien sinistre manière. Il ne nous entraînera pas comme le poursuivant, le poursuivi. Cependant, le moment est venu de rétablir des vérités historiques, rappeler des faits que jusqu'ici, nous avions pudiquement conservés. Ces clarifications sont devenues une condition nécessaire de la poursuite de notre lutte pour la régularisation de tous les sans-papiers.
Ce groupe accuse le Secrétariat de la Coordination Nationale de divers crimes parmi lesquels : la confiscation de l'autonomie de la lutte des sans-papiers, la compromission de sa plate forme au profit de
mots d'ordre du mouvement de soutien, la collusion avec le gouvernement, l'exclusion, la violence, la dictature . Qu'en est il ?

D'ABORD UN BREF RAPPEL HISTORIQUE

La Coordination Nationale des collectifs de sans-papiers a été fondée par diverses volontés qui se sont concertées plusieurs fois pendant que des collectifs de sans-papiers naissaient en beaucoup d'endroits en France suivant l'exemple des sans-papiers de Saint-Bernard. Ces démarches ont abouti à une réunion qui s'est tenue en juin 1996 à Lille. Etaient présents à cette réunion des sans-papiers et des soutiens de Saint Bernard, de Seine Saint Denis et de Lille. Cette réunion a adopté un appel à la création d'une coordination nationale à l'image de la Coordination Régionale qui existait déjà en Ile de France. Un mois plus tard, le 20 juillet, à Paris, une nouvelle réunion s'est tenue qui a procédé à la fondation de la Coordination Nationale des Collectifs de sans-papiers par une déclaration qui en dessinera l'intention, l'esquisse de la plate forme.
D'emblée, l'obsession de la Coordination est d'apporter au collectif de Saint Bernard le soutien nécessaire pour en éviter l'isolement ou l'étouffement. La première manifestation de la Coordination Nationale sera la veillée aux bougies autour de l'église Saint Bernard. C'est aux réunions suivantes, en Octobre 1996 notamment, que sera mis en place le Secrétariat National. Entre temps, l'expulsion de l'église Saint Bernard, la féroce répression sur les camarades de Saint Bernard étaient des motifs rendant quasiment impossible l'organisation de réunions nationales, mais le relais fut tenu par la Coordination Régionale Ile de France. Cette réunion vit naître le débat sur la répartition des responsabilités dans le secrétariat. Un secrétariat-test fut mis en place pour fonctionner un mois et rendre compte. A la réunion suivante, un secrétariat constitué uniquement de sans-papiers sera mis en place comprenant Madjiguène (St Benard), Habiba (93), Salah Anouar (78), Walid (92), Kébé (94). Ce Secrétariat, avec divers remplacements fonctionnera plusieurs mois, rejoint par Zénon puis Romain (93), Salah Teiar et Sékou (94), André (92), Aminata, Tang puis Momar (3ème collectif), Mamadou (91). Quelques camarades passés très vite ont ils peut être été oubliés?
Ces précisions historiques permettront plus loin de comprendre la supercherie par laquelle plusieurs personnes sont aujourd'hui abusées.
Les détracteurs de la coordination Nationale des sans-papiers l'accusent de n'être constituée que de soutiens excluant les sans-papiers. Examinons ensemble les faits.
Quatre structures constituent la coordination nationale : l'Assemblée Générale des délégués de collectifs, les collectifs de sans-papiers, les coordinations départementales ou régionales, le Secrétariat National élu par l'Assemblée Générale. Les structures mises en cause si violemment par Mme Cissé et son équipe sont: l'Assemblée Générale et le Secrétariat.
L'Assemblée Générale : Elle est de fait l'instance souveraine de référence du mouvement. Celle des grandes décisions. Ses réunions sont préparées par le Secrétariat. Elles se tiennent en général une fois par mois.
En Octobre 1996, 32 personnes y représentaient 13 collectifs : 11 sans-papiers, 21 soutiens, soit environ 34 % de sans-papiers
En Novembre 1996: 31 délégués représentant 15 collectifs : 12 sans-papiers, 19 soutiens, soit environ  39% de sans-papiers
En décembre 96: 26 délégués représentant 12 collectifs :12 sans-papiers, 14 soutiens, soit environ 46% de sans-papiers.
En janvier 1997: 22 délégués représentant 12 collectifs : 7 sans-papiers, 15 soutiens, soit environ 32 % de sans-papiers
De Février 97 à Janvier 98, nous n'avons pas les chiffres.
Février 98 : 43 délégués représentant 19 collectifs : 31 sans-papiers, 12 soutiens, soit environ 72% de sans-papiers
Mars 98 : 26 délégués représentant 11 collectifs : 15 sans-papiers, 11 soutiens, soit 57% de sans-papiers
Juin 98 : 28 délégués représentant 9 collectifs, 22 sans-papiers, 6 soutiens, soit environ 78% de sans-papiers
Novembre 98 : 35 délégués représentant 19 collectifs ; 23 sans-papiers, 12 soutiens, soit 65% de sans papiers
Il faut préciser que dans le décompte, les sans papiers régularisés pendant la lutte sont comptés sans-papiers. Nous entendons par régularisés : précairement régularisés.

DEUX ORIENTATIONS, DEUX METHODES

La première constatation que l'on peut faire à partir de ce rapport chiffré est que d'octobre 96 à Janvier 97, les soutiens sont effectivement majoritaires dans la représentation des collectifs lors des AG. Il est difficile d'imputer ce fait au secrétariat actuel mis en place en décembre 97. Depuis février 98 au moins, cette tendance s'est simplement inversée. Cela, on peut éventuellement l'imputer à l'équipe qui se fait agresser rue Jean Pierre Timbaud. Voilà qui est beaucoup plus clair et plus précis que les considérations vagues du genre : "même si quelques délégués sans-papiers ont émergé dans certains collectifs, ils ont rapidement été mis à l'écart à partir du moment où ils ont manifesté un besoin d'autonomie" ( Voir lettre de Madjiguène Cissé et Salah Teiar du 5 mai 1998). A moins qu'on ne nous démontre que des missions ont été envoyées dans les collectifs pour trier et sélectionner des délégués sans-papiers ne voulant pas d'autonomie?
La réalité est que depuis que le secrétariat a été modifié dans son style de travail, dans ses méthodes, dans sa composition, les sans-papiers sont passés de moins de 40% dans l'Assemblée Générale à plus de 70% en moyenne. Confrontée à la réalité incontestable, on voit bien que la critique faite au secrétariat de confisquée la lutte des sans-papiers soumis au desiderata des soutiens est une supercherie d'une malhonnêteté inqualifiable. Ceux qui les profèrent ne le font pas dans l'ignorance mais c'est volontairement qu'ils tronquent, inversent la réalité à ce point, dans le seul but d'abuser ceux qui n'ont pas les moyens de vérifier ou qui, par confiance, ne se donnent pas cette peine. Voilà pour informer un peu mieux ceux qui écrivent : "La coordination nationale doit redevenir l'outil de lutte dont les sans-papiers ont besoin : elle doit être auto-organisée et animée par les sans-papiers eux-mêmes et seulement eux" (vous noterez l'injonction), tout en donnant juste à côté ses propres coordonnées et non celles des sans-papiers pour les contacter (journal L' Égalité n°66 p.8).
Serait-ce pour répondre à cette injonction que, de façon tout à fait outrancière, des personnes qui se réclamaient ce jour de la délégation de Saint-Bernard, ont tenté d'empêcher un délégué de Lille, investie de la confiance des sans-papiers de son collectif, de prendre la parole à l'Assemblée Générale de Saint-Denis, sous prétexte que "ce n'est qu'un soutien" (sic !), "qui bâillonne les sans-papiers.". Les mêmes personnes ont tenté le même jour d'empêcher un soutien de Saint Denis de s'exprimer. Ce sont les sans-papiers de Lille et Saint Denis qui, ce jour-là, ont vertement riposté à ces agissements, et exigé fermement que les délégués de leurs collectifs, y compris les dits "soutiens", s'expriment librement. Animée par les mêmes conceptions, Mme Cissé a, elle, proposé sans rires, lors de l'AG du 17 Janvier 1999, que seuls les sans papiers votent, et nom les délégations des collectifs !

