Le Collectif de sans-papiers
MDE, 3-5 rue d'Aligre 75012 Paris
Tél : 01.46.28.26.44


18 septembre 1999 [http://bok.net/pajol]


Lettre au Premier ministre

NOUS, immigrés, regroupés dans le collectif des sans papiers au-delà des clivages des précédents collectifs des sans papiers, déclarons qu'à la suite de tous les combats que nous avons menés jusqu'ici pour faire reconnaître notre présence légale sur le sol français, nous ne reculerons pas. Nous déclarons être considerés à tort comme des illégaux. Nous avons des papiers d'identité et ne sommes pas illégalement sur le territoire français. Car la France n'a pas illégalement soutenu des gouvernements locaux désastreux pour nos économies et nos peuples, n'a pas illegalement une part de responsabilité dans les conflits dramatiques ou sont engagées nos patries respectives et dans leur appauvrissement. La France n'a pas illégalement utilisé nos pères dans les guerres mondiales, n'a pas illégalement refusé de verser les soldes de misères aux rescapés, n'hésitant pas même à leur faire tirer dessus, n'a pas illégalement fait venir une main d'oeuvre bon marché et non syndiquée lorsqu'il fallait reconstruire ce beau pays de liberté et des droits de l'homme. La France n'est jamais dans l'illegalité. Nous non plus.

Car, privés de papiers par jeu politique et droit régalien des préfets et des préfectures qui appliquent de manière restrictive et absurde les quelques bribes de droits que nous avons obtenus de haute lutte, nous ne sommes pas privés de nos facultés proprement humaines à défendre notre vie par tous moyens appropriés, forts de notre conviction d'être dans notre bon droit, de n'avoir pas d'autre choix, et affirmant que la France, responsable de notre venue ici, doit l'assumer.

Nous faisons connaître au gouvernement français que nous irons jusqu'au bout pour :

Un gouvernement responsable devrait mesurer le danger de mesures à court terme et de ne pas céder aux sirènes de l'extrême droite qui désigne abusivement les immigrés comme cause d'une crise mondiale, nous qui, somme toute, sommes en petit nombre sur le sol français. La grande majorité d'entre nous a un travail, une famille, des enfants ici, et nous soutenons par nos envois nos parents au pays, ce qui empêche une misère plus grande. L'absence de régularisation donne prise au travail illégal, à une exploitation accentuée, et maintient artificiellement des conditions de vie précaires, sources d'une instabilité sociale et obstacle à un développement cohérent. Ces zones de non-droit sont un danger non seulement pour nous, mais pour la société française. Notre lutte nous menera jusqu'à la résolution de ces problemes. Nous ne baisserons pas les bras. Nous sommes tous ensemble et nous vaincrons.

Demain, dimanche 19 septembre à 15 heures, le collectif des sans-papiers vous invite à voir le film "Mémoire d'immigrés" suivi d'un débat à la Maison des ensembles, 5, rue d'aligre . Il profite de l'occasion pour vous signaler qu'une a.g. aura lieu tous les jours à 19 heures, à la m.d.e. à partir de lundi.