Autoportrait de Ba Djiby
26 ans, mauritanien
[sans-papiers]


JE SUIS mauritanien et je suis venu en France en 1995, comme demandeur d'asile politique. Je vivais en Mauritanie à Kaëdi avec ma famille. Il y avait toujours des violences intercommunautaires et des ségrégations raciales entre les arabes mauritaniens et les Halpoular (Noirs). La vie devenait insupportable. Les événements de 1989 ne m'ont pas épargné car les maures surtout les Haratine ; menaient des opérations de massacres. Les forces de l'ordre elles menaient de tortures, de confiscations de biens, du bétail et de papiers administratifs. C'était l'occasion pour l'Etat mauritanien d'éliminer la force des Noirs. Ils ont tué mes parents, moi ils m'ont mis en cellule au commissariat. Après quelques jours de détention je me suis évadé avec la complicité d'un noir Soninké. Après je me suis enfui vers le fleuve Sénégal, dans les camps de réfugiés. Depuis ma vie a basculé, ne pouvant plus rester dans les camps de réfugiés, j'ai décidé de quitter le Sénégal, car j'avais le rêve de la France un pays de havre de paix. Arrivé en France j'ai fait ma demande de statut de réfugié politique mais cette dernière a été rejeté malgré tous les recours. J'espère que la circulaire du 24/06/1997 finira par régulariser ma situation. Pour le moment je suis toujours dans cette situation d'impasse des lois Pasqua-Debré. Comment apporter encore des preuves ? Avec tous les documents et journaux qui sont témoins (Revue de presse, Amnesty international, Ligue des droits de l'homme, Parlement européen...). Je crois que tous ces documents sont suffisants comme preuves. A ceux-ci s'ajoutent les reportages télévisés durant le Rallye Paris Dakar, sur l'esclavage et le non respect des droits de la personne par l'Etat mauritanien. C'est pourquoi moi je veux que l'administration essaye d'être plus humaine sur la situation des sans papiers: elle réduit notre situation à un dossier et ne s'intéresse pas à l'histoire qu'a vécu un homme. La France n'est-il pas le pays qui a déclaré les droits de l'homme ? badjibi