Le Secrétariat : Depuis sa création, il n'a pas compris un soutien hormis le mois d'octobre-novembre 1996 (voir en annexe n°4, le texte de la réunion d'étude et de clarification du Havre). En mars 1997, à Colombes, sur proposition insistante de l'Assemblée générale, un sans-papiers et un soutien ont été désignés pour apporter un soutien logistique et technique au secrétariat National qui, de façon récurrente, posait le problème de sa surcharge de travail reposant sur quelques épaules.
Ces faits ne démontrent-ils pas suffisamment, sans même les discuter, la mauvaise foi manifeste qui entretient la rumeur que la Coordination nationale est constituée de soutiens qui déposséderaient les sans-papiers de leurs structures? Ou alors s'agit-il d'une cécité sélective empêchant d'observer, avec les régularisations et les démobilisations, la circulation dans la composition de la structure?
Mais le fond est qu'on cherche délibérément à nous éloigner du vrai débat en nous rabaissant à un débat de personnes. Le fond est qu'il y a divergences sur la méthode, le style, la tactique et le cadre de notre lutte. S'il n'y avait qu'un point d'accord, ce serait la formulation de la plate forme : La Régularisation de tous les sans-papiers ; l'arrêt des expulsions et le retour des expulsés ; la libération des détenus sans-papiers ; l'abolition de la double peine ; l'abrogation de toutes les lois anti-immigrées. Mais entre la formulation et la mise en oeuvre, il y a une sacrée distance que nos amis s'épargnent, par une politique de l'appât et du coup spectaculaire faisant l'économie du travail minutieux de construction au quotidien, gage de tout résultat durable. C'est cela l'enjeu véritable : gagner la régularisation globale de tous les sans-papiers en mettant à contribution toutes les forces, toutes les énergies capables de faire balancer le rapport de forces en notre faveur. Unir toutes nos forces sur des bases saines et par le harcèlement systématique, étouffer le gouvernement sur la question nous concernant en le coupant de ses arrières idéologiques et politiques. Prendre à témoin l'opinion en restant visible au lieu de nous perdre dans les méandres des compromissions politiciennes. Rester concentrés sur nos objectifs et remplir chaque parcelle de ce terrain pour tenir haut nos propos comme nous avons su le faire sur les lois Debré. Entretenir une relation interne avec le mouvement social, une relation d'alliance et de solidarité qui passe par des luttes et des implications communes, des concessions mutuelles, des échanges et la recherche patiente de solutions à nos divergences en sauvegardant l'autonomie et la spécificité de chacun, ce, dans le seul but de renforcer notre camp.
Il apparaît dès lors que les modifications de la structure du secrétariat, effectuées à Lille, sont des modifications de fond qui concernent la seule question qui importe : comment et avec qui les sans-papiers gagneront la lutte. Il n y a pas eu d'exclusion à Lille contrairement à ce qui est dit partout. (un extrait du texte issu de Lille est joint en annexe n°1 pour éclairer quiconque ne préfère pas s'en tenir aux obsessions caricaturales.) Mais, prenant certainement pour de la faiblesse la détermination des collectifs de préserver l'unité du mouvement, Madjiguène et Salah se sont répandus à leur retour de Lille en clameurs sur un "putsch" ou "coup d'Etat" dont ils auraient été victimes, espérant naïvement impressionner et effrayer le secrétariat. Mais le Secrétariat s'est appliqué à exécuter les décisions sur lesquelles il était mandatées. C'est ainsi que, conformément à la décision de l'Assemblée Générale de Lille, la Coordination Ile de France a été convoquée à Saint Denis pour installer dans le secrétariat Madjiguène Cissé et Salah Teiar ainsi qu'un poste réservé au 92 et un autre au 93 (voir annexe n°1). Mme Cissé, présente à la réunion, a répondu : "nous, nous ne travaillons pas avec n'importe qui !" . C'est tout dire !
Comme question récurrente, la composition et le fonctionnement du secrétariat était bien à l'ordre du jour à Lille. En général, dans l'ordre du jour d'une réunion, on prévoit de régler les questions ; on ne peut savoir que rarement, à l'avance, comment la question sera réglée; la moitié du temps qu'on passe aux réunions, on la passe à étudier comment on règle les problèmes. Mais au delà, à Lille, nous avons réglé les problèmes du fonctionnement démocratique interne et de la transparence. Depuis, et seulement depuis Lille, chaque réunion est ouverte par un rapport d'activités du secrétariat. Depuis Lille et seulement depuis, il y a un compte rendu financier à chaque réunion. Depuis Lille et seulement depuis Lille, la proportion de sans-papiers à l'assemblée générale dépasse régulièrement les 60%. Nous sommes tentés de dire que depuis Lille et seulement depuis, notre lutte, nos structures sont autonomes. Aucune décision ne se prend en réunion secrète ou en pré-réunion.
Il est également dit que le secrétariat actuel tronque en la réduisant, la plate forme de la lutte des sans-papiers en substituant le mot d'ordre de "régularisation de ceux qui en ont fait la demande" à celui de "régularisation de tous les sans-papiers". Qu'en est il ?

