COLLECTIF DE SANS-PAPIERS D'ILE DE FRANCE
Maison des ensembles, 3/5 rue d'Aligre, 75012 Paris
Tél. 06 85 28 05 48 / 06 87 94 41 07 / 06 85 61 41 05
|
Dans un commuiqué signé "secretariat national" (http://bok.net/pajol/sanspap/coordination/co24-01-99.html) , en date du 24 janvier, des membres du collectif Ile-de-France des sans-papiers sont accusés de faits graves, fallacieux et diffamatoires. Dans un projet de pétition provenant de Montreuil, en date du 27 janvier et non signé, reprenant les mêmes accusations, il est demandé aux organisations de ne plus prêter assistance au collectif régional Ile-de-France, animé par Madjiguène Cissé.
Injuriés et calomniés par des gens qui cherchent à discréditer ceux parmi les sans-papiers qui continuent à organiser la résistance et qui refusent de se ranger dans le consensus avec le gouvernement de Lionel Jospin, nous tenons à réagir et à apporter des clarifications, tout en rappelant que ces événements rentrent dans le cadre des contradictions qui existent au sein de la lutte des sans-papiers, confrontés à la gestion de la nouvelle situation qu'entraînait le retour au pouvoir de la gauche.
En effet, les contradictions dans le mouvement des sans-papiers se sont ainsi exacerbées, car une partie des forces politiques, plus soucieuse de ménager le nouveau gouvernement de gauche plurielle que de porter les véritables revendications des sans-papiers (régularisationde tous les sans-papiers, y compris ceux n'ayant pas déposé une demande, par une carte de dix ans, abrogation de la loi Chevènement et de toutes les lois anti-immigrés, fermeture des centres de rétention, libération des sans-papiers emprisonnés, abolition de la double-peine, l'arrêt des expulsions et le retour des expulsés), ont cherché alors à contrôler la lutte des sans-papiers, surtout sa direction nationale.
Pour ce faire, il falait tout d'abord "neutraliser" ceux parmi les sans-papiers qui continuaient à défendre les revendications légitimes de tous leurs camarades, qui réaffirmaient leur volonté de préserver l'automnomie qu'ils avait conquise de haute lutte, déjà sous le gouvernement Juppé-Debré, et qui poursuivaient, sous le gouvernement de gauche, leur combat selon les mêmes modalités, étant persuadés que seul un rapport de force bien construit et une pression continue pouvaient leur donner des papiers.
Toutes les méthodes ont été expérimentées par ces organisations pour atteindre leurs objectifs:
- Il fallait d'abord dessaisir les sans-papiers de la direction de leur lutte en leur confisquant la parole et les remplacer par des gens plus conciliants, chargés de défendre au sein du mouvement la nouvelle ligne consensuelle voulue par certaines organisations (régularisation de ceux qui en ont fait la demande, sans pour autant demander l'abrogation de la loi Chevènement, dont on sait pourtant qu'elle rentre dans la même logique que celles qui l'ont précédée, et servira elle aussi à fabriquer des sans-papiers...). Il fallait vider les revendications des sans-papiers de leur contenu politique, inclus dans la revendication "des papiers pour tous", et les placer dans une position de quémandeur devant se satisfaire de quelques miettes que la république leur accorderait selon les humeurs du moment, un récépissé de trois mois ou une vignette d'un an collée sur nos passeports, et sans garantie de renouvellement.
Il fallait aussi reléguer les sans-papiers en lutte, dont la visibilité dérangeait, au second plan, pour permettre aux organisations "d'occuper" le terrain. La question d'un secrétariat mixte composé de sans-papiers et de "soutiens" revenait alors à l'ordre du jour. Il fallait surtout éviter que ça déborde, que ça soit trop offensif. C'est ce qui explique la répression féroce qui s'était abattue sur les sans-papiers qui avaient occupé les deux églises parisienne en mars 1998. Ces mêmes sans-papiers s'étaient vu traiter d'irresponsables et d'aventuriers, dans un communiqué daté du 21 mars 98 signé "secrétariat national", par ceux qui avaient usurpé la structure de direction de la lutte (secrétariat national), avec la bénédiction des organisations défendant la ligne de compromis avec le pouvoir. Tous les sans-papiers et collectifs qui tenaient à leur autonomie et à leur plate-forme, qui refusaient le consensus ont été boycottés et même combattus par ce "secrétariat national". Ainsi, le collectif de Saint-Bernard, le 6èmé collectif et plus récement le collectif régional Ile-de-France des sans-papiers...
