[qui est concerné ?] |
Intervention du 14 juillet 1996 [sur l'émigration]: |
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P. Poivre d'Arvor : [Croyez-vous que les « charters » représentent un] ... juste milieu entre l'humanité et l'effectivité ?
Jacques Chirac : Vous savez... Je ne crois pas que ce soit... Le problème de l'émigration, me semble-t-il, ne se pose pas exactement comme ça. D'abord, naturellement, je suis aussi sensible que quiconque quand je vois, quand je voyais, quand j'étais maire de Paris, des familles complètement en désarrois, parce qu'elles étaient en réalité clandestines, et que..., elles n'avaient aucun droit, ou qu'elles étaient dehors.
A. Duhamel : Et puis qui avaient des enfants qui étaient nés en France...
Jacques Chirac : Avec des gosses nés en France..., pour certaines. Bien... J'y suis aussi sensible. Je n'ai pas un coeur de pierre ! Euh... je comprends ces problèmes humains
P. Poivre d'Arvor : Oui...
Jacques Chirac : C'est évident ! Je veux dire, qu'on soit de droite ou de gauche, c'est é-vi-dent ! Et, euh..., il faut aujourd'hui donner un signal fort. Vous savez, l'émigration clandestine, euh..., il faut naturellement mettre en oeuvre tous les moyens qui existent, et éventuellement les moyens complémentaires nécessaires, pour l'empêcher. Mais au-delà de ces moyens techniques qui consistent à empêcher les gens de s'installer clandestinement dans notre pays, il y a, euh, un signal politique à donner à l'extérieur. Ce sont des communautés où les choses se savent rapidement. Si on se dit, un peu partout, « en France on peut venir, on a peu de chance d'être sanctionné », tout le monde vient. Si on se dit, « attention, la France est un pays qui se surveille », euh, alors on dissuade énormément. Il faut donc donner un signal politique FORT pour que les..., ceux qui seraient susceptibles de venir comme émigrants clandestins sachent que les émigrés clandestins n'ont plus leur chance en France. Ça c'est capital. Ça suppose deux autres contre..., deux contreparties. La première, naturellement, c'est la mise en oeuvre de toutes les procédures nécessaires à l'intégration dans notre pays conformément à sa tradition des émigrés légaux. Et deuxièmement, et c'est ce pourquoi je me bas, y compris à l'étranger, quand je vais au G7 de Lyon ou ailleurs, pour le maintien de l'aide au développement, de l'aide internationale au développement et pour lutter contre la tentation au désengagement de certains pays, notamment anglo-saxons dans ce domaine. Parce que si nous ne voulons pas avoir d'émigrés clandestins, il faut évidemment faire les efforts de solidarité internationale nécessaires pour que ces gens, déracinés..., qui ne souhaitent pas l'être..., puissent trouver, chez eux, grâce à un développement suffisant, euh..., la possibilité de vivre et de travailler. Donc la politique d'aide au développement est le complément indispensable à la politique de fermeté à l'égard de l'émigration clandestine.
LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE | Paris, le 29 juillet 1996 |
Monsieur l'Ambassadeur,
Vous m'avez demandé audience, au nom du collège des Médiateurs pour les Africains de la Rue Pajol.
Les contraintes de mon emploi du temps ne me permettent malheureusement pas de vous recevoir.
J'ai pris bonne note de votre "Adresse au Gouvernement pour un renouvellement complet de la politique à l'égard des étrangers". Je ne doute pas que ce document contribue à la réflexion en cours sur la politique en matière d'immigration.
Je vous prie d'agréer, Monsieur l'Ambassadeur, l'expression de mes sentiments les meilleurs.
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