Il existe depuis l'arrivée de la gauche au pouvoir des collectifs de sans-papiers, des associations, syndicats et partis au sein desquels une opinion a développé ce mot d'ordre "régularisation des sans-papiers qui en ont fait la demande". Ce mot d'ordre s'est surtout développé pendant la courte période mais d'extrême importance qui a suivi l'arrivée au pouvoir de la "gauche plurielle". Cette période allant jusqu'à novembre 1997 a été marquée par un flottement de notre mouvement, la mise à profit par le gouvernement de sa période de grâce pour méthodiquement tisser sa toile étouffante alors que l'aile jeune et radicale dans le soutien avait disparu, disloquée par le sauve qui peut induit par la situation sociale, quand ne l'a pas emporté l'implication personnelle la plus urgente sur des fronts internes. Après avoir réagi sur la circulaire Chevénement dans le débat public et parlementaire, nous n'avons pas su donner une direction d'action politique correspondant à la situation. Les manifestations se sont limitées au marquage coup par coup du débat parlementaire. Alors même qu'il fallait à ce moment-là prévenir le débordement de la grande majorité de sans-papiers ne fréquentant pas les collectifs et mobiliser le soutien à la fois sur la confrontation entre les déclarations d'intention politique de la gauche et la logique administrative mise en place dans la pratique. Poursuivre les luttes menées déjà sous la droite notamment sur les centres de rétention et l'emprisonnement, donner une dynamique à notre plate forme par les initiatives décentralisées, les caravanes, etc... La directive de l'Assemblée Générale de resserrer le lien avec le mouvement social et démocratique par des rencontres d'échange n'a pas été correctement appliquée à ce moment. Grisés par les média qui couvraient le mouvement d'honneurs fades d'ancien combattant, nous nous sommes vautrés dans les redites, consacrés à la comptabilité ennuyeuse des préfectures : régularisations-rejets, grille préférée des plateaux radio-télé.
Alors arriva novembre. Devant le reniement assumé de ses engagements par le gouvernement, seule l'offensive pétitionnaire et de presse principalement animée par le soutien semblait prête. Le mouvement syndical et antiraciste traditionnel, devant notre léthargie, prit des initiatives limitées, certes, par rapport à notre plate forme, mais qui avaient le mérite d'exister. C'est alors que, en voulant à tous pour ses propres tares, le secrétariat voulut bouder la proposition d'une manifestation large le 22 novembre et a voulu engager tout le mouvement dans un isolement absurde par un boycott au nom de la "radicalité". En effet les associations syndicales et antiracistes proposaient à ce moment une initiative de manifestation "pour l'abrogation des lois Pasqua-Debré Méhaignerie et la régularisation des sans-papiers  Après avoir traité avec mépris une première invitation des associations, le secrétariat a rejoint la réunion alors que le débat sur la plate forme était déjà parti du strict minimum. Le secrétariat proposa à l'Assemblée de confirmer sa décision de ne pas se joindre à cet appel. Et c'est l'Assemblée Générale qui a désavoué le secrétariat qui était de toute évidence dépassé, groggy. Il a fallu que des batailles internes se mènent pour que l'Assemblée générale accepte de ne pas rendre public ce désaveu, ce qui aurait été grave de conséquences pour tout le mouvement. Et c'est dans ces circonstances que l'Assemblée générale a donné la directive double au secrétariat de ne pas décrocher du mouvement unitaire auquel il a refusé de participer sans mener la bataille de position et de faire une déclaration en propre reprenant nos mots d'ordre. N'est ce pas là une autre démarche pour préserver l'unité du mouvement, et son leadership ? Voilà les circonstances dans lesquelles les mêmes qui accusent sont en fait les premiers signataires pour la Coordination nationale (bien sšr sur mandat) de la dite plate-forme réductrice pour "la régularisation de ceux qui en ont fait la demande" ou, ce qui est équivalent pour nos détracteurs, "la régularisation des sans-papiers". Ce fut pour la manifestation du 22 novembre 1997.
Ce sont là des faits. Rien que des faits. Discutables ? En tout cas incontestables.
Ce climat trouble, l'investissement à fond dans la représentation négligeant le travail interne et les réactions négatives en rétorsion ou en réaction à l'arrogance gratuite, noieront les importantes initiatives prévues contre les centres de rétention. Le Secrétariat lui même nageait en pleine léthargie. Voilà la vérité. Elle ne peut être limitée au seul travail de freinage et de sabordage de la police. Se limiter là n'est pas de la paranoïa, c'est de la complaisance. L'infiltration policière est une donnée que nous avons contenue depuis le début de la lutte. Elle ne peut suffire à expliquer les échecs de cette période. Il n'a pas fallu beaucoup de temps à Saint Bernard pour identifier et isoler certains des flics jusqu'à ce qu'ils s'en aillent d'eux mêmes, neutralisés. Sans doute en est il de même dans d'autres collectifs et à d'autres niveaux de notre mouvement. Nous nous rappelons bien les manifestations où ceux là qui réclament aujourd'hui une place ici ou là dans le secrétariat de la Coordination Nationale déchiraient ses banderoles et lynchaient quiconque prononçait ce seul nom dans leur collectif. Certains soutiens ont dš partir de collectifs pour cette raison.
Le 9 mars 1998, les sans-papiers de l'Essonne rompent la léthargie en relançant le mouvement par l'occupation de la cathédrale d'Evry. Soutenus par le secrétariat qui était associé à l'action, ils furent sabotés par Salah qui, sachant qu'on avait besoin pour le lendemain du fichier presse, l'effaça de l'ordinateur et essaya de neutraliser le modem. L'opération réussit quand même. Les sans-papiers d'Evry furent critiqués sous le prétexte qu'une occupation négociée n'en est pas une. La réalité était que cette occupation lança la célèbre série d'occupation (Le Havre, Nanterre, Bobigny, Créteil, Argenteuil, Orléans, Clermont,....). Emprisonnés dans la critique subjectiviste, nos détracteurs voulurent démontrer par l'exemple leur désaccord avec la ligne définie à Lille et par la même occasion contourner le rôle central du secrétariat national dans la nouvelle dynamique.
C'est ainsi que, prenant en otage les sans-papiers du 6ème collectif, ils les conduisirent à l'aventure dont nous n'avons pas fini de vivre les conséquences en expulsions et emprisonnements. La dernière péripétie de leur manipulation fut la décision d'envoyer quelques sans-papiers du 6° Collectif occuper un local de la CGT Métallurgie sis rue JP Timbaud, dans les mêmes lieux où le Secrétariat national a son local mis à disposition par la CGT. Le Secrétariat s'est prononcé sur cette occupation (cf. annexe n°5). C'était d'autant plus son devoir de le faire que la suite des événements a largement confirmé le but de cette occupation : bloquer le fonctionnement de la Coordination Nationale, à défaut de pouvoir s'accaparer de ses structures élus. Les provocateurs firent de la discussion sur les prises de positions du Secrétariat un point de fixation lors de l'AG du 17 Janvier, au point de la faire dégénérer en pugilat. Et c'est moins d'une semaine plus tard qu'ils organisèrent leur attaque commando contre le local de la Coordination Nationale.
Il est important de rappeler ces éléments de contexte pour situer les choses. Nous ne souhaitons accabler personne, mais la préservation de la démocratie concerne également la relation à la vérité historique. Rien de tel que le rappel historique pour situer les esprits au lieu de les embrouiller dans des formules élastiques. C'est sous la signature de Madjiguène Cissé qu'au nom de notre mouvement une lettre a été adressée à Monsieur Jacques Chirac réclamant la régularisation des sans papiers qui sont dans les collectifs. Ceci n'est il pas encore plus réducteur que "ceux qui en ont fait la demande" ?
Dans une dépêche de l'AFP du 26 juin 1998 N° FR FRS0321 4 G 0468FRA/AFP-WD77 et AFP 261150, à l'occasion du deuxième anniversaire de l'occupation de l'église Saint Bernard, il est écrit "l'un des porte parole de la coordination nationale Madjiguène Cissé, estime par ailleurs malvenue la proposition de la LDH de création d'une commission de recours ...comment les sans-papiers pourraient-ils inventer de nouvelles preuves de leur insertion. La coordination nationale demande toujours la régularisation de tous ceux qui en ont fait la demande"
Est il exact oui ou non que l'occupation de la nonciature du Vatican a été médiatisée sous le mode de la personnalité nationale de Mme Cissé tout en se limitant à la revendication pour les 17 de Saint Bernard ? Personne ne niera l'absolue légitimité pour chaque collectif de se battre jusqu'au bout pour la régularisation de chacun de ses membres. Il est évident qu'aucun collectif à lui seul ne saurait, au mépris de ses membres et sous le prétexte de l'intérêt général, ignorer la situation locale, l'organisation des sans-papiers qui le constitue. Les collectifs doivent chacun comprendre cependant que l'avancée dans son propre département dépend du rapport de force politique global et à ce titre contribuer activement à la coordination nationale, à l'élaboration et l'exécution de ses mots d'ordre, aux débats qui peuvent le faire avancer à trouver la bonne déclinaison locale des mots d'ordre généraux. Et c'est le rôle de la coordination nationale, son Assemblée Générale et son secrétariat en particulier de porter, de défendre ses mots d'ordre généraux, de construire les moyens autonomes et de nouer les alliances lui permettant de relayer plus loin que ne le peut chaque collectif seul, l'avancée de toutes les situations locales à la fois, de rassembler et représenter les avancées locales en une seule vague profitant à tous et faisant avancer l'ensemble du mouvement.
Ce travail doit être effectué dans l'unité la plus large en relation permanente avec les collectifs de façon que les prises de position aient une répercussion partout. Tenter de marquer des camps en notre sein au risque de donner à notre mouvement un apparence minoritaire est irresponsable. Or combien de fois, le Secrétariat de la Coordination, présent à des manifestations dont il n'a même pas été officiellement informé, a-t-il été ignoré sinon traitée en intrus, parfois humilié.
Au mois de novembre 1997, voilà ce que n'a pas voulu comprendre le secrétariat refusant tout débat sur ses décisions jusqu'à ce que l'Assemblée Générale le rappelle à l'ordre. Alors qui, à l'Assemblée Générale ? Eh bien la majorité. On nous dit au mépris de la réalité attestée par les chiffres précédemment cités que c'est une majorité de soutiens. Quand bien même ç'aurait été le cas. Et alors ? Les collectifs qui côtoient quotidiennement les âpretés de la lutte, ses enjeux vitaux ne seraient ils pas bien placés pour distinguer parmi leurs membres sans-papiers et soutiens qui le mieux peut les défendre, faire part de leurs idées et propositions pour la bonne orientation de la lutte, ses décisions immédiates, son organisation et la marche à suivre ?
