Historique
Juillet 1997
- Jeudi 31 juillet 1997
Patrick Weil remet son rapport préparatoire pour la future loi sur les étrangers. Parmi les propositions sympas :
- creuser l'inégalité entre pauvres et riches, en facilitant l'entrée en France des travailleurs qualifiés, et en fermant la porte aux travailleurs non qualifiés.
- renforcer l'injustice envers les étrangers, en favorisant les expulsions des délinquants qui ne sont pas français.
- Vendredi 25 juillet 1997
Les vendredi de la coordination nationale. Manifestation devant la Préfecture de Police, Ile de la Cité à Paris, de 13h à 14h. Une cinquantaine de personnes parmi lesquelles Madjiguène, Gaoussou, etc. se sont retrouvées, et ont défilé en rond en tenant des pancartes noires.
13h, à Paris au Palais de justice, à la Cité, procès des deux soutiens Frédéric et Sylvain, suite aux incidents de la mairie du 18ème. Le procès est renvoyé devant la 14e chambre correctionnelle, le 4 novembre prochain.
- Mercredi 23 juillet 1997
De 15h à 16h, devant la préfecture des Hauts-de-Seine à Nanterre, une bonne centaine de sans-papiers et de soutiens ont organisé un 'picketing', à l'appel du Collectif des sans-papiers du 92, avec l'aide d'Act-Up. La manifestation tournante, comme celle de vendredi dernier devant la préfecture de Paris, dénoncait l'hypocrisie de la circulaire, exigeait des papiers pour tous, un moratoire sur les expulsions, etc. Elle préparait l'entrevue qu'aura demain le Collectif 92 avec la préfecture. (où seront discutées les modalités d'application de la circulaire de 'réexamen').
- Mardi 22 juillet 1997
Prison ferme pour Touré, le « cuisinier du 32 ». 13h, à Paris (métro Cité), devant la 24eme chambre correctionnelle au Palais de justice, en présence d'une centaine de sans-papiers et de soutiens. Il a été condamné à 6 mois de prison, dont 2 fermes et 4 avec sursis, avec maintien en détention. En revanche il n'y a pas eu d'interdiction du territoire. Il avait été arrêté lors des incidents de la mairie du 18ème le 28 juin dernier. Un moustachu merdeux des RG, Pierre Galeazzi, qui l'avait fait arrêter, est venu témoigner : dans la mairie, il prétend avoir vu Touré jeter un fauteuil sur les gendarmes, et il a ensuite formellement reconnu Touré dans la rue lorqu'il a demandé son interpellation aux gendarmes. Touré nie les faits. Le procureur a présenté Touré comme un « meneur », qui a dégradé le matériel d'une « si belle mairie » !... Dominique Noguères son avocate, a fait observer que Touré a été arrêté sans la moindre résistance, et que quelqu'un qui se tenait si tranquillement dans la rue ne devait pas avoir des choses bien graves à se reprocher... Il a été accusé de violence à agent (jet d'un fauteuil sur les gendarmes) et de séjour illégal. Il a été déclaré coupable des deux chefs d'accusation. En fait, Touré ne devrait pas rester plus de quinze jours en prison, compte tenu de la remise de peine. Il n'y aura pas d'inscription au casier judiciaire.
- Lundi 21 juillet 1997
13h, au tribunal de Bobigny, procès de Dabo Mady, qui a refusé une fois l'embarquement et a demandé du temps pour sa défense. Comme Cissé Issa, il est à la prison de Fleuris.
- Du 21 au 30 juillet 1997
Festival d'Avignon. À 22h (sauf le 22 et le 26), au Temple St-Martial (2, r Henri Fabre), soirées africaines en percussion par les sans-papiers de Saint-Bernard, organisé par la Cimade (renseignements au cinéma Utopia, tél.: 04 90 82 65 36).
- Dimanche 20 juillet 1997
Université d'été des sans-papiers à Avignon. 12h, table africaine dans les jardins du CELA (Centre d'études linguistiques d'Avignon). Participation : 50F.