- Tout a été entrepris pour empêcher les sans-papiers de continuer à s'organiser et à lutter. Après le putch commencé à la réunion de la coordination nationale de Lille le 7 décembre 1997, poursuivi à Evry le 29 mars 1998, des responsables sans-papiers, absents de cette réunion se sont vu exclure du secrétariat national des sans-papiers par une majorité de soutiens ! Un sans-papiers sera même "expulsé" de l'AG manu militari par des soutiens avant la réalisation du forfait. Le 6 février 1998, ces mêmes personnes, sont venues changer la serrure du local mis à la disposition des sans-ppiers par la CFDT-chenminots à la rue Pajol, pour emêcher que les sans-papiers n'y accèdent.
- Voyant que nous continuons à aller rue Pajol, un commando composé de Aminata Diané, Romain, Momar Diop, et Rolland Diagne, soutien des sans-papiers de Lille, est venu le 17 avril 98 à la rue Pajol, maîtriser Madjiguène Cissé qui y tenait seule la permanence ce jour-là et emporter le matériel de bureautique mis à la disposition des sans-papiers pour organiser leur lutte (cf. lettre de Salah et Madjiguène datée du 5 mai 1998, pour expliquer les faits:
http://bok.net/pajol/sanspap/coordination/madjiguene4.html).
- Furieux cependant de constater que les sans-papier refusaient de se plier et continuaient à se battre et à défendre leur plate-forme, ces délégués fantoches ont perdu la tête et ont commencé à user de la violence physique envers les sans-papiers. C'est ainsi qu'en plein rassemblement contre la loi Chevènement devant l'assemblée nationale, devant les CRS et les RG Salah Teiar, membre du secrétariat national des sans-papiers, s'est fait agresser par M. El Hadj Momar Diop. Une deuxième agression sur la même personne a eu lieu lors d'une rassemblement à la rue du Bac, à l'époque de la grève de la faim de Limeil-Brévannes, par le même Momar Diop. Lors d'un meeting à la bourse du travail, en pleine occupation de la Nonciature du Vatican, le même Diop a agressé Nelcy, une sans-papière proche du collectif de Saint-Bernard.
- A la dernière réunion de la coordination nationale du 17 janvier 1999, le même M. Diop a agressé Madjiguène Cissé devant toutes les personnes présentes ainsi que deux femmes membres du comité de soutien du collectif Ile-de-France des sans-papiers, dont l'une est âgée de plus de 60 ans.
- Que s'est-il passé le dimanche 17 janvier à la rue Jean-Pierre Timbaud ?
- El Hadj Momar Diop, Romain Binazon, exclu de son collectif, suite à l'agression d'une femme membre du collectif et qui, armé d'un couteau, menaçait les sans-papiers, lors de la marche Angoulême Paris 98, et Mamadou Yéro se tenaient en haut de l'escalier pour empêcher des soutiens du collectif Ile-de-France d'assister à la réunion en tant qu'observatrices, alors que tous les autres collectifs étaient accompagnés de leurs soutiens.
- L'une de nos soutiens s'est alors vu agresser par Momar et brutalement jeter dans les escaliers. A l'issue de la réunion, notre deuxième soutien à avoir été agressé ce jour, s'est vu, sans raison soulever et jeter sur une voiture qui stationnait devant le 94, rue Jean-Pierre Timbaud. Comment un tel personnage peut-il prétendre diriger la lutte des sans-papiers au niveau national ?
- Pourquoi cette sélection parmi les soutiens ?