Voilà le prélude de la réunion de Lille en décembre 1997. Le Secrétariat hautain, traitait les collectifs avec mépris, régnait dans l'opacité, faisant de la gestion parcimonieuse de l'information et des honneurs, sa base de programme. Des délégués de collectifs membres du secrétariat se voyaient interdire de répondre au téléphone. Pendant ces deux années, à la rue Pajol, les clés du local et des ses voies d'accès n'étaient disponibles qu'à deux personnes sur cinq membres du secrétariat. L'un des actuels délégués de Saint Bernard et du "collectif de l'Ile de France", Nono, disait avec amertume : "Pajol, c'est juste à côté en métro mais quand je vais à la Coordination, c'est plus loin que Bamako". Il fut applaudi par l'Assemblée générale des sans-papiers et soutiens de Saint Bernard où peu de ceux qui se présentent aujourd'hui comme de la "coordination légitime" osaient seulement prononcer ce nom même par lapsus. Très peu pour ne pas dire deux ou trois.
En vérité, Mme Cissé est devenue très vite minoritaire à Saint Bernard. Cela est apparu publiquement lors de l'AG à la Bourse du Travail de République qui a suivi l'arrivée de la gauche au pouvoir. Le secrétariat d'alors (ou plutôt ce qui en restait, après que la majorité des membres du secrétariat qui exprimaient des désaccords aient été "nettoyés" les uns après les autres), opposé à la marche Paris-Angoulême des sans papiers de Saint-Bernard sous le puéril prétexte que c'est Ababacar Diop, autre porte-parole de Saint-Bernard à l'époque, qui en serait à l'initiative, s'est retrouvée seule devant toute la délégation de Saint-Bernard qui le dénonçait et exigeait Ö sa destitution  C'est cet isolement dans son propre collectif, qui explique en partie son acharnement obsessionnel à faire du local de la rue Pajol mis à disposition par la CFDT Cheminots en Lutte, un camp retranché, qui devenait de moins en moins accessible aux autres membres du Secrétariat (Salah mis à part), et aux collectifs. Après Lille, Mme Cissé a fait son "autocritique" à une AG de Saint Bernard pour les avoir "abandonné  au profit de la Coordination Nationale". Quelques personnes de Saint-Bernard, dont des individus notoirement connus à Saint Bernard même pour leur violence, se sont alors mis à revendiquer, avec Mme Cissé, les choses parfois les plus folles.
C'est ainsi qu' en février, mars, avril 98, un ballet insensé de fracture de porte se déroulera dans les locaux du secrétariat. Les clés, qui pendant deux ans ont existé en deux exemplaires, subitement devaient être réparties à raison d'une paire pour chaque collectif. La raison évoquée étant que les collectifs avaient besoin du matériel informatique. Deux ordinateurs, l'un mis à disposition par la CGT, l'autre par un généreux donateur du 13éme arrondissement de Paris étaient au local. Dès le retour de Lille , l'un disparut. On le cherche encore. Mais cet appareil disparu, il devint impossible au nouveau secrétariat d'accéder à quelque moment que ce fût au seul ordinateur présent. Une tension extrême était sciemment entretenue pour excéder les autres membres du secrétariat élus à Lille ; la provocation atteignait un niveau insupportable. Au delà des membres du secrétariat, les responsables de la CFDT Cheminots étaient verbalement agressés, traités de racistes...La rétention d'information devint un verrouillage à double clé. Malgré la légitimité dont il disposait, la seule issue qu'il restait au secrétariat pour préserver la sérénité était de quitter le lieu. Le projet de déménagement de la CFDT Cheminots nous poussait de toutes façons vers d'autres horizons (voir annexe n° 3)
Depuis décembre 97, les agressions sont devenues fréquentes. Souvent le fait d'une minorité au sein de la coordination nationale qui a perdu jusqu'à la capacité d'expliquer sa position, elles ont été parfois fait l'objet de répliques.
D'abord les interminables bagarres pour la clé du local de la Coordination Nationale rue Pajol. Suivirent les actes de sabotage, de contestation de légitimité du secrétariat puis de la coordination, ce, dans les cortèges de manifestation, en public. Dans le même temps, les réunions étaient bloquées réclamant à chaque fois la reprise des mêmes débats. Quand ce débat est organisé dans de conditions de sérénité minimale, les seuls absents sont précisément ceux qui en font à raison une condition pour l'unité (voir annexe n° 4 ). Sauf qu'ils oublient de faire un, nous disons bien un seul geste pour la faire, cette unité. Le mépris est allé jusqu'à l'ultimatum, l'invective "prophétisant" la fin de la coordination sans Madjiguène à sa tête.
Voilà le fond de la disposition d'esprit des violeurs qui ont agressé Aminata.
Dans un texte qui circule actuellement dans le cyber-espace et signé "collectif de l'Ile de France", on rappelle le ballet ridicule de la porte cassée de la rue Pajol. Des noms sont cités. Mais on oublie étrangement de citer celui qui s'improvisa ce jour là maître des opérations et qui ne se prive pas d'ailleurs de le rappeler : Bamba. C'est la même personne, dont les bouffonneries lors des AG ont souvent fait sourire, la vulgarité et la grossièreté, contre les femmes tout particulièrement, plusieurs fois dénoncées, aujourd'hui conciliateur dont nous ne doutons pas de la volonté, qui a usurpé les fichiers bancaires de la Coordination Nationale, profitant d'un mandat ponctuel de compétence qui lui a été donné à Lille. A la réunion d'Evry où ce fichier lui fut réclamé par l'Assemblée Générale après le secrétariat le remerciant pour son expertise, il déclara le conserver en lieu sûr en attendant l'intervention de la brigade financière de la Police. Sauf que depuis, nous ne savons de quelle étude mystérieuse ce fichier est l'objet.
Puisque nous en sommes aux personnages, nous savions que le dénommé Kandi "Mikhaël" Konaté était soutien des sans-papiers de Saint Bernard jusqu'au départ d'un certain Guy indicateur "grillé" à Amiens recyclé à la rue du Faubourg Poissonnière. De là, "Mikhaël", de soutien est subitement devenu sans-papiers. Sa spécialité changea. Plusieurs fois notamment au cours de manifestations de l' Šlysée, il se ruait sur les cordons de police sans aucune raison apparente. Aucune fois il n'a été inquiété. Il faut dire d'ailleurs que dans ce groupe, à l'exception de Mme Cissé, personne et c'est bien étrange, n'a jamais été inquiété par la police. Ou elle est particulièrement tolérante à leur endroit où il doit y avoir d'étranges coïncidences. Nous ne nous interrogeons pas sur les objectifs de ses provocations. Nous mettons en garde ceux qui jouent de ce genre d'énergumènes pour parvenir à leurs fins pensant pouvoir après usage se déconnecter des flics en notre sein. La plainte dont il est l'objet avec d'autres vandales de son acabit ira à son terme. Il faut que cela soit tenu pour dit ; ceux qui ont des responsabilités même indirectes dans ses agissements doivent l'assumer.
La marche d'Angoulême-Paris a été l'objet d'attaques, d'agressions, de tentatives de détournement depuis son départ jusqu'à Paris. (Deux membres du Sécrétariat) et Ababacar Diop avaient la responsabilité politique de la marche; (l'un d'eux ) s'est retrouvé mêlé à ces bagarres. Il a été sévèrement critiqué pour cela. Y compris en Assemblée Générale. Nous sommes victimes au quotidien de la violence du gouvernement (arrestations, emprisonnements, expulsions, refus de régularisation qui crée des difficultés sociale et un stress permanent,...). Nous ne pouvons admettre la violence comme mode de réglement des problèmes, quel qu'en soit l'auteur. En cela, nous sommes parfaitement d'accord avec les camades de Drôme-Ardéche, sur l'appréciation qu'ils font des graves événements survenus à la dernière AG du 17 janvier à Paris (voir leur courrier en annexe 7).
(.........................)
Salah Teiar, grand ami de la Section Carrément Anti Le Pen (SCALP), aime bien citer ce dernier, Le Pen, quand il s'adresse à certains soutiens du Val de Marne en des termes anti sémites tout en précisant : "mais ce n'est qu'un détail" ; et d'ajouter qu'il est bien conscient de ce qu'il dit là. Parlant d'un agent de la préfecture du Val de Marne, il a utilisé des propos similaires. Nous ne pouvons admettre ce type de propos quelque soit par ailleurs la position des personnes concernées.
Difficile alors, concédez-le de se retenir devant ce genre de personnages. Néanmoins, nous sommes intransigeants à l'égard de Momar d'autant que depuis plusieurs mois, sur mandat du secrétariat, il est apparu publiquement comme le représentant politique de notre mouvement. Momar a été critiqué ; il s'est amendé et engagé à ne plus céder à la provocation et à faire les efforts qu'il faut. Par contre, les personnes qui le menacent et le suivent doivent renoncer à leurs projets. Immédiatement.
Nous revenons sur l'occupation comme mode de lutte car, il s'agit là d'un autre point de divergence. L'occupation de lieux a acquis avec les sans-papiers de Saint Ambroise un statut culte pour nous, comme forme de lutte. Le lieu occupé est la tribune, à la fois, il est l'abri et le promontoire autour duquel nous réunissons nos forces et rassemblons le soutien en un cadre de cristallisation. Il ne s'agit pas seulement d'un lieu social de vie. Il s'agit plus d'un camp de regroupement, de ralliement et d'une position avancée. Il ne s'agit pas donc pour nous d'un acte d'occupation ; il s'agit d'une prise de position au sens propre. Choisir un lieu étudié comme convenable pour notre lutte, le prendre et de là attaquer. Quand nous pouvons le prendre en accord avec ses occupants ou propriétaires, c'est le plus facile à partir du moment où nous sommes clairs avec eux ou elles sur ce que nous voulons y faire : prendre un lieu pour lutter à partir de là. Il ne s'agit ni d'un acte de provocation, ni de hasard, ni de commodité. Alors nous traitons cette modalité de lutte avec respect. Or nous ne comprenons pas qu'au mois de mars 1997, trois églises ayant été occupées, on ne parle que de deux occupations. Comment et où donc Bruno D'Alberto, Secrétaire Général de la CFDT Cheminots, et Vincent, Secrétaire National ont ils été interpellés suscitant l'inquiétude et les réactions de toutes les sections du syndicat ? Personne ne revendique l'occupation du local d'une petite secte ultra-réactionnaire, qui affiche à son fronton une croix. Oubli ? Honte ? Dissimulation ? Qui sait ? Mais ce qui est sûr, c'est qu'à l'exception de Notre Dame de la Gare qui bien que préparé a mal tourné, et ensuite a été mal négocié pour le retrait, il y a eu vertige. Vertige et perte de sang froid mais surtout mauvaises qualités de dirigeants de ceux qui ont conduit la série qui a suivi et ou des gens se sont retrouvés dans des sectes faisant prendre des risques graves à des sans-papiers confiants et des responsables, à la seule vue d'une croix. Cette occupation au lieu d'être dissimulée doit faire l'objet d'un regard critique pour la suite. Sinon on ne comprend pas la logique qui a permis la relance de la lutte le 9 mars avec l'occupation de la Cathédrale d'Evry suivi de Nanterre, du Havre, Bobigny, Lille qui est en occupation depuis le début de la lutte, Clermont-Ferrand, Orléans, Créteil, les Batignoles, Argenteuil, mais aussi la rue du Faubourg Poissonnière.