13h30. Bourse des valeurs au CELA : liberté, égalité, fraternité. Discussion à bâtons rompus autour des devises des pays africains et de la France (CELA, 16 r Ste-Catherine, impasse J.-P. Gras, rens. : 04 10 86 04 33).
- Samedi 19 juillet 1997
Université d'été des sans-papiers à Avignon. 10h, procession des sans-papiers à travers la ville, départ au Temple St-Martial.
11h30. Conférence menée par les sans-papiers en présence de metteurs en scène engagés, dans le Verger urbain, sous l'égide du festival.
13h30. Animation musicale avec djembé endiablés au bistrot d'Utopia (renseignements au cinéma Utopia, tél.: 04 90 82 65 36).
- Vendredi 18 juillet 1997
Les vendredi de la coordination nationale. Manifestation d'une centaine de sans-papiers et soutiens devant la Préfecture de Police, Ile de la Cité à Paris, de 13h à 14h.
Une grève de la faim vient de commencer dans les centres de rétention de Roissy et de Nanterre, contre les conditions inhumaines, pour la régularisation de tous et de toutes. On demande de soutenir les grèvistes en leur téléphonant : 01 41 37 04 62 (Nanterre), 01 49 47 02 48 , 49 47 02 43, 49 47 02 46, 49 47 02 47 (Roissy).
13h, à Bobigny (17eme chambre), procès de Cissé Issa, qui a refusé 5 fois (!) l'embarquement, et qui est donc passé 5 fois en
retention. Il a demandé du temps pour préparer sa défense.
Sur France-Inter, Debré fait la promo de son livre En mon for intérieur dans l'émission Questions par A+B. Il y a quelque chose d'obcène dans la manière dont la vieille droite, qui truande le fisc et détourne les marchés publics, se retranche derrière la loi pour enlever leurs papiers aux immigrés :
- « ...En ce domaine-là [régularisation des sans-papiers], les socialistes font preuve d'un idéologisme absurde et dépassé. »
- « ...Qu'est-ce que c'est que les sans-papiers ? Ce sont des hommes et des femmes qui sont venus en France en violation des lois de la République, et qui s'y maintiennent en violation de ces lois, ou en contradiction avec les jugements. »
- « ...Aujourd'hui nous avons affaire à une immigration d'ayant-droit, d'hommes et de femmes qui ne cherchent pas à s'intégrer, mais à profiter du système social. Et par conséquent [...], il n'y a pas de possibilité d'intégration. »
- « ...Or les étrangers qui sont en situation irrégulière montrent clairement qu'ils ne veulent pas respecter, ou qu'ils ne sont pas à même de respecter, nos traditions et nos lois. »
- « ...Il est normal que [le Président de la République] dise, dans le domaine de la lutte contre l'immigration irrégulière, ce que fait le gouvernement n'est pas bien, parce que c'est un appel d'air à l'égard des pays où il y a des étrangers, euh... des nationaux qui veulent venir chez nous. »
- « ...Nous avons été critiqués sur l'immigration, et tout le monde reconnaît aujourd'hui que la position du grouvernement, en dehors des idéologues, était la bonne position. »
- Mardi 15 juillet 1997
A Avignon, vers 15h, Ababacar a été arrêté dans la rue de la République. Il faisait la promotion du spectacle des sans-papiers, déguisé en homme-sandwich, en interpellant les passants pour leur demander leurs papiers. Les forces de l'ordre ont considéré que cela « constituait une atteinte à l'image de la police ». Après un contrôle musclé, Ababacar a passé une heure au poste, avant d'être relâché.
Manifestation à Aniane (près de Montpellier) devant le centre de rétention judiciaire pour demander sa fermeture, avec environ une trentaine de personnes (contact : Marianne Roger, maroger@pobox.com).