- Le même jour, les mêmes personnes (Momar, Romain, Mamadou Yéro) se sont ruées sur M. Dia, représentant du collectif de sans-papiers de l'Essonne et l'ont rué de coups en pleine réunion alors qu'il était par terre. Le collectif Ile-de-France, vu la gravité des faits, a alors exigé la mise à pied et l'exclusion de la réunion des auteurs de toutes ces violences, en attendant qu'une réunion extraordinaire puisse prendre les mesures nécessaires pour enrayer cette montée de violence. Cependant les instigateurs de cet état de fait ont refusé de prendre leurs responsabilités en couvrant ces mercenaires.
- Ce même Momar Diop a de nouveau agressé Momo, du collectif du Val de Marne et un soutien du collectif Ile-de-France des sans-papiers, ce jour, jeudi 28 janvier, en plein tribunal, où nous étions allés pour soutenir les camarades de Diawara qui devaient passer devant la cour d'Appel.
- C'est la deuxième agression perpétrée par ce même individu en l'espace de quelques mois. Ceux qui le commanditent attendront-ils qu'il y ait mort d'homme pour réagir ?
- Venons-en maintenant au communiqué daté du 24 janvier signé secrétariat national :
- D'après ce communiqué, Aminata Diané aurait été sauvagement battue, piétinée, et aurait fait l'objet d'une tentative de viol, que ses vêtement auraient été déchirés, ses bijoux arrachés. Cette agression, toujours selon le communiqué aurait été perpétrée par une quinzaine d'individus, traités de vandales, accompagnés d'inconnus, venus voler le matériel de la coordination nationale, le vendredi 22 janvier. Cette 'bande" est aussi accusée d'avoir commis des faits similaires l'année derni!ère rue Pajol.
Que s'est-il passé le vendredi 22 janvier?
- Le 22 janvier, 8 membres du collectif Ile-de-France des sans-papiers, après concertation avec les autres membres du collectif, se sont présentés au 94, rue Jean-Pierre Timbaud, pour récupérer le matériel leur appartenant et qui avait été enlevé par le commando cité ci-dessus. Ils lui ont expliqué leurs intentions de récupérer le matériel, qui avait été mis à leur disposition, pour leur permettre de poursuivre leur lutte. Aminata, qui prétendait que le matériel lui appartenait personnellement, s'est alors agrippée à Michael, qu'elle ne voulait plus lâcher, lui déchirant même les habits. Ce dernier, ainsi que les autres camarades présents, comprenant qu'elle cherchait là la provocation, ont tout simplement évité de tomber de tomber dans le piège. Ils ont récupéré leur matériel et ont aussitôt quitté les lieux. Voilà ce qui s'est passé le vendredi 22 janvier.
- Les accusations mensongères contenues dans le communiqué précité appellent de nore part les questions suivantes :
Pourquoi accuser les camarades du collectif Ile-de-France des faits survenus 9 mois auparavant, rue Pajol, faits dont les accusateurs d'aujourd'hui sont les auteurs ?
Pourquoi traiter d'inconnus des sans-papiers parfaitement connus de tous ?
Pourquoi les accuser de vol, alors même que l'on sait que les vrais voleurs ne viennent jamais se présenter avant d'agir ?
Pourquoi vouloir coûte-que-coûte charger Salah Teiar en le citant dans le communiqué comme étant l'un des agresseurs, alors qu'il n'a jamais mis les pieds dans le dit local, le vendredi 22 janvier ?
Quel intérêt peuvent bien avoir ceux qui lâchement accusent les sans-papiers de tentative de viol, rien que pour les salir ?
Les délinquants, voleurs et autres violeurs ne viennent pas perdre leur temps dans le mouvement des sans-papiers!