NOUS DEVONS MAINTENANT CONCLURE

La situation actuelle est très difficile et le gouvernement utilise tous ses moyens pour faire disparaître notre lutte du mouvement politique à défaut de le rayer du champ social. Il faut s'atteler à protéger nos acquis ; à étendre notre champ d'alliances au lieu de le restreindre. L'audience gagnée par notre lutte grâce notamment à son extrême popularité conquise avec une haute contribution de Saint Bernard mais à laquelle tous les sans-papiers en lutte ont participé, doit être consolidée et non réduite. Nous devons pendant que la construction européenne prend des allures de plus en plus xénophobes, travailler dés à présent à monter les remparts pour endiguer la mise en place des quota flexibles prévus. En cela, il ne faut pas croire que le large réseau d'alliance que nous avons en France existe dans les autres pays d'Europe. On en est loin et le nivellement par le bas a commencé. C'est entre autres raisons pour cela qu'il est plus que jamais important de renforcer nos acquis en France et d'ici, faire face à l'extension du champ de la lutte. Il est important de dénoncer les formes et variations de "l'aide au retour", ces nouvelles versions du million de Stoléru. Si la formation est un droit légitime, elle n'a rien à voir avec le choix libre de vie qui est aussi un droit. Il est en outre crucial que la spoliation des pays pauvres, la lutte contre le travail clandestin ou non déclaré, le droit de fuir l'oppression et de trouver protection soient inscrites dans des traditions imprescriptibles en Europe comme ailleurs. Voilà quelques points d'objectifs à atteindre.
Notre autonomie est gagnée, gagnée et bien gardée. Notre autonomie n'est pas une proclamation, un refrain galvaudé. Notre autonomie, c'est la base de la relation dépouillée et saine que nous entretenons librement avec tous ceux qui, dans le mouvement social, parce que nos objectifs sont voisins et rencontrent leur propre plate-forme, sont solidaires de notre lutte. Elle ne se fonde pas sur des pleurnicheries sur notre sort de dernier des derniers. Elle se fonde sur la capacité que nous avons démontrée à se redresser et à réclamer avec pertinence et vigueur la dignité bafouée. Notre autonomie, c'est la base d'une relation de fraternité dans la lutte, de solidarité active dans l'action et l'épreuve. C'est cela le contenu concret de cette conquête précieuse. Manipulé comme l'ont dit aux premiers jours avec mépris Mgr Lustiger, Debré, Chevénement et quelques autres, notre mouvement aurait été rangé de longue date aux oubliettes de l'histoire. Notre autonomie c'est dans la solidarité, conserver notre spécificité, en apportant notre contribution aux luttes sociales qui, aujourd'hui sont un rempart dans le refus des diktats de la puissance d'argent. Ces enjeux immenses, sans les choisir, sont la conséquence de notre histoire, nous devons en être dignes. Cela suppose d'être sereins et forts, tolérant et unitaire mais ferme sur les principes. C'est la fierté de notre mouvement de représenter un moment dialectique de l'histoire des luttes de l'immigration. Nous devons être dignes de nos aînés en ayant conscience de poursuivre et d'avoir fait évoluer une oeuvre qu'ils ont commencée et que sans doute nous n' achèverons pas.
Pour cela, nous ne pouvons nous épargner d'assainir nos rangs, car notre route est longue. Voila pourquoi, les agresseurs de Aminata agressent bien au delà de cette dame respectable. En la piétinant, c'est cette lutte noble qu'ils ont voulu piétiner et c'est pourquoi nous les pourchasserons encore longtemps ; en même temps que nous poursuivons ces objectifs là. En voulant la violer, c'est l'honneur de notre lutte qu'ils ont voulu bafouer. Il n'y a pas plus que le viol pour confisquer l'autonomie. En tentant de violer Aminata, c'est la respectabilité de la lutte qu'elle incarne qu'ils ont voulu souiller. Les débusquer et les châtier fait partie des nécessités de notre lutte
Pour la régularisation de tous les sans-papiers.
Paris le 08 février 1999