- Lundi 14 juillet 1997
Chirac mise son avenir politique sur la xénophobie. Intervention télévisée du 14 juillet 1997 (d'après Le Figaro du 15 juillet) contre la régularisation des sans-papiers :
« Donner des papiers à tous les sans-papiers, cela consiste à légitimer l'immigration clandestine et à donner un fort signal positif pour l'immigration aux pays qui ont des populations qui voudraient venir pour bien des raisons. [...] Cela a pour conséquences, indépendamment des cas que l'on règle, d'indiquer aux étrangers que, si l'on vient en France, on s'en sortira. C'est un encouragement à venir. Or, la situation à la fois de l'emploi, la situation sociale, ne permet pas à notre pays d'avoir une immigration de cette nature. Dans les réactions négatives de beaucoup de Français et qui alimentent cette xénophobie et ce racisme, qui me fait horreur, il y a ce laxisme à l'égard des entrées d'étrangers. De plus, tous les étrangers qui sont régulièrement en France et qui sont un très grand nombre, sont terrorisés à l'idée que l'on puisse comme cela avoir une immigration clandestine, parce qu'ils savent très bien que cela provoque des problèmes de rejet de la part de la population, rejet dont ils font les frais les premiers. Donc, il ne faut pas, dans cette affaire, laisser parler uniquement son coeur. Il faut également réfléchir et voir quel est l'intérêt de la nation et notamment le respect des valeurs qui sont les nôtres. Nous ne devons rien faire qui encourage la xénophobie, le racisme, l'extrémisme de toute nature. [...] Les lois Pasqua-Debré sont de bonnes lois, le gouvernement fera ce qu'il voudra naturellement et je porterai un jugement le cas échéant. »
- Du 10 au 19 juillet 1997
Festival d'Avignon. À 16h, au Temple St-Martial (2, r Henri Fabre), spectacle de sketches composé par les sans-papiers, organisé par la Cimade (renseignements au cinéma Utopia, tél.: 04 90 82 65 36). Les tableaux de Pascal Lièvre sont exposés également dans le temple Saint-Martial. Dans La Provence du 12 juillet 1997, Nedjma van Egmond consacre un long article au spectacle des sans-papiers.
- Jeudi 10 juillet 1997
Plusieurs associations rédigent une Lettre ouverte au Premier Ministre à propos de la future loi sur l'immigration et de son élaboration, parmi lesquelles Act Up-Paris, Droits devant!, CEDETIM, FASTI, GISTI, SM.
A Arcueil (94), le Mrap a organisé avec les membres du collectif de parrainage local, une permanence qui a permis de remplir 35 fiches de demande de régularisation (documents dont la formulation et la remise ont été négociées entre le collectif des sans-papiers du Val de Marne et la préfecture).
- Samedi 5 juillet 1997
14h, place de la Nation à Paris, grande manifestation nationale des sans-papiers, de Nation à République, à l'appel entre autres de la coordination nationale des collectifs de sans-papiers. La manifestation a rassemblé environ 2.000 personnes.
Documenta X à Kassel. Pendant 3 heures, la manifestation de Paris a été retransmise en direct à la Documenta de Kassel, par liaison téléphonique (bruits de foule, interview de manifestants). À Kassel, les sons transmis par le téléphone étaient diffusés sur haut-parleurs dans la salle de l'Hybrid WorkSpace, plongée dans l'obscurité, et dans laquelle des archives vidéo du mouvement des sans-papiers étaient projetées sur les murs. Des centaines de personnes ont assisté à cette retransmission.
De 22h à l'aube, à l'Espace Austerlitz, la "Nuit des sans-papiers" (contact : Pascal Joube, pjoube@worldnet.net). Concert géant avec Mory
Kante, Check Tidiane, Lokua Kanza etc..., et des projections vidéo d'Internet sur grand écran, avec liaison CU-SeeMe en direct de Kassel.
- Jeudi 3 juillet 1997
La Commission nationale consultative des droits de l'homme adopte un avis qui inverse complètement l'esprit de la législation sur les étrangers : c'est la possibilité de circuler librement qui est un droit, et les restrictions qu'on lui porte qui ne sont tolérables que si elles ont une finalité légitime. L'avis rappelle les trois principes fondamentaux qui doivent fonder la loi :
- le droit d'aller et venir
- le droit de mener une vie familiale normale
- le droit de rechercher des moyens convenables d'existence