Coup de hache à la Bourse du Travail de Lille

[bok.net/pajol]


Mercredi 7 juin 2000, la bourse du travail a été investi par les forces de l'ordre. Objectif: déloger les 24 grévistes de la faim au 61ième jour de la grève. Le motif invoqué serait d'ordre sanitaire ! ! C'est encore une fois à la demande de la Mairie de Lille et de la Préfecture que les CRS ont effectué cette évacuation sanitaire musclée. Avec une violence extrême, les soutiens et sympathisants des sans papiers qui obstruaient pacifiquement les passages, ont été évacués manu militari. Les grévistes de la faim ont ensuite été dispersés dans différents hôpitaux de Lille, Roubaix et Tourcoing. Démarche plutôt singulière pour une gauche dite plurielle'! !

Evacuation sanitaire . de qui se moque t-on?

Au delà de la symbolique que constitue l'intervention des forces de l'ordre dans un lieu acquis de haute lutte par les travailleurs et sur laquelle toutes les organisations politiques et syndicales auront à se déterminer, cette opération s'inscrit dans une logique visant à porter un coup fatal à la lutte organisée des sans papiers. On se rappellera qu'ils ont été évacués pour le même motif et dans les mêmes conditions brutales de la MNE en 1997, du CHR en 1999, de l'IEP en avril dernier et aussi la semaine dernière de la bourse du travail. Ces méthodes répressives constituent la seule réponse apportée aux revendications légitimes des sans papiers. Initié par la droite à St Bernard, le coup de hache semble séduire la gauche dans sa pluralité. Ainsi, après avoir procédé à un fichage sans précédent des sans papiers en 1997 dans le cadre de la circulaire Chevènement, le gouvernement a failli à ses promesses de régularisation et cherche maintenant à casser toute dynamique visant à reposer cette question de manière collective. Les élections municipales prochaines y sont certainement pour quelque chose.

Pire encore, depuis quelques jours et sur ordre du procureur de la République de Lille, une enquête est ouverte basée sur le motif de "non assistance à personne en danger" et qui vise entre autres les responsables du CSP59.

"Non assistance à personne en danger" - qui est responsable ?

C'est bien la préfecture, par son refus de régulariser les situations administratives des Sans-Papiers et non ceux et celles qui les soutiennent pour faire aboutir leur revendication légitime. Après le délit de solidarité, aujourd'hui, c'est le délit de soutien et d'engagement, et demain...

Il est clair que derrière toutes ces formes graves d'intimidation, le préfet essaye de régler à sa façon la question des Sans-Papiers, via le procureur de la République, en utilisant des méthodes qui portent atteinte aux droits à l'engagement politique.

Si la préfecture s'inquiète de la santé des grévistes, alors qu'elle les régularise.

Si la mairie de Lille s'inquiète de la vétusté des locaux occupés, alors qu'elle mette à leur disposition un local "sanitairement" correct, comme elle l'avait promis en décembre dernier.

Nous dénonçons fermement ces pratiques dangereuses contraire aux principes de la République et exigeons l'arrêt de toutes ces formes d'intimidation.

Tout le mouvement démocratique, dans ses composantes syndicales, associatives, politiques, tous les citoyens, finançais et immigrés, attachés aux libertés démocratiques doivent réagir ouvertement et concrètement pour exiger:

Rejoignons le combat du C.S.P. 59 !

Signataires: Texture, Collectif Pour la Démocratie en Algérie, Collectif Afrique, Miémoire Vive, La Voie Démocratique

Manifestation Samedi 10 juin 2000 à 15 heures Place de la République Lille métro République.