15 août 1996 | [qui est concerné ?] |
Deux femmes, Marie et Elisabeth, se rencontrent. Toutes deux attendent un enfant. Marie la plus jeune vient aider sa cousine.
Il n'y a là, rien d'extraordinaire.
Et pourtant dans les premières paroles et le salut qu'elles échangent, il se passe quelque chose d'extraordinaire. Car il y a là, plus que la rencontre de ces deux futures mères.
Il y a la rencontre de Dieu et de l'Humanité, rencontre mystérieuse et pleine de promesse.
Et c'est pourquoi, le chant de Marie va évoquer la vie d'une foule de gens. Marie dit sa joie, à cause de ce que Dieu choisit les petits, les humbles, les affamés de justice et d'amour.
Elle rend grâce parce qu'il renverse les puissants de ce monde et dépouille ceux que la vie a comblé d'honneurs, d'argent ou de pouvoir.
Ainsi, Dieu ne vient pas à côté de l'existence des hommes. Lorsqu'il vient, il abat les murs qui divisent. Avec sa venue, une autre vie commence.
Et si Marie exulte ainsi de joie, c'est qu'elle-même est l'un de ces petits, de ces humbles que Dieu a choisi pour être sa mère.
Mais en chantant l'oeuvre de Dieu, Marie décrit aussi, par avance, l'histoire de Jésus. En effet c'est par lui, le Messie, que les orgueilleux, les puissants et les riches sont mis en question.
C'est Jésus qui accueille et donne la première place aux anonymes, aux malades, aux infirmes et aux pécheurs publics, rejetés ou méprisés par les bien-pensants de son époque, par ceux qui établissent les réglements et font la morale au Peuple, sans la suivre eux-mêmes.
Marie annonce aussi, que l'Humanité va entrer dans une histoire nouvelle. En effet, le message de Jésus qui s'adresse à tous ne va cesser de proclamer la véritable abolition des privilèges et d'appeler à la conversion des mentalités.
Désormais le plus grand dans le Royaume de Dieu, c'est celui ou celle qui se fait serviteur de ses frères, les plus petits parmi les hommes. Et celui qui veut entrer dans ce Royaume, doit se faire semblable à l'un de ces petits.
Véritable révolution, que celle que Jésus met en marche.
Elle ne se réalisera pas dans les armes et le sang, sauf dans celui des martyrs. Elle se fait d'abord, jour après jour, dans le coeur des hommes et des femmes et dans leur vie de chaque jour, même si à certaines époques, cela doit se traduire dans le changement des institutions et des lois qui régissent les rapports des hommes et des Peuples entre eux.
Regardons encore Marie. Tout a changé, pour elle, ce jour-là.
Et pourtant, le lendemain, elle fera les mêmes gestes. Elle ira chercher l'eau, elle fera tourner le moulin, elle allumera le feu. Elle rendra service à sa cousine, aux voisines. Mais les gestes de cette jeune femme seront bénis de Dieu, car en les accomplissant, elle fait la volonté de Dieu.
Quand à la suite de Marie nous chantons le Magnificat, nous sommes mis en demeure de changer nos façons de voir, de juger et d'agir.
Nous sommes appelés aussi à prendre notre place, parmi les pauvres à qui est donné le Royaume de Dieu.
Le chant de Marie nous invite, non pas à une revanche, mais à un renversement de l'échelle des valeurs. Il nous invite à choisir le camp des pauvres, car c'est sur eux que Dieu a jeté les yeux.
C'est un appel pressant à rendre concrète la justice de Dieu, pour ceux qui sont victimes de l'injustice.
Alors, si vous donnez votre pain à celui qui a faim,
si vous dénoncez l'injustice qui est faite aux justes,
si vous offrez votre voix à ceux qui sont sans voix,
si vous rétablissez dans le droit ceux qui sont mis hors la loi,
vous êtes les héritiers de la promesse faite à Abraham et à tous ses descendants dans la foi.
Alors on pourra dire de vous : Dieu s'est penché sur ceux qui le servent, et d'âge en âge, il les proclame, bienheureux pour toujours.