ANNEXE 1

Extraits du compte-rendu interne de l'AG du 7 Décembre 1997 à Lille

Etaient présents à l'AG de Lille les Collectifs et Comités suivants avec voix délibérative : le 91, le 92, , le 93 (plus Montreuil), le 94, le 59, Saint Bernard, le 3° Collectif, le Collectif CGT, Tours, Strasbourg, le 88 : Saint-Dié, Drôme-Ardèche (Valence), Angoulême. (...)

L'ordre du jour de l'AG prévoyait :
1) Analyse de la situation, perspectives
2) Questions de fonctionnement
(...)

2) Election des membres du Secrétariat de la CNSP: vote des postes de responsabilité et des tâches pour les membres du Secrétariat : 6 pour, 0 contre, 3 abstentions, 1 refus de vote.
Composition du secrétariat:
1) chargée des relations extérieures : Aminata Diané
2) chargés des finances : Momar Diop et Mamadou Yéro
3) chargé du journal: un camarade du 93
4) chargé du juridique : Sékou Diabaté
5) chargé des de la commission actions, des manifestations et le suivi (contact) des collectifs de SP : un camarade de Saint Bernard
Chacun des responsables ainsi élu doit animer une commission de travail pour mener à bien la tâche qui lui a été confiée sur la base des décisions et de la ligne élaborée par l'AG de la CNSP.
Deux camarades, Madjiguène et Salah, n'ont pas jugé utile de prendre des responsabilités conformément à la demande formulée par l'AG. Il a été convenu que les camarades du secrétariat les rencontrent par la suite afin de leur attribuer des responsabilités et des tâches s'ils en sont d'accord. Le principe est que chaque membre du secrétariat est responsable d'un secteur de travail donné, quitte à ce que ce soit deux responsables, vu la lourdeur et l'ampleur de certaines responsabilités et tâches. Mais les secrétaires sont les référents pour chaque collectif et comité. Ils sont chacun responsable devant le secrétariat et devant l'AG de la CNSP. Ils ont mandat de l'AG et lui rendent compte. Le secrétariat national fonctionne sur la base de la collégialité.
(....)


ANNEXE 2

Extrait du Rapport Général issu de l'Assemblée Générale du 29 mars 1998 à Evry

L'Assemblée Générale de la Coordination Nationale des Sans Papiers en Lutte s'est tenue le 29 mars 1998 en présence (de 14 collectifs, dont 7 venus de province) (...)
(Entre autres points), l'Assemblée Générale attire l'attention sur l'urgence d'organiser une campagne d'explications en direction de l'opinion démocratique, de prendre des initiatives unitaires les plus larges possibles, pour contrer la politique du gouvernement, démonter devant l'opinion les mensonges qui sont véhiculés et qui consistent à faire croire que le problème des sans papiers est résolu. Cette orientation seule permettra de gagner la bataille de l'opinion pour la régularisation de tous les sans papiers.
Or, le constat s'est imposé que depuis plusieurs mois, 2 membres du Secrétariat Nationale (il s'agit de Mme Cissé et Salah Taeir), utilisant le couvert de la Coordination Nationale, agissent en opposition à cette orientation. C'est pourquoi l'Assemblée, dans un souci de clarté et d 'efficacité, a décidé de les démettre de leur fonction dans le Secrétariat National, et d'en informer nos partenaires du mouvement démocratique. Le vote sur cette question a recueilli 10 voix pour, 0 contre et 3 abstentions (....)


ANNEXE 3

Extrait du Communiqué du Secrétariat du 17 Avril 1997

Aux Sans-Papiers, au collectifs de sans-papiers et de soutien aux sans-papiers.

Camarades,
Ce 17 Avril, le Secrétariat de la Coordination Nationale a décidé de déménager du 22 rue Pajol. Ce déménagement fait suite à l'annonce faite par la CFDT Cheminots en Lutte de quitter ces lieux le 1er juillet 1998.
Nous remercions nos camarades de la CFDT Cheminots de leur solidarité militante avec la mise à notre disposition d'un local depuis bientôt deux ans.
Ce déménagement est aussi une réponse concrète à l'extrême confusion provocatrice créée par Madjiguène Cissé et Salah Teiar qui se sont par effraction fait un accès exclusif au local de la Coordination Nationale.

Le réunion d'Evry de la Coordination Nationale le 29 mars a décidé de démettre Madjiguène Cissé et Salah Teiar du Secrétariat par un vote de 10 pour, 0 contre, 3 abstentions. Depuis plusieurs mois, la Coordination Nationale des sans-papiers, son instance suprême, l'Assemblée Générale est piétinée, bafouée, sabotée par le non respect flagrant par Madjiguène et Salah de ses décisions et les campagnes de discrédit qu'ils organisent.
Malgré ces décisions démocratiquement prises après de multiples tentatives de conciliations méprisées, Madjiguène continue d'envoyer en son nom propre des fax et des coups de téléphone abusivement mis au compte des collectifs qui l'ont destituée. Cette situation est inacceptable et fait un très grand tort à notre lutte pour la régularisation de tous les sans papiers.
C'est pourquoi le Secrétariat a pris ses responsabilités pour mettre un terme à cette pratique antidémocratique d'obstruction au nom d'un mouvement dont l'essence est la lutte pour le respect des droits démocratiques.
Nous déclarons solennellement que Madjiguène Cissé ne peut en aucune circonstance agir au nom de la Coordination Nationale des sans papiers ni de son secrétariat.
(Ö)

