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22 septembre 1996 : Lettre au président de l'Assemblée Nationale | [sans-papiers] |
Monsieur Philippe Seguin Président de l'Assemblée Nationale de la République Française Palais Bourbon. Paris le 22 septembre 1996
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objet : demande de rendez vous
Monsieur le Président,
Nous, les Sans Papiers de Saint Bernard, face au blocage engendré par l'attitude du ministre de l'Intérieur, sollicitons de votre Haute Autorité une entrevue pour pouvoir vous expliquer les différentes situations dramatiques que nous sommes en train de vivre en France.
Dans une société démocratique les positions ne doivent pas être figées. On doit pouvoir pouvoir dialoguer, discuter dans le respect mutuel de chaque camp. Vous savez que, dans cette histoire, le ministre de l'Intérieur s'est comporté comme un prince du moyen âge en érigeant l'arbitraire en droit.
Avant la hache de Saint Bernard, le Premier Ministre avait déclaré :
nous régulariserons les familles
nous ne séparerons pas une famille
nous n'éloignerons pas une personne malade
nous ne régulariserons pas de déboutés du droit d'asile
Après la hache, voila ce qu'il a fait :
toutes les familles n'ont pas été régularisées
plusieurs pères de famille ont été expulsés, laissant leurs enfants sur place
une personne malade a été expulsée sans passer par le
juge
plusieurs déboutés du droit d'asile ont été
régularisés
Ces faits et gestes dénotent un seul objectif : tromper l'opinion publique française et internationale.
Dans notre combat pour la liberté, pour le respect du droit fondamental des personnes à vivre dans la dignité, nous nous plaçons maintenant sur le terrain de l'équité. Car nous ne comprenons pas l'attitude du ministre à vouloir régulariser une partie de nos camarades alors que les autres sont dans des situations identiques.
Le parlement européen vient de voter une résolution proposée par plusieurs groupes, qui fustige la France, et plus particulièrement l'utilisation d'une hache pour défoncer la porte d'une institution reconnue comme indépendante.
Nous nous adressons à vous, Monsieur le Président, non pas pour condamner la France, mais, connaissant votre juste appréciation, pour vous demander de nous aider à trouver une issue au blocage initié par l'attitude irresponsable du ministre de l'Intérieur.
Ababacar Diop Délégué des Sans Papiers
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