Notre action s'inscrit dans la continuation de toutes les initiatives entreprises par les sans-papiers et ceux qui les soutiennent depuis le 18 mars 1996, pour attirer l'attention sur des situations humaines dramatiques et dénoncer les violations des droits des étrangers vivant en France qui les placent délibérément dans des zones de non-droit.

Nous ne pouvons pas ne pas rappeler les raisons qui nous poussent à émigrer, la violence qui nous est faite déjà dans nos pays d'origine, les conséquences désastreuses des politiques économiques ultralibérales, les résultats catastrophiques sur les économies de nos pays des plans d'ajustement structurel dictés par la finance internationale.

Au dela de notre revendication de la régularisation, ce sont ces questions de fond qui sont posées aux citoyens et aux gouvernements.

Victimes de l'arbitraire des préfectures chargées d'appliquer une politique basée sur la discrimination, vivant dans la crainte permanente de l'interpellation et de l'expulsion, exploités par des patrons qui profitent de notre situation, nous avons du développer des formes de lutte originales pour faire valoir nos revendications.

Notre action, un an après la publication de la circulaire Chevènement démontre que cette dernière n'a pas reglé les problèmes qui nous ont fait engager la lutte :

• Les cartes temporaires d'un an remises à une partie d'entre nous les maintiennent dans la précarité.

• Les déboutés de la circulaire Chevènement sont les victimes d'un choix politique répondant à la logique de fermeture des frontières, conforme aux accords de Schengen, et qui ne peut que produire sans cesse des milliers de boucs émissaires.

C'est le bon sens et les intérêts mêmes de la France qui commandent cette régularisation que nous demandaons.

Le gouvernement de Lionel Jospin ne peut continuer à rester sourd aux appels de ceux qui l'ont aidé à arriver au pouvoir.

Il ne peut continuer à rester sourd devant tous les signaux que lui envoient chaque jour les sans-papiers qui ne cherchent qu'à mener une vie normale en France.

Il ne peut continuer à fonctionner en vase close, alors que ses voisins, la Grèce, l'Italie pour la deuxième fois en moins de trois ans, procèdent à la régularisation massive des sans-papiers présents sur leur territoire.

Un premier geste de bonne volonté serait de régulariser les 17 de Saint-Bernard qui ont commencé la lutte il y a 29 mois, et contribué ainsi à l'éveil des consciences.

Nous, sans-papiers présents a la Nonciature, réitérons notre appel au premier ministre Lionel Jospin, pour qu'il reconsidère la situation et donne les instructions nécessaires aux ministères concernés, pour que s'engage enfin une vraie régularisation de tous les sans-papiers.

Nous lançons un appel à tous les sans-papiers, aux organisations françaises, à tous nos soutiens afin qu'ils renforcent tous la mobilisation.

Nous leur demandons de prendre d'ores et déjà toutes les dispositions utiles pour faire du deuxième anniversaire de l'évacuation de l'église Saint-Bernard le 23 août, un temps fort de la moblisation pour la régularisation de tous les sans-papiers.

Les sans-papiers
Nonciature apostolique
5 août 1998