Fait à paris, le 17 avril 1998 Le secrétariat National


ANNEXE 4

Compte-rendu de la réunion extraordinaire du 14 juin 1998 au Havre

Sur décision de la Coordination Nationale du 24 mai à Bobigny, l'ensemble des collectifs de sans-papiers a été convoqué en réunion en vue de clarifier les débats qui se murmurent depuis plusieurs mois déjà en notre sein. Il a semblé à l'Assemblée générale que cette réunion de débat était de plus en plus nécessaire, pour retrouver la sérénité qu'il faut au cours de nos assemblées Générales et y aborder les questions urgentes de fond.
Malgré la décision de la réunion du 24 mai de considérer que la réunion extraordinaire du 14 ne ferait pas l'objet d'une convocation et que son ordre du jour ni sa date ne pouvaient être modifiés, le secrétariat l'a rappelé par fax aux collectifs ainsi que dans le compte rendu de l'A.G..
Etaient présents: le collectif du Havre, le collectif d'Angoulême, le comité de soutien d'Angoulême, la Coordination des collectifs du 93, le collectif de Clermont-Ferrand, le collectif de Lille, le collectif de Strasbourg, le collectif de l'Essonne, le 3ème collectif parisien, le 6ème collectif, le collectif du Val d'Oise de l' ANADEF, à raison de trois délégués par collectif et le Secrétariat National.
L'absence des collectifs qui avaient le plus insisté sur l'urgence de cette réunion a été notée en particulier les collectifs du Val de Marne, Saint Bernard et le CEFY. La réunion a abordé la totalité de l'ordre du jour, adopté la présente résolution à l'adresse de l'assemblée générale et des collectifs. La situation au lendemain de la marche Angoulême-Paris et les circonstances de son arrivée s'est imposée comme point supplémentaire à examiner.
Après une genèse rapide de la coordination nationale, la discussion a été engagée sur les questions d'orientation de la lutte, du fonctionnement et en particulier le secrétariat national.
Il a été rappelé que la coordination nationale a été fondée pendant la grève de la faim de l'église Saint Bernard après des concertations à Lille entre un délégué du collectif Saint Bernard, deux soutiens de Saint Denis, trois soutiens des Hauts de Seine, un délégué du collectif de Lille. Dés les premières assemblées générales, une plate forme en 10 points auxquels seront ajoutés deux autres sera adoptée. Dans son évolution, quand est apparue la nécessité de constituer un secrétariat national, la question s'est posée de sa composition et là dessus, des divergences sont apparues entre trois positions. Une opinion apparaissait pour un secrétariat constitué de personnes "capables de s'adresser aux autorités", une autre pour un secrétariat constitué uniquement de sans-papiers, une autre pour un secrétariat "mixte" reflétant la réalité du mouvement et pouvant comprendre éventuellement des soutiens. La deuxième opinion l'emportera sans qu'il n'y ait eu de vote, sur une base consensuelle et une mise en pratique d'un mois d'une synthèse des deux autres positions. Ce premier secrétariat auquel Saint Bernard refusa de participer ne fonctionna pas n'ayant même pas pu se réunir.
Après l'évacuation de l'église Saint Bernard, la Coordination Nationale a joué un rôle majeur dans la lutte des sans-papiers. Elle a permis d'instaurer un rapport de force sur le plan national à travers les campagnes menées par caravanes, les interventions dans divers événements politiques syndicales autres, à travers les luttes dans diverses localités en encourageant la constitution de collectifs à travers toute la France et en se joignant aux autres luttes dans le mouvement social par une expression collective d'envergure de la lutte. Sans conteste elle a joué son rôle jusqu'à la chute de Debré. Depuis l'arrivée de la gauche au pouvoir, elle a connu des difficultés importantes. La rapidité du mouvement, les appréciations différentes sur les intentions du gouvernement autant en notre sein que du point de vue des associations et mouvements politiques qui nous sont proches, les manoeuvres d'organisations diverses pour influencer la lutte ont eu des conséquences sur notre unité. Le Secrétariat isolé et désarçonné par l'attitude hautaine et méprisante du gouvernement Jospin évitant tout contact s'est arrogé un rythme de travail qui l'a isolé du mouvement prenant des décisions importantes sans consultation et ne faisant que des comptes-rendus sommaires et du reste incomplets de son activité à laquelle tous ses membres étaient loin d'être associés(Les rencontres officieuses avec des membres du gouvernement ni la préfecture n'ont jamais été rapporté aux réunions ayant pouvoir de décision...). Les collectifs se sont retrouvés sur le risque de fonctionner sans pouvoir exprimer leur opinion et donc sans influence sur les décisions engageant le mouvement. Cela s'est particulièrement illustré au cours de la préparation de la manifestation du 22 novembre. Cette décision a été contestée et renversée à la réunion du ber Novembre. Il est clair que les collectifs ont une part importante de responsabilité dans cette situation soit parce qu'elles sont parfois restées distantes du Secrétariat soit parce que les délégués au secrétariat se sont souvent illustrés par leur absentéisme laissant l'exécution des décisions à trois personnes.
La question du fonctionnement du Secrétariat qui était déjà récurrente aux assemblées générales est systématiquement revenue depuis avec acuité. A la réunion de décembre, il a été décidé de renforcer le secrétariat et d'y affecter des postes précis aux membres pour résoudre les problèmes de fonctionnement par un procédé contrôlable, de lui don les moyens d'un fonctionnement collègial sur une base de mandats et la transparence à toutes les étapes de ses décisions. Cette décision démocratique n'a pas été acceptée par les anciens membres qui l'ont pris comme une exclusion alors même que bien que désavoués sur leurs méthodes, ils étaient confirmés à la condition qu'ils se proposent à un poste et y soient acceptés par l'assemblée. C'était là le seul moyen de réaffirmer et l'autorité et la souveraineté de l'Assemblée générale sur ses structures fonctionnelles dont le secrétariat. C'était le moyen d'échapper à une mainmise hors de contrôle sur l'ensemble de la lutte tout en réaffirmant que notre seul objet est la lutte pour la régularisation globale et les revendications qui lui sont connexes.
Les questions de clarification financière ont ajouté à la tension créée par les anciens membres du secrétariat: Madjiguène Cissé et Salah Teiar.
Depuis, toutes les réunions de l'Assemblée générale ont été introduites par un rapport d'activité comportant des demandes de mandat précis et des axes d'orientation et un rapport financier séparé. L'assemblée générale retrouve ainsi sa souveraineté. Il faut noter que depuis décembre le secrétariat est systématiquement contré dans son activité par Madjiguène Cissé, Salah Teiar et quelques personnes autour d'eux qui jouent d'intimidation, de provocation systématique, de tentatives de discrédit etc...(...).
Aujourd'hui, sauf de mauvaise foi, le Secrétariat National organe exécutif de la Coordination Nationale est clairement identifié à travers ses membres par la transparence et la clarté de ses prises de position.
Comme on peut le voir les divergences qui nous traversent n'ont pas pour enjeu l'autonomie mais le fonctionnement démocratique en notre sein et le refus de tout diktat.
Les occupations d'église à Paris, la répression brutale qui l'a suivi, l'irresponsabilité manifeste de ses organisateurs manquant de lucidité et de sang froid devant la volonté du gouvernement de briser notre mouvement par l'intimidation et la mise hors jeu de nos éléments les plus déterminés provenant des foyers de travailleurs a constitué, de fait un appât offert à la police pour casser la lutte. Il s'agit là d'un regard objectif et sans complaisance. Notre tactique n'a jamais été depuis le début de notre lutte de nous exposer pour juste provoquer au prix d'expulsions de nos camarades. Dés lors est apparue une conception opportuniste dans notre lutte qui prenait sa forme achevée

Sur la base de ce qui précède et à l'examen des éléments ressortis des diverses interventions, la réunion retient les conclusions suivantes soumises à l'Assemblée Générale.
Résolution générale

La réunion extraordinaire confirme les décisions antérieures de l'Assemblée Générale concernant le Secrétariat, ses attributions, son mandat et sa composition.
Rappelle que le Secrétariat reste ouvert comme de tradition à tous les collectifs et pour raison pratique aux collectifs d'Ile de France
Réitère les appels à l'unité sur la base des décisions majoritaires incontestables.
Encourage le débat interne et la confrontation des points de vue en notre sein dans le contour de la lutte pour les papiers à l'exclusion de toute autre préoccupation.
Invite les collectifs à veiller à participer à la vie de la Coordination Nationale en informant et en consultant régulièrement ses organes notamment le Secrétariat.
Autorise le Secrétariat à contrer efficacement et dans la sérénité toute tentative de le contrer dans l'exercice de ses prérogatives.
Autorise en particulier le Secrétariat à faire la plus grande publicité à sa composition et à l'exécution de ses mandats. A rendre publique les documents pour fonder les prises de position des soutiens.
Salue la marche Angoulême Paris, les sans-papiers et les soutiens qui y ont participé et condamne vivement les provocations et tentatives de sabotage qui ont marqué son départ et son arrivée.
Condamne le refus du gouvernement de recevoir les marcheurs et sa tentative de profiter de nos problèmes internes au détriment des sans-papiers.
Salue et soutient les occupations d'églises et autres lieux
Exige du gouvernement l'ouverture de négociations sérieuses et encourage le secrétariat à l'y obliger par tout moyen politique.
Remercie le Collectif du Havre pour les conditions de travail et d'accueil.
Fait au Havre le 14 juin 1998