Venons-en maintenant à la nouveauté du jour, le projet de pétition datée du 27 janvier et cité plus haut :
- Curieusement, l'accusation de tentative de viol disparaît dans ce communiqué, alors qu'à nos yeux, c'était le grief qui, s'il y avait vraiment eu tentative de viol, devrait être retenu en premier lieu par Aminata et ceux qui la protègent. Pourquoi laisser tomber un chef d'inculpation d'une telle gravité, alors même qu'on déclare à qui veut l'entendre, qu'on va engager des poursuites contre les auteurs de tels actes ? Aminata se serait-elle réveillée de son "amnésie" pour retirer certaines accusations ?
- Dans ce communiqué, la quizaine de sans-papiers se réduit à une dizaine. Il y a quand même une différence, aussi petite soit-elle.
- Le matériel qui était la propriété personnelle d'Aminata ne l'est subitement plus.
- Les accusations contenues dans les deux communiqués sont à la fois graves et malhonnêtes. Il y a une volonté délibérée de nuire, de discréditer, de détruire même physiquement et ceux parmi leur soutien qui refusent le compromis avec Jospin. Mais les déclarations contradictoires de ces gens traduisent leur panique face à un mouvement qu'ils aimeraient bien maîtriser, surtout en ces périodes de campagne électorale, sans y arriver complètement.
- Si nous en arrivons à cette situation, du reste regrettable, c'est parce que ces usurpateurs, manipulés par quelques 'soutiens" sénégalo-français, au service d'organisations françaises (Mamadou Diouck qui se fait passer pour un porte-parole de la coordination des sans-papiers, Hassan Samb et Roland Diagne) ont bloqué toute tentative de trouver une solution qui convienne aux sans-papiers, c'est-à-dire restituer le secrétatiat national aux sans-papiers afin de sauvegarder leur autonomie.
- Plusieurs propositions de réunions de réconciliation ont été sabotées par ce gens qui ont leurs papiers et qui sont probablement mus par d'autres intérêts. Une dernière réunion à laquelle le collectif Ile-de-France les a invités pour trouver une solution avant la réunion nationale du 17 janvier, a été sabordée par cette clique qui a envoyé un communiqué à tous les collectifs de la région parisienne pour les dissuader de venir à la réunion. Pourtant Nono Lontangé du collectif de Saint-Bernard avait eu leur accord oral.
- Nous ne répondrons même pas à l'accusation qui veut faire de nous des agents du minitère de l'intérieur. Il s'agit du voleur qui crie au voleur.
- Ceux qui font le jeu de Chevènement lui ont accordé un répit depuis qu'il est ministre de l'intérieur, en diluant la plate-forme des sans-papiers, pour la rendre plus digeste pour ce gouvernement, en procédant eux-mêmes au tri entre sans-papiers qui en ont fait la demande et ceux qui n'ont pas fait de demande, en semant la division au sein des sans-papiers, en les mettant les uns contre les autres, en couvrant des personnes capables de tuer. La méthode est vieille comme le monde. Ceux qui cherchent à diaboliser les sans-papiers, à donner une image de division, à faire passer ceux qui se battent pour des délinquants, ont des intérêts autres que ceux des sans-papiers. Discréditer les acteurs d'une lutte pour lui enlever toute crédibilité est une méthode bien connue. Nous ne tomberons pas dans ce piège.
- Nous prenons à témoin toutes les organisations, tous les collectifs de sans-papiers et mettons en garde contre toute escalade qui pourrait être poréjudiciable à notre lutte. Quand on en arrive à une telle dérive, il est de la responsabilité de chaque collectif de chaque organisation de se prononcer. Avant qu'il ne soit trop tard.
- Nous ne nous laisserons ni intimider, ni perturber, par cette campagne de déstabilisation.
Aussi margré toutes les tentatives de divisions, de récupération, nous continuerons la lutte que nous avons commencée voilà près de trois ans, pour la régularisation de tous les sans-papiers. Les embûches sur ce chemin ne feront que nous renforcer dans notre détermination et nous confortent dans l'idée que nous sommes sur la bonne voie. Nous continuerons à aller de l'avant et rien, ni personne ne pourra nous faire renoncer à nos objectifs.
Paris le 28 janvier 1999
Le collectif Ile-de-France des sans-papiers