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Date: Tue, 25 Feb 1997 16:18:34 +0100 (MET)
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Subject: [ZPAJOL] Clandestins, bienvenue a bord !

CLANDESTINS, BIENVENUE A BORD !
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Avant d'etre victimes des tracasseries policie`res et du racisme, les
immigre's - clandestins ou non - sont victimes du mythe e'conomique. Les
politiciens de tous bords, et beaucoup des opposants a` la loi Debre',
s'accordent sur l'existence d'un "vrai proble`me de l'immigration
clandestine". Cette concession faite, les bonnes âmes parlent solidarite',
accueil et tradition.

C'est ne rien comprendre au fonctionnement capitaliste qui inclut
de'libe're'ment une main-d'oeuvre immigre'e, re'gulie`re et clandestine, a`
la main-d'oeuvre nationale.

C'est s'incliner devant le mythe de "lois e'conomiques", suppose'es
participer d'un ordre naturel immuable. Or l'e'conomie n'est rien d'autre
qu'une vision du monde, celle du capitalisme. S'il existe bien des lois de
l'e'conomie c'est de la meme manie`re qu'il y a des re`gles au Monopoly ! A
quoi bon re'clamer pe'riodiquement leur re'vision a` un personnel politique
dont les privile`ges mate'riels et le narcissisme hie'rarchique exigent que
rien ne bouge ? La vie est courte et il existe des jeux plus passionnants !

Au fait, ces "clandestins" ne vous rappellent-ils rien ? Par de'finition
impossibles a` comptabiliser, mais que l'on suppose d'autant plus nombreux
et dissimule's qu'on ne les voit nulle part, ces gens venus d'ailleurs que
l'on accuse de ruiner le pays, ces repre'sentants de pre'tendues "races"
diffe'rentes, pour ne pas dire infe'rieures, que le ne'o-nazi Le Pen accuse
d'apporter l'e'pide'mie de sida et de "mettre en pe'ril notre substance
biologique"Š Vous y etes ! Ces clandestins ont les memes caracte'ristiques
que les Juifs dans le discours antise'mite. Non que la figure du Juif cesse
d'etre centrale dans l'imaginaire, les sous-entendus et la strate'gie d'un
Le Pen. Tout au contraire : l'immigre' clandestin, contre lequel on peut
porter des accusations - infonde'es, mais qui ne tombent pas sous le coup
des lois - en matie`re de sante' publique et d'e'conomie, est une
me'taphore du Juif. L'e'lectorat traditionnel d'extreme droite ne s'y
trompe pas ; les autres e'lecteurs du Front s'en accommodent sans e'tats
d'âme.

Si nous voulons enrayer la Vitr[i]olisation du pays, face a` un parti
qui joue habilement sur des ressorts psychologiques profonds (paranoïa,
angoisses et refoulement sexuels) le minimum est de proce'der a` une
critique des mythes dominants (races, e'conomie) sans aucune concession,
fût-elle de pure forme.
Commenc,ons par affirmer que le "proble`me de l'immigration clandestine"
n'existe nulle part ailleurs que dans les cauchemars du ministre de
l'inte'rieur et la propagande du Front national. Bienvenue aux clandestins
chinois, cre`vent le boucher Li Peng et ceux qui l'ont accueilli avec des
courbettes !

Aussi ne'cessaire et sympathique soit-elle, la protestation morale ne
suffit pas (encore moins lorsqu'elle prend la forme d'un de'file' en
majorite' silencieux, comme celui du 22 fe'vrier a` Paris, dont les
participants semblaient n'avoir rien a` se dire ni a` dire aux autres). Les
manifestations de de'cembre 95, et celles qui ont suivi St Bernard, en août
1996, avaient une autre couleur, que leur donnaient et la rage et l'espoir.

Ce n'est que dans un mouvement social s'affirmant internationaliste, et
renouant avec l'utopie concre`te d'un monde a` bâtir, sans e'conomie ni
frontie`res, que nous trouverons le plaisir, l'assurance, et la
de'termination ne'cessaire pour vivre ensemble.

Paris, le 25 fe'vrier 1997

Claude Guillon,
e'crivain

PROCES

Jean-Louis Debre', l'homme qui vous ferait croire a` la transmission
ge'ne'tique de l'intelligence, a de'clare' qu'il poursuivra
"syste'matiquement ceux qui se mettent a` critiquer la police". Ne'anmoins,
soucieux de de'noncer la police a` mes amis, je vous invite a` assister au
proce`s en appel qui m'oppose aux cognes de la Brigade anticriminalite' du
19e`me arrondissement de Paris.
Interpelle' lors de la ratonnade de Belleville, qui a suivi la
manifestation en faveur des sans-papiers du 28 août 1996, j'ai e'te'
frappe' a` la tete et au foie de manie`re assez "efficace" pour souffrir
d'une he'morragie interne. Accuse' d'avoir de'grade' des voitures (?!) et
agresse' des motards de la police (dont aucun, que l'on se rassure, n'a
e'te' blesse'), j'ai e'te' condamne' en premie`re instance a` 15 jours de
prison avec sursis et 1 franc de dommages et inte'rets, "peine d'innocent"
qui traduit l'embarras des magistrats.
Participer a` une manifestation e'quivaut-il de'sormais a` risquer sa
vie ? La police est-elle libre d'infliger des se'vices corporels, que la
justice se charge de couvrir par la suite ? Si ces questions vous
concernent, rendez-vous

Mardi 25 mars 1997, a` 13 h 30
11e`me Chambre des appels correctionnels
Palais de Justice, 4, boulevard du Palais, Paris Ier

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