ANNEXE 5

Communiqué du Secrétariat National du 11 Décembre 1998

Des Sans-Papiers qui occupaient jusqu'ici l'église Notre Dame de l'Espérance ont occupé l'Union des syndicats CGT de la Métallurgie, 94 rue Jean Pierre Timbaud, cet après-midi. Quelques uns parmi eux ont tenté de défoncer la porte du local du Secrétariat de la Coordination Nationale et ont agressé un de ses membres, alors qu'il accompagnait la secrétaire de la CGT pour discuter avec eux.

Mesurant la gravité d'un tel acte s'il aboutissait, au moment très délicat que traverse notre lutte, les deux membres du Secrétariat présents, Aminata et Romain, ont empêché les agresseurs de bloquer le fonctionnement des structures. Par appels téléphoniques, quelques collectifs ont été prévenus pour leur exposer le problème.

Nous admettons les difficultés sociales liées à notre lutte ; cependant, elles ne sauraient être utilisées comme une pièce de chantage devant peser dans notre camp. Nous devons plutôt les traiter, ces difficultés, par la solidarité pour les alléger et les utiliser comme arme dans notre lutte au lieu d'en lester nos soutiens.

Cette agression, de fait, sur notre lutte et sur les organisations qui la soutiennent aurait pour conséquence de nous neutraliser au moment où nous arrivons à isoler l'aile du gouvernement hostile à notre régularisation. En tout cas, tel en serait la conséquence majeur si nous avions laissé faire.

L'autre conséquence serait d'intimider et de décourager l'implication dans notre lutte, d'organisations démocratiques de travailleurs à qui il est impossible politiquement et idéologiquement de faire appel à tout autre moyen que la discussion pour traiter avec nous.

Nous invitons les collectif à se prononcer sur ces événements qui ne sont pas que des péripéties de désaccords tactiques mais qui ont de plus en plus l'aspect d'une infiltration visant à retenir notre lutte pour la régularisation de tous les Sans Papiers.

Une réunion extraordinaire de la CN est envisagée dans les plus brefs délais dont l'un des points de l'ordre du jour sera le traitement de cette question.


Le secrétariat National Paris, le 11 décembre 1998.


ANNEXE 6

Note d'information aux collectifs de sans-papiers


Une convocation à une réunion le Dimanche 03 Janvier 1998 signée d'un "Collectif Ile de France" vous est probablement parvenue.
Devant certains risques de confusions, le Secrétariat National a estimé nécessaire de faire à l'endroit de tous les collectifs les précisions suivantes:
1. La Coordination Nationale des Sans Papiers en lutte n'a aucun lien organique avec le dit "Collectif Ile de France". Aucune Assemblée Générale de notre Coordination n'a reconnu cette structure qui, il faut le dire, a été monté dans le but principal d'essayer de discréditer la Coordination National et le Secrétariat. Il existe une structure, qui réunit les collectifs de l'Ile de France (la Coordination Régionale Ile de France), qui se réunit régulièrement une fois par semaine.
Le Secrétariat National, qui exécute les mandats des AG, ne se rendra pas à une convocation d'une structure non reconnue par la Coordination Nationale.
2. L'ordre du jour qui figure dans la convocation du dit "Collectif Ile de France" ("situation de l'occupation au 94 rue JP Timbaud" et "Communiqué du Secrétariat National") montre les buts de cette réunion : attaquer le Secrétariat National et, à travers lui, l'ensemble de la Coordination Nationale. Le Secrétariat a pris clairement position : ceux qui ont organisé l'occupation d'un local de la CGT Métallurgie, qui abrite par ailleurs le local de la Coordination National, se trompent d'ennemi.
Ce qui ne nous empêche pas de continuer le dialogue et la discussion avec les occupants et les collectifs membres de la Coordination qui sont impliqués dans cette occupation pour trouver une issue conforme aux intérêts des sans-papiers.

Le 30 Décembre 1998 Le Secrétariat National


ANNEXE 7

Au lendemain de l'AG du 17 Janvier 1999, nous avons reçu ce courrier de nos camarades de Drôme Ardèche. Nous nous apprêtions à le diffuser dans les collectifs pour lancer le débat, quand sont survenues les graves incidents du 22 janvier au siège national.

Courrier du Comité de Soutien aux Sans-Papiers de Drôme-Ardéche
c/o ASTI BP 818 26008 - Valence cedex
Tél. / Fax : 04 75 56 03 67

Secrétariat de la Coordination Nationale des Sans Papiers

Valence, le 19 janvier 1999

Cher(e)s camarades,
J'ai bien reçu le fax concernant la mobilisation pour Sériné DIAWARA, et je l'ai, une fois de plus, faxé à tous les collectifs 04.
J'attendais une petite mise au point du secrétariat concernant la dernière réunion de la Coordination Nationale dimanche dernier à Paris.
Ce qui s'est passé est grave : échange de violences inadmissibles, ordre du jour comportant des questions très importantes pour les mobilisations à venir, non traité ... Les personnes mandatés par les collectifs de province auprès desquels nous insistons pour qu'ils participent à ces réunions nationales risquent d'être reparties écoeurés (une nuit entière de voyage en train pour la délégation de Perpignan et des heures et des heures de voyages pour les délégations de Nantes, Annecy, Valence, sans parler des frais...!).
Même s'il y avait chez certains l' intention manifeste de saborder, nous devions être d'autant plus vigilants pour ne pas céder aux provocations. Il se trouve malheureusement que la première provocation est bien venue d'un membre du secrétariat national. Ce geste incontrôlé que l'on peut comprendre par tout ce qui s'est passé auparavant, n'aurait jamais dû avoir lieu !
Les instigateurs de la division du mouvement n'ont pas tardé à utiliser cet acte de violence malheureux comme une provocation initiale qui aurait entraîné ensuite une juste riposte et ils se font passer pour des victimes.
En cela, j'estime que nous sommes tombés dans le piège de la provocation dimanche dernier.
Ces pratiques hors de mise dans une assemblée qui se prévaut des principes démocratiques discréditent gravement le mouvement des Sans Papiers qui, même s'il est ancré dans la lutte courageuse des "Saint-Bernard", n'est la propriété exclusive de personne et qui est à construire au jour le jour en s'appuyant sur toutes les luttes en cours et en recherchant le soutien le plus large.
Il est manifeste que e qui se joue actuellement à Paris dépasse les simples divergences sur l'analyse de la situation et les stratégies à adopter.
Il me parait très difficile pour les collectifs de province de se positionner par rapport à des conflits qui cachent bien d'autres préoccupations que les seuls enjeux de la lutte pour la régularisation de tous les Sans Papiers.
Nous attendons une prise de position du Secrétariat National sur toutes ces questions.
Définissons ensemble des objectifs communs pour faire avancer ensemble les revendications des Sans Papiers.
Toute autre préoccupation ne peut que faire le jeu du pouvoir.

En toute solidarité
Pour le collectif Drôme-Ardèche
Odile SCHWERTZ-FAVRAT